Madame la Maire, mes chers collègues,
Hier, le Sénat adoptait le projet de loi immigration qui multiplie de manière systématique et inédite les obstacles à l’intégration des migrants dans notre pays.
Pire, il supprime l’aide médicale d’Etat (AME). Un contre-sens historique du point de vue d’un système de santé fonctionnel qui se fixe pour objectif de prévenir, de diagnostiquer et de soigner les maladies le plus tôt possible pour éviter les diffusions et l’aggravation des cas entraînant des prises en charge plus longues et plus coûteuses.
Cette suppression a été adoptée au nom de la théorie de « l’appel d’air ». Une théorie plus appuyée sur une conception raciste des migrants que sur des faits.
Si cette suppression est définitivement adoptée ; elle aura des conséquences désastreuses à Paris.
Le rapport commandé par la première ministre à Claude Evin et Patrick Stefanini (ce grand gauchiste !) montre que 51 % des personnes éligibles à l’AME n’y ont pas recours, en aucun cas cette allocation est un aimant qui attire les immigrés en France comme le prétend l’extrême droite et la droite sénatoriale dans sa roue.
Après la crise de la COVID-19 sans précédent de par son ampleur, la santé publique ne peut décemment pas être instrumentalisée à des fins racistes et ne peut en aucun cas faire office de variable d’ajustement de théorie non fondée.
C’est la situation des pays de départ qui pousse à la migration. Et il y aura toujours autant d’arrivées en France et à Paris, si ce n’est plus avec l’aggravation des problèmes climatiques. Dès lors, il n’est pas possible de proposer des conditions d’accueil et d’intégration aussi désastreuses.
Ecoutons l’appel des 4500 généralistes qui menacent de désobéir et de soigner gratuitement si l’AME était vraiment amenée à disparaitre.
Interrogeons-nous sur les conséquences de cette décision inique à Paris.
Nous vous le disons, si l’AME disparaît, nos hôpitaux, en particulier nos services d’urgence, nos centres municipaux de santé seront surchargés encore davantage
Ces lieux qui accueillent les permanences de soins permettent de prendre en charge les personnes sans droits ouverts à l’assurance maladie, c’est notamment le cas du centre de santé municipal Belleville qui accueille principalement des personnes migrantes primo-arrivantes.
Nous nous interrogeons, un tel dispositif pourra-t-il toujours exister sans l’AME ?
Réduire l’accès aux droits en santé des personnes vulnérables est un mauvais calcul politicien. Nous ne pouvons-nous y résoudre.
Dès lors, madame la Maire, nous en appelons aux valeurs universalistes et solidaires de la Ville de Paris. Quels dispositifs municipaux comptez-vous mobiliser pour affirmer le statut de « ville-refuge » de la capitale et pour nous engager collectivement en faveur du maintien de l’Aide médicale d’Etat ?