La direction du BHV a récemment distribué un tract intitulé « Parlons vrai » à l’entrée du magasin, prétendant répondre aux « critiques non fondées des syndicats les plus extrêmes » — je cite. Eh bien, parlons vrai !
Depuis le rachat du BHV par la SGM, présidée par Frédéric Merlin depuis novembre 2023, c’est le flou artistique qui règne sur l’avenir de ce grand magasin emblématique. Les promesses sont nébuleuses, les annonces souvent sans suite, et les actes préoccupants.
Les rayons se vident. Les fournisseurs et prestataires, souvent non payés, sont contraints d’avancer des fonds qu’ils n’ont pas. Plus de 300 salariés ont quitté l’entreprise sans être remplacés, dégradant lourdement les conditions de travail des équipes restantes. Et les clients, eux, désertent. Les retards de paiement, d’abord présentés comme temporaires, durent depuis près de deux ans. Le rayon enfant a fermé, le rayon bricolage se vide à vue d’œil, pendant que les effets d’annonce autour de projets de restauration se multiplient — sans suite concrète. Tout cela donne le sentiment que ces projets visent surtout à attirer des investisseurs, faute de moyens réels. C’est flou, très flou Et comme on dit : quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.
Alors, le BHV restera-t-il un grand magasin populaire, accessible et de proximité ? Rien n’est moins sûr. Frédéric Merlin semble tailler sans ménagement dans la masse salariale, au profit d’un repositionnement vers une clientèle touristique haut de gamme. Un virage qui inquiète.
Rappelons-le : si le BHV est inscrit dans le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV), il ne bénéficie d’aucune protection spécifique en tant que grand magasin de proximité. À terme, l’ensemble de sa surface pourrait être transformé en espaces de restauration ou en boutiques de luxe.
C’est pourquoi nous demandons à la Ville d’interpeller la direction du BHV pour qu’elle fournisse des garanties concrètes aux salariés sur leurs conditions de travail, sur la pérennité de l’emploi, et sur le paiement des fournisseurs.
Nous demandons également l’organisation de réunions publiques afin de rassurer les riverains et les clients quant à l’avenir de ce lieu si cher aux Parisiens. Et si Monsieur Merlin persiste à refuser la transparence et le dialogue, nous appelons Madame la Maire à saisir la Ministre déléguée au commerce, pour que l’État intervienne et assume son rôle de garant du patrimoine.