Si la sécurité est un besoin légitime et un droit auquel chacun et chacune devrait avoir accès, elle n’en est pas moins un enjeu de classe. Les habitants et habitantes des quartiers populaires à Paris sont les premiers à souffrir d’un sentiment d’insécurité. Les incivilités dans l’espace public et dans les transports, les agressions verbales et physiques, le harcèlement à caractère raciste, homophobe ou sexiste, les nuisances sonores et la lutte contre les trafics de stupéfiants sont les principales préoccupations en termes de sécurité des Parisiens et des Parisiennes. Or, tout cela ne peut pas relever de la Police municipale.
Partout où il y a création de la Police municipale, il y a augmentation du coût pour la collectivité et retrait de l’État dans ses missions de sécurité. Ne laissons pas penser que la création d’une Police municipale va régler tous les problèmes.
L’augmentation récente du nombre de fonctionnaires de police nationale ne suffit pas à compenser les baisses drastiques engendrées par les politiques d’austérité des gouvernements de droite. Nous n’avons aucune garantie de l’État sur le maintien et le renforcement nécessaire de leur présence à Paris.
La loi pour la sécurité globale du Gouvernement votée il y a quelques jours acte la création du « continuum de sécurité » allant des sociétés de sécurité privées à la police nationale en passant par les polices municipales. C’est en réalité un nouveau recul du service public de sécurité. De fait, l’objectif de tous les gouvernements depuis Nicolas Sarkozy jusqu’à Emmanuel Macron est de transférer des charges supplémentaires aux collectivités sans jamais les compenser. En créant sa propre Police municipale, Paris participera de cette logique.
184 millions : c’est le cout estimé pour la première demi-année de fonctionnement de cette Police municipale. 184 millions qui dans le contexte budgétaire contraint actuellement seront pris sur d’autres budgets, sur d’autres missions de la Ville de Paris, pourtant indispensables.
184 millions, ce sera cela de moins pour les politiques de jeunesse et de protection des mineur∙es qui sont le cœur des obligations de notre collectivité et l’essence d’une politique de gauche en matière de sécurité. Pour nous, la priorité c’est un plan d’urgence pour la jeunesse.
Paris dispose d’instruments pour répondre aux besoins légitimes de sécurité des Parisiens et des Parisiennes, instruments qu’il faut améliorer et approfondir, coordonner. Nous continuons de nous mobiliser pour que Paris bénéficie, du fait de son statut, de sa réalité démographique et de ses particularités, d’une forte présence de la Police nationale. Plutôt que de renoncer, nous appelons à la mobilisation.
La création d’une Police municipale c’est toujours un constat d’échec, c’est affirmer que l’État n’assume plus sa responsabilité dans une mission régalienne.
Pour nous, la Police Municipale à Paris c’est toujours non.