Après la saignée, le comité de la hache ?
En matière d’éducation, comme en tant d’autres, François Bayrou c’est un peu Dr Jeckyll et Mr Hyde.
Dr Jekyll, dans le travail parlementaire, dans les médias, il annule les suppressions de postes dans l’éducation nationale. C’est sensé être un compromis. Car visiblement, ce n’est pas une priorité pour la droite d’avoir suffisamment d’enseignants devant les élèves. Je passe.
Mais sans attendre la nuit, Dr Jekyll se transforme en Mr Hyde dans les bureaux feutrés des ministères. Ce même Bayrou prévoit donc des listes de suppressions de postes dans les différentes académies.
C’est l’honnêteté politique de ce gouvernement.
110 postes à Paris doivent être « rendus » selon l’expression du rectorat au ministère dans le primaire. 92 dans le secondaire ! Aujourd’hui même, en CSA, le rectorat a transmis aux organisations syndicales une liste de 198 classes qui pourraient fermer à la rentrée prochaine. Je salue à cette occasion la très forte mobilisation ce matin des parents d’élèves et des syndicats devant le rectorat pour dénoncer cette politique d’austérité pour l’école. Demain, en CDEN, ce même rectorat prévoit la fermeture de 42 divisions dans les collèges.
Paris prend cher. Très cher.
Alors que la Ville compte pour 2,6% de la baisse nationale de la démographie scolaire dans le primaire, elle subit 25% des suppressions de postes. Pas besoin de sortir de l’école normale supérieur pour voir qu’il y a un problème de chiffre.
Le gouvernement aurait-il un agenda politique singulier pour Paris ? La droite voudrait-elle instrumentaliser les parisien.nes dans ses petites combines politiciennes ?
Cette saignée va dégrader encore un peu plus les conditions d’apprentissage et de travail. Après 3 ans de saignée massive.
La baisse démographique, réelle, aurait pu être le moyen de diminuer le nombre d’élèves par classe, un des pires de toute l’union européenne.
Cette saignée intervient alors que chaque jour, entre 100 et 200 classes n’ont pas de professeurs faute de remplaçants à Paris !
L’attaque contre les décharges de directeurs et directrices d’école démontre aussi cette austérité tous azimuts à Paris, et cette volonté de s’en prendre à Paris tout particulièrement. Le ministère doit accepter le régime que la Ville propose de financer. Les directeur.rices d’école jouent un rôle fondamental dans le lien entre l’école et les familles.
Cette saignée intervient dans un contexte tendu par l’enseignement privé sous contrat qui est particulièrement peu touché par les suppressions de postes, jusqu’à deux fois moins que le public l’an dernier.
Comment la droite le cautionne-t-elle ?
Comment justifier aussi que le collège de l’école Alsacienne dans le très chic 6e, avec un IPS moyen de 148, très très très supérieur à la moyenne des collèges publics de 117, ait une dotation dite DHG bien supérieure par nombre d’élève au public avec un rapport H/E de 1.35 vs 1.28 ? Soit 2h de plus par élève chaque semaine ? L’égalité républicaine repassera.
L’enseignement privé contribue massivement à la ségrégation sociale et scolaire. Avec la bénédiction des pouvoirs publics qui le financent à près de 74%.
Les scandales Stanislas et Oudéa-Castéra auront juste eu le mérite de dire tout haut ce que beaucoup pratiquent honteusement tout bas.
Si rien n’est fait de massif, les statistiques sont formelles : le privé risque de peser pour plus de 50% des collégiens d’ici à 2033.
C’est pourquoi je propose une mesure immédiatement applicable : le transfert de postes d’enseignants du privé vers le public. 50 pour commencer cette année pour rattraper l’injustice de l’an dernier.
La Ville doit faire pression sur le rectorat pour impulser cette logique.
La jeunesse mérite mieux que l’obsession austéritaire des plus aisés et de la droite.
La jeunesse mérite que l’on lui donne les moyens de son avenir.
Un avenir d’émancipation et d’égalité.
L’école publique mérite des moyens à la hauteur de ses besoins.