Dénommer un équipement municipal ce n’est pas dénommer une voirie. Ce n’est pas neutre.
Dénommer un équipement municipal en hommage à une personnalité c’est personnifier, incarner un service public. C’est donner une impulsion, une orientation, un sens à l’action publique municipale. Madame la Maire, vous proposez à notre assemblée de renommer la Maison des réfugiés du nom de Maison des Réfugiés – Maison Pape François.
Cette proposition qui peut sembler purement symbolique soulève de nombreuses interrogations et sembler aller à l’encontre de plusieurs enjeux fondamentaux portés collectivement par la majorité municipale.
La Maison des réfugiés d’abord située dans le 14e arrondissement, aujourd’hui implanté dans le 19e arrondissement sur le Parvis Jean Quarré, résistant communiste fusillé au Mont Valerian, à coté de la médiathèque James Baldwin écrivain américain ayant trouvé refuge à Paris pour fuir la ségrégation, connu pour ses engagements décoloniaux et LGBT.
Ces deux équipements ont été pensés et porté dans une visée commune : celle de l’inclusion, de la culture, de l’accueil de toutes et tous, inconditionnellement, sans distinction de genre, d’origine, de langue, de religion ou d’orientation sexuelle. La Maison des réfugiés c’est un lieu unique à Paris, où chacun et chacune doit pouvoir pousser la porte sans crainte ou sans question.
Pour le groupe Communiste, le projet municipal que nous avons porté collectivement, avec beaucoup de force et de fierté, n’est pas compatible avec cette proposition de dénomination.
Cela serait d’abord une entorse à la laïcité et à la neutralité du service public, à laquelle sont astreints les agents municipaux.
Le Pape François, bien qu’il soit une personnalité reconnue pour son engagement humaniste, reste avant tout le chef de l’Église catholique. Une institution religieuse traversée par d’importants scandales abus sexuels dont elle avait connaissance et qu’elle a majoritairement couvert. Peut-on être sûre que le Pape François n’a pas soutenu ou protégé des prêtres ou évêques impliqués dans des affaires d’abus ?
Par ailleurs et en dépit de son engagement envers les réfugiés et les plus démunis, il n’en reste pas moins un fervent opposant à l’IVG. Il qualifiait les médecins pratiquant les IVG de « Tueurs à gage ». J’ai une pensée pour toutes les femmes qui fuient leur pays parce qu’elles ont eu recours à l’IVG ou aider d’autres femmes à y avoir recours. Ces réfugiées pourront-elles se sentir accueilli inconditionnellement dans la Maison des Réfugiés – Maison Pape François ?
Attribuer son nom à un lieu public reviendrait faire primer une identité religieuse sur la neutralité que notre République exige de ses services publics. Au groupe communiste, nous sommes attachés à la séparation de l’église et de l’état, à la place de la laïcité dans les politiques publiques.
La laïcité permet à chacun de vivre ensemble, dans le respect de ses convictions, sans que l’une ne prime sur l’autre, et ne dois jamais être à géométrie variable. C’est pourquoi, une collectivité territoriale comme la nôtre ou même l’État ne peuvent privilégier ou discriminer aucune conviction ou religion dans la dénomination des lieux publics. Choisir le nom du Pape François, aussi engagé soit-il, ne répond pas l’impératif de rassemblement qui doit guider nos choix pour nommer des équipements publics. Nous entendons le souhait de rendre un hommage à cette figure, et avons ainsi proposer dans un vœu, qu’une place, une rue ou encore un parvis d’Eglise par exemple soit baptisé au nom du Pape François comme cela a été fait pour Jean Paul II. Cela ferait sens aussi pour les catholiques qui souhaiteraient pouvoir se recueillir.
Enfin, il est fondamental que ce choix soit l’objet d’un débat démocratique, ouvert et transparent. La dénomination de la maison des réfugiés ne doit pas être imposée sans discussion avec les associations auxquelles nous avons confié l’animation de la Maison des Réfugiés. Je pense notamment à Emmaus qui bataille depuis 1 an pour sortir de la personnification son mouvement et maintenir ses actions si précieuses. Nous devons écouter toutes les voix, d’entendre toutes les sensibilités, et de prendre une décision qui rassemble plutôt qu’elle ne divise.
La dénomination d’un équipement public doit être un acte de rassemblement, et de consensus. Elle ne doit pas générée de division. Elle doit respecter la neutralité du service public, la diversité de notre société, et l’intérêt général.
C’est pourquoi, nous proposons à travers notre vœu – que je vous invite à voter - que le nom « maison des réfugiés » soit pérennisé et qu’un autre lieu comme une rue, une place ou un parvis puisse être baptisé du nom du Pape François.