Depuis 20 mois, nous assistons à l’écrasement d’un peuple. Une famine délibérément provoquée. Des hôpitaux détruits. Des enfants tués par milliers. Gaza est devenue un cimetière à ciel ouvert. Et pendant longtemps, le monde a regardé ailleurs. Pendant des mois, les voix dénonçant la tragédie à Gaza ont été marginalisées, disqualifiées, voire réduites au silence.
Aujourd’hui, la vérité est devenue impossible à ignorer. Désormais la parole se libère et artistes, intellectuels, responsables religieux, politiques de tous horizons se lèvent — pour rappeler que sans avenir pour le peuple palestinien, il n’y en aura aucun pour le peuple israélien.
Des voix s’élèvent, y compris au sein d’Israël : plus de 15 000 anciens soldats israéliens ont signé une lettre ouverte appelant leur propre gouvernement à cesser cette guerre, qu’ils qualifient eux-mêmes de génocidaire. Ils dénoncent une stratégie d’anéantissement, une entreprise de haine. Et ils le font au nom de la dignité humaine.
Même là-bas, la vérité ne peut plus être étouffée.
Ici aussi, les lignes bougent. Hier, nous recevions Lula, le président du Brésil — un grand président d’un grand pays qui a reconnu l’État de Palestine dès 2010. Pendant son séjour en France, il a exhorté nos dirigeants à faire preuve d’humanité, à reconnaître la Palestine, et à tout faire pour arrêter ce génocide. Emmanuel Macron a déclaré il y a quelques jours vouloir reconnaître un État palestinien. Le fera-t-il ?
Malheureusement, tout porte à croire que, sous les pressions, il est en train de céder et d’abandonner.
J’ajoute que nous venons d’apprendre que le Parquet national antiterroriste vient d’ouvrir une enquête pour complicité de génocide (oui, complicité de génocide !!!) contre des franco-israéliens qui, à Gaza, ont contribué au blocage de l’aide humanitaire.
Alors que certains pays européens ont commencé à prendre des mesures concrètes, nous voulons que la France ne reste pas en retrait et agisse véritablement : Comme Le Royaume-Uni l’a fait en suspendant les négociations d’un accord de libre-échange avec Israël et imposé des sanctions contre plusieurs colons extrémistes, Comme Les Pays-Bas qui ont mis fin aux livraisons d’armes à Israël. Ou comme La Belgique, qui dès le début de la guerre, a décrété un embargo sur les ventes d’armes. Et enfin, l’Union européenne a ouvert une procédure de révision de son accord d’association avec Israël. Mais pendant ce temps, Israël participe au salon du Bourget. Des accords continuent d’être signés. Comme si de rien n’était. Comme si la vie palestinienne ne valait rien.
Heureusement, les artistes prennent la parole.
Au dernier Festival de Cannes, plus de 400 cinéastes, réalisateurs, comédiens, producteurs et professionnels du monde entier ont signé une tribune dénonçant la tentative d’extermination d’un peuple, le silence complice et les assassinats ciblés de journalistes. Cette tribune a été lue sur les marches. Elle a été saluée, applaudie, relayée partout. C’est cela aussi, le réveil des consciences.
Ce qui se déroule sous nos yeux n’est pas un “conflit”. C’est une destruction programmée. L’armée israélienne tue. Et elle affame. En avril, le ministre israélien de la Défense avouait : bloquer l’aide humanitaire est une stratégie militaire. En mai, des diplomates ont été visés par des frappes. Et selon l’UNICEF, 54 000 Palestiniennes et Palestiniens ont été tués, dont 16 000 enfants. The Lancet affirme que ces chiffres sont largement sous-estimés.
Alors aujourd’hui, nous vous soumettons deux vœux clairs, urgents, fondamentaux.
Le premier : que Paris se tienne aux côtés des civils gazaouis. Qu’elle leur attribue la citoyenneté d’honneur, qu’elle éteigne la Tour Eiffel en hommage à leur martyre. Qu’elle soutienne la création d’un État palestinien, demande l’arrêt des livraisons d’armes, et soutienne sans réserve la Cour pénale internationale, qui a lancé des mandats d’arrêt contre Netanyahou et Gallant.
Le deuxième vœu est un hommage à une figure : Fatima Hassouna, photojournaliste palestinienne de 25 ans. Elle a été tuée le 16 avril, chez elle, avec dix membres de sa famille. La veille, elle avait appris que le documentaire dont elle est l’héroïne, "Put your soul on your hand and walk", était sélectionné à Cannes. Elle n’aura jamais pu sortir de Gaza. Mais elle aura montré au monde son enfer quotidien, appareil photo à la main. C’est pour cela qu’elle a été ciblée. Comme plus de 200 journalistes tués depuis octobre. Parce qu’informer est devenu un crime. Alors oui, Paris doit lui rendre hommage officiellement. Dire son nom. Protéger ses semblables. Défendre la liberté d’informer et de résister.
Je conclurai avec ces mots de l’historien Vincent Lemire : « Nos personnes et nos egos n’ont aucune importance au regard de ce qui est en cause aujourd’hui : un crime contre l’humanité, contre notre commune humanité. Concentrons donc toute notre énergie à rassembler, le plus largement possible, pour agir. » Ce devoir d’action, c’est le nôtre, ici et maintenant. Je demande un scrutin public pour le vœu 110.