Communistes Paris

Une politique de sécurité, c’est de la prévention, de la sécurité et de la cohésion sociale

Avant tout, je tiens à saluer la méthodologie qui a permis ce contrat parisien de prévention et de sécurité. Le processus ascendant, du local vers le central, de l’échelle des arrondissements vers celle de la ville, permet des réponses plus opérationnelles, en prise avec les réalités locales. Les élus, les acteurs associatifs, les forces de l’ordre, les magistrats et l’ensemble des acteurs qui ont participé à l’élaboration de ce contrat, ont pu collectivement faire remonter leurs observations de terrain.

La sécurité est un droit fondamental qui doit passer par une augmentation des moyens pour le service public de la sécurité au niveau national et par des politiques de prévention ambitieuses, l’un ne va pas sans l’autre. Seule une réponse progressiste et républicaine pourra participer à la sécurité, l’égalité et la tranquillité pour toutes et tous.

Nous l’avions rappelé à l’occasion de la création de la police municipale, lors des discussions de ce CPPS. Et nous le réitérons ici.

Nous avons déposé, en décembre 2022, un vœu afin de définir les priorités que notre groupe souhaitait voir inscrites dans le cadre du nouveau Contrat Parisien de Sécurité et de Prévention. Ces priorités découlaient de notre conception de la sécurité à laquelle d’ailleurs nous préférons la notion de sûreté publique.

Nous insistions sur la prévention de la délinquance par la formation des jeunes à la citoyenneté. Car c’est en prenant conscience de ses droits et de ses devoirs, c’est en bénéficiant concrètement de l’égalité républicaine que les causes qui mènent à la délinquance peuvent être abolies.

J’insiste sur l’égalité républicaine, il faut agir concrètement contre le racisme, le sexisme, les LGBTQI+-phobies, les discriminations envers les personnes en situation de handicap, l’exclusion sociale pour que chacune et chacun ai droit de cité. Moins vous êtes intégré dans la République, ses institutions et son maillage de service public et moins vous avez à perdre. Dès lors, la délinquance et les incivilités ne sont plus des éléments repoussoirs.

C’est dans les quartiers populaires qu’émergent les rixes, les phénomènes de violences entre bandes. Car c’est dans ces quartiers que s’additionnent le plus les problèmes, et, ou les défaillances de l’Etat créent le sentiment d’abandon et tuent l’espoir : manque de service public, pauvreté, difficulté d’accès à l’emploi, aux vacances, décrochage scolaire chez les plus jeunes.

Ce sont les classes populaires qui sont les plus exposées aux faits de délinquance. La sûreté publique est donc profondément une question sociale.

Une question sociale appelle des réponses sociales qui doivent passer par une densification des équipements publics, des agents pour les faire fonctionner et de manière générale des interlocuteurs pour les habitants. Là plus qu’ailleurs, il faut des équipements de proximité sportifs, culturels et de santé en nombre. Là plus qu’ailleurs, les pouvoirs publics à commencer par l’Etat doivent être présents et pourtant c’est exactement le contraire qui se passe.

Grâce à des politiques ambitieuses en matière de pouvoir d’achat, de logement, d’hébergement et de manière générale de lutte contre la pauvreté, de nombreux problèmes peuvent être asséchés à la racine, il faut que l’Etat s’en donne les moyens !

Pour en revenir au rixes, nous constatons que les « violences physiques non crapuleuses » augmentent depuis un an et représentent un enjeu à la croisée de nombreuses questions, individuelles, collectives, contextuelles, elles ne peuvent pas trouver de réponse mono-disciplinaire ou de réponse toute faite. Les causes sont multiples.

C’est pourquoi nous appelons à multiplier les acteurs et interlocuteurs sur le terrain. Sur ce sujet, il faut souligner le travail de la DPSP, des médiateurs de la Ville mais aussi de la Police nationale, et le travail de nombreux acteurs qui savent opérer en partenariat avec d’autres acteurs tels que les éducateurs spécialisés.

Le CPPS se fixe d’ailleurs, pour objectif d’améliorer la coordination des acteurs autour de la prévention et pour cela soutient financièrement les associations de prévention. C’est une approche que nous partageons, car c’est bien la présence des associations dans nos quartiers qui permet de créer coûte que coûte du lien avec les habitants.

Pour les rixes, les réponses passent particulièrement par l’anticipation. Connaitre le terrain peut permettre de désamorcer les tensions grâce à un accompagnement et une écoute renforcés en parallèle d’un travail de communication auprès des habitants.

Prévenir c’est aussi agir fortement sur le soutien scolaire pour que les jeunes ne quittent pas l’école sans diplômes, sans aspirations et sans perspectives.

Mais si l’école est un vecteur d’émancipation et de vivre ensemble, elle peut être aussi le lieu d’une autre forme d’insécurité subie par les plus jeunes : le harcèlement scolaire.

