Madame la Maire,
Monsieur le Préfet,
Vendredi 24 septembre vous avez déplacé la scène de crack de Riquet à la Porte de la Villette, deux kilomètres plus loin, toujours dans le 19ème arrondissement, toujours aux marges de nos quartiers et de nos villes populaires. Mais les habitantes et habitants de ces quartiers semblent tout simplement être invisibles aux yeux du Ministre de l’Intérieur.
A quel point faut-il être acculé, être face au mur pour penser que la construction d’un mur règlera quelque problème que ce soit. Quel symbole terrible, quel aveux d’échec d’un cirque qui n’a que trop duré. Alors que nous passons du temps à construire des ponts entre Paris et les villes voisines, que nous nous battons pour faire tomber les murs partout dans le monde, dans notre capitale, la ville lumière, un mur est érigé pour empêcher des êtres humains de traverser un tunnel.
Et alors que le trafic continue à faire rage, sans sembler être trop perturbé, trois habitants du quartier des 4 chemins sont poursuivis par le procureur de la République pour avoir tenté d’inscrire sur le désormais bien nommé mur de la honte, je cite « Le Mur de la Honte, merci Darmanin ». L’expression d’une opinion contradictoire semble visiblement être ce qui préoccupe plus fortement les forces de l’ordre et la justice au square Forceval. Comment ne pas s’indigner d’un tel décalage dans le traitement des infractions et des transgressions de la loi ?
Monsieur le Préfet, nous sommes en colère. Nous, élus, habitants, du 19ème, de Paris, d’Aubervilliers, de Pantin. Dès le mois de juillet, vous avez avancé l’idée de déplacer la scène de crack de Riquet à la Porte de la Villette, Place Auguste Baron et square Forceval. A peine aviez-vous avancé cette idée que la grande majorité des élu.e.s, vous ont exprimé leur désaccord avec cette proposition, ici même dans cette hémicycle lors d’un débat auquel vous avez assisté et répondu. Nous dénoncions une « proposition irresponsable » « un mépris pour les habitantes et habitants » « une méconnaissance des problématiques des usagers et usagères de drogues. » Puisque les valeurs de la République sont à la mode, je m’interroge, est-ce normal dans notre République que des agents de l’Etat, nommé, puissent piétiner la voix des élus, qui majorité comme opposition d’ailleurs, sont entrés ici par la force du peuple ?
Nos politiques ne seraient que plus efficaces, ne gagnerait que plus à s’affranchir de ces oppositions qui n’ont pas lieu d’être en démocratie.
Chacun/Chacune dans son rôle, la ville dans l’élaboration de réponse sanitaire et sociale de long terme indispensables, la Préfecture de Police dans la lutte contre le trafic, le démantèlement de ses réseaux de transformation et de circulation de cocaïne et de crack tout aussi indispensable. La mobilisation de la Police nationale et de la justice est-elle à la hauteur des enjeux ? Les policiers et policières mobilisés et les moyens d’enquêtes mis à dispositions sont-ils vraiment suffisants ?