En 2023, 1 287 personnes sont mortes en France du fait de leur travail, dont 255 en Île-de-France - ce qui fait de notre pays le plus meurtrier d’Europe. Cette hécatombe est une question de classe. Ces drames, largement sous-déclarés, frappent avant tout les plus précaires : intérimaires, sans-papiers et travailleurs de plateformes, surexposés à des conditions de travail dangereuses et à la sous-traitance en cascade.
Ils travaillent dans la construction, le transport ou l’entreposage. Le secteur du nettoyage — composé majoritairement de femmes précaires, immigrées ou d’origine étrangère — fait lui état des accidents et maladies professionnelles les plus fréquents, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
Il n’y a pas de fatalité : ces tragédies sont la conséquence d’un capitalisme débridé où la rentabilité prime sur la vie humaine, aidé par la casse des CHSCT ou encore la chute du nombre d’inspecteurs du travail. Emmanuel Macron a pleinement contribué à ce que la responsabilité des employeurs soit éludée.
Grâce à la délibération proposée par notre groupe en novembre 2022 pour faire de Paris une « Ville zéro mort au travail », nous avons mis en œuvre avec succès la Charte sociale avec la Solideo lors des chantiers olympiques, créé un observatoire des conditions de travail en Île-de-France et instauré une charte sociale pérenne, sur le modèle de la précédente.
Nous ne pouvons pas nous arrêter à mi-parcours. Cette délibération comprend aussi l’introduction, dans les marchés publics de la Ville, de clauses sociales et environnementales pour favoriser les entreprises les plus vertueuses, et la limitation stricte de la sous-traitance à deux niveaux - en plus d’interpeller l’État pour qu’il légifère en ce sens.
Notre groupe attend la mise en œuvre de ces mesures de pied ferme. Je le répéterai, jusqu’à ce que cela devienne réalité : personne ne devrait perdre sa vie à la gagner.

