Il nous faut dénoncer avec la plus grande fermeté cette injustice d’une gravité extrême : la détention arbitraire des derniers otages français en Iran, Mme Cécile Kohler et M. Jacques Paris. Ce couple d’enseignants est retenu à la prison d’Evin, à Téhéran, depuis le 7 mai 2022, accusé sans fondement d’espionnage lors d’un simple voyage touristique. Le 7 mai dernier, leur portrait a été affiché sur les grilles de l’Assemblée nationale.
Rien ne saurait justifier leur incarcération. Leur détention viole ouvertement leurs droits fondamentaux et menace leur vie chaque jour davantage. Aucune information claire n’a jamais été communiquée sur les conditions de leur libération. L’Iran, fragilisé par des contestations internes croissantes et par un isolement diplomatique grandissant, instrumentalise la vie d’innocents pour défendre son régime théocratique islamique.
Je rends ici une nouvelle fois hommage à Mahsa Amini, citoyenne d’honneur de notre ville, torturée et tuée en septembre 2022 pour une simple mèche de cheveux dévoilée. Son sort tragique illustre à lui seul la violence du système en place.
La détention de Cécile Kohler et Jacques Paris ne constitue pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une stratégie bien rodée de l’État iranien, qualifiée par plusieurs ONG et institutions internationales de « prise d’otages d’État ». Depuis plusieurs années, l’Iran arrête arbitrairement des ressortissants étrangers – souvent binationaux – sous des accusations fallacieuses d’espionnage ou d’atteinte à la sécurité nationale.
L’objectif est politique : obtenir des concessions diplomatiques ou des échanges de prisonniers. Parmi les victimes de cette politique cynique, on compte la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, le chercheur français Roland Marchal, ou encore l’Autrichien Kamran Ghaderi, détenu plus de sept ans. Ce procédé brutal, qui transforme des innocents en monnaies d’échange, bafoue le droit international et met en danger tous les voyageurs européens.
Les conditions dans lesquelles sont retenus Mme Kohler et M. Paris sont inhumaines : isolement quasi total, absence d’avocats indépendants, coupure de tout contact avec l’ambassade française. Ils survivent enfermés dans une cellule de 9 mètres carrés, sans fenêtre, sous des néons allumés en permanence, dormant à même le sol. Les autorités diplomatiques françaises elles-mêmes qualifient ces conditions de "torture" au regard du droit international – torture physique, mais surtout psychologique.
L’enquête est achevée depuis des mois, mais aucune date de procès fiable ne leur a été communiquée. Ce qu’ils reçoivent, ce sont des échéances fantômes, toujours repoussées, ou des avertissements glaçants de la part de leurs geôliers. Ce flou judiciaire, entretenu avec cynisme, ne fait qu’ajouter à la violence de leur détention.
Face à cette situation intolérable, les soutiens se multiplient. Le Parlement européen a adopté deux résolutions exigeant leur libération, les 23 janvier et 3 avril 2025. Du côté français, quelques lignes bougent bien que trop lentement. Le 23 mai dernier, l’Etat a déposé une plainte devant la Cour internationale de justice (CIJ) « pour violation du droit à la protection consulaire » à laquelle ils ont pourtant tous deux droits. La proposition de Jean-Noël Barrot, ministre des affaires étrangères, de créer un statut spécifique pour faciliter leur réintégration une fois revenus chez eux est positive. Néanmoins, la France, n’est toujours pas à la hauteur. Car ce dont ils ont besoin, c’est de l’immédiat, du concret.
La force qui les fait tenir puise dans l’amour de leurs familles, dans la solidarité de leurs amis, et dans les mobilisations organisées en France. Cette année, une quarantaine de rassemblements de solidarité ont eu lieu à travers le pays, y compris devant l’ambassade d’Iran à Paris. Indignation, cauchemar… Quels mots la langue française nous offre-t-elle de plus forts pour traduire la douleur des familles, l’injustice ressentie, l’angoisse quotidienne ?
Nous réaffirmons ici notre attachement inébranlable aux droits humains et à la justice. Cette citoyenneté d’honneur, proposée par la Ville de Paris, se veut une contribution forte à la lutte pour leur libération. Cécile Kohler et Jacques Paris ne sont pas oubliés. Nous sommes à leurs côtés. Et nous le resterons — jusqu’à ce qu’ils recouvrent enfin leur liberté.