Le rapport de la Chambre régionale des comptes met en lumière l’effort conséquent que la Ville de Paris, et notre majorité plurielle, a engagé depuis plusieurs années pour développer le logement étudiant. Nous pouvons en être fiers : environ 600 logements étudiants sont produits chaque année dans un contexte de très fortes tensions foncières et budgétaires.
Paris accueille près de 400 000 étudiants, ce qui en fait la première ville étudiante de France… mais aussi la plus chère. Le loyer moyen pour un studio de 20 m² dépasse 915 euros. C’est hors de portée pour de nombreux étudiants, en particulier ceux issus des milieux populaires.
Pendant ce temps, les spéculateurs prospèrent, le nombre de logement vide est élevé. Le phénomène du coliving, présenté comme innovant, n’est souvent qu’un moyen de contourner les normes et de louer à prix d’or des espaces minuscules, parfois jusqu’à 1 400 euros pour une chambre en colocation.
J’entendais M. Margain expliquer que le coliving répond à un besoin. 1200 euros pour 9 mètres carrés, ça répond à un besoin ! De qui vous moquez-vous ? J’attends avec impatience votre intervention pour dire que les marchands de sommeil répondent aussi à un besoin ! Ce type d’offre contribue à tirer tous les loyers vers le haut, pour les étudiants comme pour l’ensemble des Parisiens.
Ce problème dépasse les frontières parisiennes. En France, on recense 700 000 étudiants boursiers pour seulement 380 000 logements étudiants, dont moins de la moitié sont gérés par le CROUS. Le reste du marché est de plus en plus accaparé par des opérateurs privés, dont certains pratiquent des loyers jusqu’à 5 fois plus élevés… sans ouvrir droit à l’APL. Résultat : une véritable sélection sociale qui ne dit pas son nom en matière d’accès à l’enseignement supérieur.
Et face à cela, l’État n’est pas au rendez-vous. Emmanuel Macron avait promis 60 000 logements étudiants lors de son premier mandat, nous en sommes bien loin. François Bayrou annonce aujourd’hui 15 000 logements par an, mais le CNOUS ne s’engage que sur 10 000 d’ici 2027. Le reste, devinez quoi : il reviendra au secteur privé, au détriment des jeunes et au profit des rentiers.
La solution est pourtant simple : imposer une taxe sur les 5 millions de m² de bureaux vacants en Île-de-France permettrait, avec 2,5 milliards d’euros, de créer 100 000 logements étudiants. Il s’agit d’un investissement juste, utile et parfaitement faisable. Pour ce qui est du rapport, la Chambre souligne à juste titre les contraintes spécifiques de Paris : foncier rare, prix élevés, besoins croissants. C’est pourquoi, avons raison d’actionner l’ensemble des leviers dont nous disposons pour continuer à produire du logement et continuer à mobiliser tous les outils à notre disposition, comme le compte foncier logement, qui permet à la Ville de préempter et transformer du bâti pour répondre aux besoins réels.
Mais il ne suffit pas de construire. Il faut aussi accompagner les étudiants dans leur installation, les aider à faire valoir leurs droits, à trouver des aides et à échapper à l’isolement et à la précarité. L’aide AILE, utile mais encore trop peu lisible, mérite une réforme structurelle, comme le suggère la Chambre. Elle devrait aussi être renforcée, élargie, et mieux connue.
Et pendant que Paris agit, la droite régionale, elle, se désengage : 17 millions d’euros de subventions régionales en moins pour le logement social à Paris, dont 95 % concernaient des logements étudiants. C’est un choix politique, un choix brutal, un choix injuste.
Enfin, comment ne pas rappeler la décision absurde d’Emmanuel Macron en 2021 de raboter les APL, précarisant des millions de foyers, notamment étudiants, tout en fragilisant les bailleurs sociaux ? Cela a eu un effet immédiat sur la capacité des jeunes à se loger, et sur la trésorerie des organismes HLM.
En matière de logement étudiant, Paris agit, compense, invente, construit. Mais nous ne pouvons pas, seuls, tenir à bout de bras la justice sociale pour toute une génération. Il est temps que l’État prenne enfin ses responsabilités. Je vous remercie.