Le 30 mars dernier, nous interpellions par courrier le Préfet de police de Paris, Laurent Nunez, au sujet de l’évolution de la doctrine du maintien de l’ordre dans les manifestations contre la réforme des retraites.
Si nous avions salué collectivement une évolution positive, nous ne pouvions que constater une recrudescence d’abus et actes violents de la part de policiers.
Plusieurs éléments nous conduisaient à ce constat : la multiplication des vidéos illustrant des violences à l’encontre de manifestants pacifiques, un coup de poing d’un policier sur une personne ne représentant pas une menace, un policier roulant sur la jambe d’une personne à terre… A cela s’ajoute le nombre impressionnant d’interpellations ne donnant pas lieu à une suite judiciaire : lors des seules trois premières soirées de manifestations spontanées, 425 gardes à vue ont eu lieu, seules 42 d’entre-elles ont fait l’objet d’un déferrement.
Ce constat n’est pas simplement le nôtre : les condamnations publiques de l’évolution de cette doctrine du maintien de l’ordre tombent chaque jour. Des organisations telles que Amnesty International, la Ligue des droits de l’Homme ou encore Reporters Sans Frontières dénoncent en cœur cette situation.
La France est également rappelée à l’ordre par l’Union Européenne. La Commissaire aux droits humains du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, s’est alarmée d’un ”usage excessif de la force” envers les manifestants contre la réforme des retraites, appelant la France à respecter le droit de manifester. Elle a aussi expliqué qu’il “appartient aux autorités de permettre l’exercice effectif de ces libertés, en protégeant les manifestants pacifiques et les journalistes couvrant ces manifestations contre les violences policières et contre les individus violents agissant dans ou en marge des cortèges”.
Le Préfet de Police nous a répondu le 5 avril dernier : nous considérons ses réponses comme insuffisantes. Si Laurent Nunez nous confirme bien "qu’une partie de ces affaires a donné lieu à l’ouverture d’une enquête judiciaire et à saisine de l’IGPN", il réfute le fait que "le nombre d’interpellations ni celui de classements sans suite ne sont de nature à établir qu’il aurait été procédé à des interpellations abusives". Enfin, suite à notre interpellation au sujet de la dissolution de la BRAV-M, il répond : "dans le contexte actuel où des groupes d’individus extrêmement mobiles se constituent pour commettre des exactions en divers endroits de la capitale, la BRAV-M démontre plus que jamais sa pertinence et son utilité opérationnelle".
En vue du 1er mai, nous ne pouvons considérer ses réponses comme satisfaisantes. Cette année, la journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs sera historique. L’intersyndicale, exemplaire depuis le début de la mobilisation appelle dans son ensemble à la participation à cette manifestation populaire et familiale. Nous appelons donc à ce que la Préfecture de Police permette le déroulement de cette journée dans le calme, sans violence, pour une manifestation populaire et familiale.