Vous le savez, nous serons toujours du côté des lieux de réflexion, de partage, d’échange, de lieux ouverts sur le monde, de lieux où la diversité et les singularités s’expriment et sont respectées, de lieux où la culture et l’art permettent l’émancipation personnelle et collective. Ils sont indispensables à notre démocratie, ils vont dans le sens de l’intelligence collective. À l’aune du contexte politique et institutionnel, ils vont même devenir indispensables.
Ils le seront d’autant plus que Paris est clairement devenue une terre de résistance au FN. Initier ici, à Paris, des actions pour favoriser les échanges prend tout son sens aujourd’hui. Et cette vaste réflexion, nous devons l’initier mais en évitant absolument l’entre soi. Il faut que les classes populaires renouent partout à tous les âges avec la culture, avec la pratique du dialogue.
Car, pour reprendre les termes de Michel Guerrin dans le Monde ce week-end, « la Culture a déserté le peuple comme la gauche l’a déserté ». Dès lors et encore plus compte tenu du contexte, nous sommes dubitatifs sur les méthodes visant à la transformation de l’espace Cardin en Théâtre de la Concorde. Comment créer de la démocratie sans avoir été associés à la création d’un outil visant à la concorde… ?
Nous nous interrogeons, par ailleurs, sur l’opportunité de créer de tels lieux à l’heure où il nous est demandé de faire des économies sur des projets qui méritent pourtant toute l’attention des politiques publiques, sur des dispositifs déjà financés par la Ville mais qui mériteraient d’être valorisées au vu des besoins sociaux et environnementaux… Sur des projets qui font déjà vivre la démocratie, qui permettent le débat de manière différente. Je pense évidemment au fonds de soutien des lieux culturels qui me tient à cœur et qui n’est toujours pas financé.
Vous l’aurez compris, mes chers collègues, la question que pose la création du Théâtre de la Concorde relève moins de l’opportunité politique de créer un tel lieu que de son opportunité budgétaire et de méthodologie.
Le fait d’en avoir confié les rênes à l’inestimable historien Patrick Boucheron, la liste des personnalités ainsi que des noms composant son comité de préfiguration sont autant de points positifs qui favorisent néanmoins notre approbation.
Paris doit continuer d’être une terre de culture et d’accueil. Mettons tout en œuvre pour refuser le retour des idées fascistes, pour renouer avec le dialogue en faisant en sorte de sortir des sentiers battus. Nous devons toutes et tous sortir de nos zones de confort, en inventant des formes qui puissent répondre, dans leur infinie diversité, aux demandes d’une société de plus en plus fracturée.
Si nous y arrivons avec le Théâtre de la Concorde, alors tentons le ! Mais veillons à ne pas créer un énième outil qui ne répondrait qu’à nos propres préoccupations !