"Il y a des tubes qui collent à certains artistes. Il y a des silhouettes reconnaissables au premier coup d’œil. Il y a des voix inoubliables et reconnaissables à la première mesure. Daniel Darc chantant Cherchez le garçon en s’appuyant, penché sur un micro qu’il ne lâchait quasi jamais convoque toutes ces images. Voilà 12 ans qu’il nous a quittés, 6 ans que nous avons voté un vœu de notre groupe pour que la Ville lui rende hommage. C’est donc avec émotion que j’ai accueilli cette délibération pour que soit apposée une plaque commémorative en son honneur au 1, rue Charles Delescluze à Paris. Daniel, c’est cette voix si singulière au timbre spécial, cet artiste incontournable de notre scène pop rock à la beauté fulgurante, ce poète de la nuit... Daniel Darc, de son vrai nom Daniel Rozoum, a marqué l’histoire musicale française par son charisme, sa sensibilité et son écriture à fleur de peau. Il fut le chanteur et l’âme du groupe Taxi Girl, emblématique de la scène new wave des années 1980. Mais au-delà de cette première reconnaissance, Daniel Darc a poursuivi une carrière en solo marquée par une sincérité brute, une poésie sombre et une quête perpétuelle de rédemption à travers la musique. Ses textes, souvent introspectifs, ont su toucher des générations, témoignant d’une vie marquée par les excès, mais aussi par une soif de liberté et d’absolu. Sa carrière solo fut ponctuée de rencontres et de collaborations avec des artistes comme Jacno dès 1987 avec l’album Sous influence, et en 1988 Bill Pritchard parceque , et un tres beau titre, la Ville en duo avec Étienne Daho. En 1994 sort Nijinsky, l’un des albums les plus bouleversants de Daniel Darc. Enregistré avec les musiciens ses amies et complices George Betzounis et Ria De Spell, c’est un disque sombre, fragile, hanté de poésie et de fantômes. Échec commercial à sa sortie, il est resté dans l’ombre. Et pourtant, pour moi, c’est son meilleur album. À ma connaissance, il n’a jamais été réédité… mais si quelqu’un m’entend, j’espère qu’un jour il le sera. Il le mérite et son public aussi. Tout dans Njinski préfigure la suite : C’est là que se dessine enfin sa voix propre, à travers des compositions épurées et poignantes, portées par des mots simples et justes, qui deviendront sa signature. Mais il faudra encore 10ans de Traversée du désert, et sa rencontre avec Frédéric Lo pour connaitre le succès commercial. En 2004, avec l’album Crève-cœur qu’ils réalisent ensemble se vend à 60 000 exemplaires. Cette même année, il obtient enfin une Victoire de la Musique, consacrant son retour sous le feu des projecteurs. Ce succès relance sa carrière, et il enchaîne avec deux albums, Amours suprêmes et La taille de mon âme, avant de nous quitter en 2013. Daniel Darc est devenu un mythe. Depuis, de nombreux livres, , et documentaires comme Pieces of My Life de Thierry Villeneuve et Marc Dufaud, qui retrace sa vie intime, ont contribué à alimenter sa légende. Un disque hommage est paru pour les dix ans de sa mort en 2023, Frédéric Lo a réuni une douzaine d’artistes – d’Étienne Daho à Peter Doherty, d’Elli Medeiros à Benjamin Biolay – pour reprendre son répertoire. Paris n’était pas seulement un décor pour Daniel Darc, c’était son terrain de jeu, son refuge, sa source d’inspiration, mais aussi un piège permanent, un lieu de perdition. Il arpentait ses rues comme un poète maudit, trouvant dans la ville lumière des échos à ses tourments et à ses espoirs. Ses chansons racontent Paris, ses nuits, ses marges, ses éclats de beauté et de douleur. C’est donc ici, dans cette ville qu’il a tant aimée, que nous devons honorer sa mémoire et rappeler que son œuvre continue d’inspirer, de nous inspirer. Rendre hommage à Daniel Darc, c’est reconnaître qu’au-delà du succès et des projecteurs, certains artistes laissent une empreinte indélébile dans notre culture et notre imaginaire collectif. Aujourd’hui, en apposant cette plaque, nous affirmons que Daniel Darc fait partie de l’histoire musicale et culturelle de Paris. Il était un artiste libre, sincère et écorché, dont la musique continue de résonner et de toucher celles et ceux qui, comme lui, cherchent un sens à travers l’art. Merci."
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