Chers collègues, j’aimerais commencer mon intervention par un message de soutien au Happy Café, ce bar "gay" de Brest qui a dû fermer malheureusement vendredi dernier suite à un appel, je cite, "à brûler des ’pédés’". En plein mois des fiertés, une homophobie décomplexée, éructation des pires haines, continue à se déployer dans notre pays. C’est désolant, déplorable et surtout intolérable.
Malheureusement, cette actualité est symptomatique d’un phénomène global en Europe et en France, celui de l’augmentation des violences à l’encontre des personnes LGBTQI+. Une forte hausse non seulement de la violence contre ces personnes, mais aussi de l’intensité de la violence. Les agressions physiques ou verbales anti LGBTQI+ sont en hausse en France, en Allemagne, en Roumanie, en Islande, en Irlande et la liste est longue, je ne peux pas citer tous ces pays.
En France, cette année l’association "SOS Homophobie" a recensé 1.500 signalements relatifs à des situations de haine homophobe ou transphobe, soit une hausse de 26 % des actes transphobes et une hausse de 28 % des agressions physiques, dont une tous les deux jours. Je pense aussi à notre collègue élu montreuillois, Luc DI GALLO, victime d’une violente agression homophobe début juin, après avoir été ciblé "via" une application de rencontre. Je souhaite lui adresser tout notre soutien suite à cet acte dont l’ignominie n’égale que la lâcheté.
Je pense aussi au jeune Lucas, qui a mis fin à ses jours le 7 janvier dernier, pour ne plus avoir à supporter le harcèlement et les insultes à caractère homophobe dont il était victime quotidiennement.
Par ailleurs, combien de fois un jeune a-t-il été mis à la porte parce que ses parents n’acceptent pas son orientation sexuelle ? Pour citer un slogan aperçu sur de nombreux panneaux à la Pride, "mieux vaut une paire de mères qu’un père de merde". 10 ans après le vote du mariage pour tous, ces histoires et ces chiffres nous montrent à quel point la marche est encore haute pour mettre fin aux LGBTQI phobies. Oui, nous devons nous employer à retisser les fils, recréer du commun, faire société ensemble. C’est le sens de ce projet de délibération. La Ville de Paris n’a pas attendu cette année pour s’engager aux côtés des personnes LGBTQI pour leurs droits. Parmi les 32 associations subventionnées dans ce projet de délibération, je n’en citerai que quelques-unes pour leurs actions.
L’association "Acceptess-T", actions majoritairement dirigées vers les personnes étrangères faiblement scolarisées en situation de détresse, pour répondre aux problématiques sur la transidentité, l’immigration, la prostitution ou l’exclusion.
L’association "Basiliade", qui fait un travail très important auprès des jeunes exclus par leur famille et sans domicile. Elle a permis notamment la mise en place de colocations à Paris. Je pense à des associations sportives comme la "Fédération sportive LGBTQI+", ou bien l’association "Les Dégommeuses", qui comme l’a rappelé Geneviève GARRIGOS fait un travail très important, aussi divers, pluriel que riche. L’association "Les Audacieux" ou bien l’association "APGL", qui travaillent sur les questions de parentalité.
Là aussi, certains et certaines se sentaient menacés, au point de ne pas voter la subvention à cette association, par des lectures de contes dans les crèches. Il est vrai que le petit Chaperon rouge, parfois c’est effrayant, mais c’est aussi effrayant dans le message que ces contes véhiculent.
Je suis très heureuse que les enfants, dès le plus jeune âge, puissent enfin entendre des récits qui parlent autrement des hommes et des femmes que sous le sceau de ces contes qui ont bercé notre enfance. Il a fallu beaucoup d’années à certains et certaines pour les déconstruire.
Malheureusement, la déconstruction n’est pas aboutie partout et pour tout le monde.
C’est dans ce contexte que nous avons encore plus besoin de soutenir ces associations comme vous le faites, Monsieur le Maire. Toutes ces revendications, nous continuerons donc à les porter, ici dans l’hémicycle du Conseil de Paris, mais aussi ailleurs et jusqu’à la prochaine marche des fiertés parisienne. Que cette marche puisse être tout aussi réussie que celle de cette année, festive, revendicative, et avec une organisation permettant à chacun et chacune de trouver sa place, et à toutes les revendications de s’exprimer. Je vous remercie.