Le groupe communiste est heureux d’aborder cette délibération visant à attribuer une subvention de 25.000€ à Cuba Coopération France, une association qui travaille avec de nombreuses institutions et collectivités depuis 30 ans.
Nous le savons tous - et cette délibération le rappelle très bien - lors du dernier trimestre 2024, Cuba a été frappée par plusieurs catastrophes naturelles, deux ouragans à deux semaines d’intervalle et deux séismes tout de suite après. Les effets de ces catastrophes sont bien évidemment amplifiés par un blocus criminel qui dure depuis désormais 63 ans et a été intensifié par les lois Toricelli de 1992 et Helms-Burton de 1996. Ce blocus, injustifié et injustifiable est celui que leur impose les Etats-Unis au mépris du droit international. Ce blocus a encore été renforcé par Donald Trump le jour-même de son investiture.
Il aggrave et crée les pénuries alimentaires et celles de matériels indispensables à la vie quotidienne. Il a également favorisé la panne généralisée d’électricité dans l’ensemble du pays. La centrale thermique Antonio Guïteras ne peut être correctement maintenue ni même réparée faute de capacité pour Cuba de se fournir en pièces de rechange ou de coopérer durablement avec d’autres pays.
Les effets concrets du blocus c’est un peuple plongé dans le noir, c’est le peuple cubain privé de capacités de stocker durablement la nourriture et c’est un système médical pourtant exemplaire tant du point de vue de la prévention que de la recherche, entravé dans son développement.
Dans ce contexte, cette subvention à Cuba Coopération France - qui fait suite au vœu du groupe communiste de novembre 2024 – est vraiment la bienvenue puisqu’elle permettra d’acheminer un peu plus de 6 tonnes de lait en poudre produites dans des laiteries françaises à destination des nourrissons cubains permettant ainsi d’agir en faveur de la sécurité alimentaire de la population.
Cette aide fait l’honneur de la Ville de Paris dans sa vocation de solidarité internationale. Cependant, ce type d’aide est nécessaire pour gérer l’urgence, ne saurait se substituer à une coopération durable avec Cuba. Car, comme le disait Thomas Sankara à propos de l’aide alimentaire, elle ne permet pas de se développer mais au contraire maintient un pays dans une forme d’assistance. C’est pourquoi l’aide ne doit s’inscrire que dans un caractère d’urgence comme c’est le cas aujourd’hui.
Cuba a vocation à être une île souveraine et à produire aujourd’hui elle-même ce qu’elle consommera demain.
Dès lors chers collègues, le groupe communiste vous propose d’explorer toutes les voies pour coopérer avec le peuple cubain durablement et ainsi faire justice face à cette injustice qui dure depuis 63 ans et qui frappe une population qui à plus de 80% est née après l’instauration du blocus. Cette coopération peut voir le jour dans de nombreux domaines où la Ville et différentes entités publiques ont développé un savoir-faire précieux.
En matière d’alimentation nous pouvons coopérer pour développer des projets agricoles pour que demain l’acheminement d’aliments ne soit plus nécessaire. C’est un sujet prioritaire pour Cuba qui importe actuellement 95% de ses besoins.
En matière de transition énergétique, Cuba doit nécessairement verdir son électricité qui aujourd’hui n’est issue de sources renouvelables qu’à hauteur de 5%. Là encore il existe des pistes pour que la Ville s’inscrive dans une coopération visant à développer des parcs de panneaux photovoltaïques par exemple. En ce qui concerne les centrales électriques, de nombreuses infrastructures ont été développées par des entreprises françaises comme la centrale de Matanzas à laquelle Alstom a largement contribué. Mais cette coopération s’est bien évidemment arrêtée lors du rachat d’Alstom par l’entreprise américaine Général Electrics.
Il existe aussi des pistes en matière d’assainissement - nous appelons d’ailleurs le SIAAP et son président M. François-Marie Didier à renouer avec sa longue tradition de coopération avec Cuba. Au travers de subventions ou d’investissements. Nous pensons également que nos directions, comme celle de la propreté et de l’eau pourraient fournir assistance technique et matérielle.
Plus largement, je crois qu’il existe une possibilité de coopération médicale en France. C’est un sujet qui monte chez des élus et habitants comme à Guingamp où à Alès qui souhaitent accueillir des médecins cubains pour faire face à la désertification médicale.
Les chantiers sont nombreux et nous espérons que cette aide d’urgence n’est qu’une première pierre en vue d’une coopération durable avec Cuba et son peuple. Je vous remercie.