Le gouvernement a lancé son plan contre le harcèlement à l’école : un arsenal répressif censé faire peur et dissuader en lieu et place de moyens nécessaires pour la prévention, la sensibilisation et la lutte contre les violences et les discriminations. Ce n’est pas autour d’une seule journée dédiée ou des cours d’empathie au contenu vague que nous lutterons efficacement contre le harcèlement.

Il faut s’en donner les moyens par exemple en recrutant en nombre suffisant et en formant des psychologues scolaires, des CPE, des assistants d’éducations et des AESH. Les actions de prévention en direction des jeunes : doivent placer l’éducation à l’égalité, au cœur de l’école, dès le plus jeune âge. Cela passe par l’application réelle de la loi de 2021 qui a instauré l’éducation à la sexualité ainsi qu’une éducation à la vie affective. Et par la généralisation d’outils existants sur des modèles déjà expérimentés dans plusieurs collectivités : violentomètre, respectomètre, ateliers E-Enfance, En Avant Toutes, Planning Familial, Opération Collèges pour l’égalité ou encore Jeunes contre le sexisme.

Il faut aussi envisager la prise en charge par des dispositifs spécifiques des élèves auteurs de harcèlement. Et bien sûr sensibiliser les enfants à l’usage des outils numériques. Le cyber harcèlement, ce fléau de notre temps, doit faire l’objet de formations envers les personnels enseignants et au contact des jeunes. Sur ce sujet nous saluons la mobilisation des policiers des missions de prévention, contact et écoute qui interviennent sur ces nouvelles formes de harcèlement.

L’usage des réseaux sociaux, par-delà les questions de harcèlement appelle à un profond travail d’éducation sur le rapport aux médias, à l’information et aux fakes news qui y circulent pour contribuer à la formation de citoyens éclairés. Les enfants sont exposés très tôt à des informations non sourcées, non vérifiées et sans médiation sur internet.

C’est d’ailleurs par le biais d’internet et des réseaux sociaux que beaucoup de mineurs tombent dans diverses formes de prostitution.

L’’insécurité touche également les personnes prostituées qu’elles soient mineures ou majeures. Là encore, la réponse passe par de la prévention et de la sensibilisation. C’est pourquoi il faut des interlocuteurs formés pour un phénomène parfois mal appréhendé, afin d’améliorer la prise en charge de ces personnes et leur proposer des parcours de sortie de la prostitution avec des perspectives concrètes caractérisées par une aide financière, l’octroi d’un titre de séjour, un accompagnement individualisé, le droit à un logement, à une formation.

C’est là encore une réponse sociale ambitieuse et adaptée qui doit être déployée pour sortir ces personnes de la traite qu’elles subissent.

L’insécurité qui frappe les prostituées a bien évidemment une racine profondément sexiste. Le sexisme et l’homophobie sont des moteurs en matière d’insécurité et de violence. C’est pourquoi la protection et la prise en charge des femmes et personnes LGBTQI+ victimes de harcèlements et de violences était l’une des priorités que nous évoquions dans notre vœu de 2022 et le demeure bien évidemment. Pour ces publics, la mise en sécurité passe par le développement de lieux d’accueil. Encore plus d’appartements du parc social de la Ville doivent être dédiés à l’hébergement d’urgence des femmes et personnes LGBTQI+ afin de garantir une mise à l’abri rapide et ainsi, bien souvent, éviter le pire.

Nous tenons d’ailleurs à souligner le travail et les nombreuses propositions d’Hélène Bidard sur l’axe 2 notamment dans les parties consacrées aux personnes vulnérables, où elle a pu rappeler l’importance de développer le recours au dispositif de protection des victimes et d’éloignement des auteurs de violence conjugales.

Mais il y a d’autres compléments de solution, par ailleurs présents dans le CPPS, comme le fait de favoriser la prise de plainte en matière de violence sexiste et intrafamiliales.

Cela passe notamment par la formation des agents de police sur le sujet afin que ceux-ci appréhendent sous un nouveau jour ces témoignages notamment lors des dépôts de plainte. Vous l’aurez compris, formation et sensibilisation doivent guider notre action.

C’est notamment le cas sur la question du « crack » où le besoin de prévention et d’accompagnement est encore plus prégnant que sur d’autres sujets : cela passe par des prises en charge thérapeutique et psychologique, une solution médico-sociale qui ne se résume pas à dégager ou enfermer les consommateurs.

Ma collègue Camille Naget est intervenue à maintes reprises sur ces sujets tant rien n’est réglé dans le 19e et ailleurs.

Les problèmes de toxicomanie doivent faire l’objet d’une politique publique d’ampleur qui soit sanitaire, sociale et répressive envers le trafic. Il est urgent d’apporter des réponses de santé publique aux conditions sociales et sanitaires de ces personnes en situation de très grande précarité dont l’errance doit prendre fin. En attendant, quid des moyens d’enquêtes et des moyens humains qui doivent être mobilisés en nombre suffisant pour mener leurs missions d’investigations ? Nous attendons toujours.

