Madame la Maire, Monsieur le préfet, mes chers collègues,
Il y a deux ans était adoptée la loi « anti-squat », dite loi Kasbarian, officiellement elle est destinée à lutter contre l’occupation illicite des logements.
Mais dans les faits, cette loi assimile les locataires en situation d’impayés à des squatteurs, elle accélère les procédures d’expulsion avec le concours de la force publique et renforce les sanctions pénales à l’encontre de ménages déjà précarisés.
Aujourd’hui, les conséquences sont dramatiquement tangibles. En 2024, 25 000 ménages ont été expulsés de leur logement : c’est 29 % de plus qu’en 2023 et 223 % de plus qu’il y a vingt ans. L’ancien Ministre Guillaume Kasbarian revendique fièrement ce triste record –, ce qui devrait être un motif de honte devient une médaille. Mais si la honte ne tue pas, les expulsions, elles, oui.
Il y a un mois, à Fécamp, Daniel, 76 ans, expulsé de son logement, s’est suicidé au moment de l’arrivée de l’huissière et de la police nationale.
Vivre à la rue, tue également.
350 000 personnes sont sans domicile en France, dont 3 500 à Paris. En 2024, 912 personnes sont mortes à la rue dans notre pays.
Depuis lundi, les 400 personnes sans abri – dont au moins 160 enfants – qui dormaient sur le parvis de la Mairie du 20ᵉ ont enfin pu être mises à l’abri dans un gymnase mis à disposition par le Maire du 20ᵉ.
Je remercie vivement Eric Pliez d’avoir ouvert les portes de la Mairie pour leur offrir un refuge temporaire. Je souhaite également saluer la mobilisation citoyenne exemplaire qui, aux côtés d’Utopia 56, a permis cette mise à l’abri.
Voilà la réalité d’une ville qui pallie les manques de l’État alors que la compétence de l’hébergement relève bien de ce dernier. Paris résiste, autant qu’elle le peut, à la catastrophe sociale. Le travail de la collectivité atténue et retarde les expulsions. Je pense au développement du logement social, au maintien de l’encadrement des loyers, mais aussi aux nombreux dispositifs mis en place pour prévenir les expulsions :
• l’assurance habitation municipale.
• la charte parisienne de prévention des expulsions, signée avec l’État, afin de coordonner les acteurs institutionnels et associatifs pour maintenir les familles dans leur logement ;
• le Fonds de solidarité logement et les aides Paris Logement,
• et l’accompagnement du CASVP, présent dans tous les arrondissements.
Oui, grâce à son engagement, Paris n’a subi qu’une hausse des expulsions de 1,5 % par rapport à 2023.
Oui, Paris fait sa part. Mais face à l’explosion des expulsions, à la montée de la détresse sociale et au renoncement de l’État, une question demeure incontournable : Monsieur le Préfet de police de Paris, quelles dispositions comptez-vous prendre, en partenariat avec la Ville, pour éviter l’horreur absolue que représentent ces expulsions locatives ?