Dans le cas du présent CPPS, les fiches actions vont a priori dans le bon sens. Mais comment s’assurer que les objectifs seront réellement respectés pour que chacun dans son rôle soit acteur de ses prérogatives : la ville et l’ARS dans l’élaboration de réponse sanitaire et sociale de long terme, la Préfecture de Police dans la lutte contre le trafic, le démantèlement des réseaux de transformation et de circulation de cocaïne et de crack.

Nous le redisons, la mobilisation de la Police nationale et de la justice doit être à la hauteur des enjeux, des attentes des riverains qui n’en peuvent plus, des drogués qui ne sont pris en charge par personne à force d’être transférés.

En matière de démantèlement de trafic, nous recevons également de nombreuses alertes de commerçants qui s’alarment sur le fléau des ventes à la sauvette. Les commerçants des marchés alimentaires, qu’ils soient permanents ou volants sont nombreux à recevoir des menaces proférées par les vendeurs à la sauvette. Il en va de même pour les puciers.

C’est également le cas pour les buralistes qui alertent sur la diminution de ventes de cigarette. Non pas parce que les parisiens fumeraient moins, auquel cas nous nous en réjouirions, mais parce que les ventes à la sauvette explosent. Nous savons que la Ville de Paris multiplie les efforts, notamment en mobilisant sa Police municipale sur les lieux de vente connus, mais nous savons aussi qu’ils reviennent. Et ce à des endroits toujours plus alarmants comme les sorties de collèges ou de lycées.

Ces ventes ne représentent pas seulement la concurrence déloyale pour nos commerces. Nous voulons dénoncer ici l’organisation de ces réseaux illégaux qui se cachent derrière les trafics et qui exploitent la précarité en faisant travailler des mineurs.

Revenons sur le rôle de la Police : elle est utile, nécessaire même. Mais son usage doit découler de cette conception progressiste et républicaine de la sécurité. Car, face à ces mêmes questions, la droite n’a presque qu’une seule chose à proposer : l’armement de la police municipale.

Face au manque d’attractivité de la fonction de policier municipal, la droite n’évoque jamais les conditions de travail, le salaire, le volume horaire. Non, ce qu’elle propose c’est l’armement des policiers municipaux. Une proposition qui participe à dresser sans cesse la police contre les habitants qu’elle est sensée servir et protéger.

Inspirons-nous plutôt de ce que certaines municipalités de gauche et notamment communistes ont fait pour rétablir les bases d’un lien durable avec leur population, comme à Villejuif qui a fait le choix du désarmement de sa police au profit de politique de prévention bien plus larges. C’est la seule conception qui vaille.

S’il y a bien une partie de la solution qui est policière, c’est sous l’angle de la police de proximité qui avait fait l’objet d’une proposition de loi des députés communistes en 2017 afin que celle-ci soit dotée de 30.000 postes statutaires pour retisser un lien de confiance avec les habitants.

Mais tout ceci ne relève pas des prérogatives de la Ville. Armer la police municipale pour rétablir le calme, cela coute cher et les résultats n’en sont pas démontrés. C’est une nouvelle fois, vouloir imputer à la Ville une responsabilité de l’Etat. Non, la Ville ne peut décemment pas pallier toutes les carences et renoncements de l’Etat. Non, la Ville ne doit pas participer au retrait de l’Etat sur ses prérogatives. L’Etat a pourtant une très lourde responsabilité dans sa conception « tout-répressif » de la police, celle que partagent nos collègues à la droite de cet hémicycle.

La violence ne peut être une doctrine. Que ce soit à destination des manifestants, des auteurs d’incivilités, des personnes prises dans des rixes ou aux usagers de drogue, la violence n’est pas solution. La question de la tranquillité publique, est profondément communiste. Car la tranquillité publique s’obtient avec des réponses communes et collectives. Sans vaincre la misère, la précarité, l’insécurité économique, il n’y aura pas de tranquillité publique.

Un dernier point, qui n’est pas des moindre. La question des moyens. Vous le savez, nous le rappelons régulièrement et cela a été notre boussole lors des débats sur la police municipale, nous dénonçons le désengagement de l’État en matière de sécurité. La loi de sécurité globale l’actait en 2021. Si le CPPS va dans le bon sens, que dire des moyens humains et matériel de la police nationale, de la justice… La discussion de ce contrat parisien ne peut être dissociée de ces considérants : ils sont le nerf de la guerre.

Au-delà de la stratégie, des fiches actions prêtes à l’emploi, quels moyens la police nationale aura-t-elle réellement en main pour mener son pouvoir d’enquête ? quels moyens le Parquet a-t-il pour gérer au plus vite les plaintes qui restent trop longtemps en souffrance pénalisant plus encore des victimes dans l’attente d’une réponse ?

Je clôturerais mes propos en citant Philippe Rio, maire de Grigny et nommé meilleur maire du monde : « Une politique de sécurité, c’est de la prévention, de la sécurité et de la cohésion sociale ».

Mes chers collègues, vous l’avez compris, ce CPPS va dans le bons sens…

Raphaëlle
PRIMET

Élue du 20e arrondissement au conseil de Paris

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