Le SamuSocial, ce sont des missions très diverses, c’est le numéro d’appel du 115, ce sont des centres d’hébergement, c’est un observatoire sur la pauvreté et la précarité, c’est aussi la Halte des femmes dans cet Hôtel de Ville, au rez-de-chaussée, et ce sont des missions diverses extrêmement précieuses. Heureusement que le SamuSocial est là depuis 30 ans, chaque jour, pour essayer de parer un peu plus, de faire quelques remparts contre la pauvreté et la misère. Je ne dis pas "résoudre", parce que vous savez très bien la situation dans laquelle nous sommes, mais plutôt "parer".
La situation actuellement est absolument catastrophique. Il n’y a pas d’autres mots. La pauvreté et la précarité n’ont de cesse de progresser. Malheureusement, Conseil après Conseil, nous avons toujours les mêmes constats, et la précarité et la pauvreté augmentent toujours plus. Toujours plus de personnes à la rue sont décomptées Nuit de la Solidarité après Nuit de la Solidarité, et le 115, le SamuSocial, va mal aussi. Les salariés se sont mis en grève au mois de septembre dernier, et ce n’était pas la première fois, pour dénoncer des conditions de travail extrêmement difficiles, difficiles pour eux dans leur travail au quotidien, mais aussi dans la réponse qu’ils n’arrivent plus à apporter aux usagers.
Nous avons souvent eu le débat que "le 115 est saturé, il faudrait régionaliser le numéro pour pouvoir mieux prendre les appels", mais ce n’est pas cela, le problème. Bien sûr, il faut plus d’écoutants et d’écoutantes au 115 et qu’ils aient de meilleures conditions de travail, mais le problème est qu’il faut surtout plus de réponses à apporter. Aujourd’hui, la durée moyenne pour un écoutant ou une écoutante du 115, c’est sept mois, parce que tout ce qu’ils ont à dire au téléphone à des familles, à des femmes enceintes, à des hommes seuls, à des personnes qui passent la nuit dehors dans des conditions climatiques comme celles que nous avons connues hier est : "Désolé, nous n’avons pas de réponse à vous apporter". C’est dramatique. C’est dramatique pour les personnes qui entendent cela. C’est dramatique pour les personnes qui le disent, qui n’y arrivent plus et qui ne restent pas au 115.
Certains salariés du SamuSocial sont eux-mêmes hébergés dans des hôtels du 115. Vous imaginez ? C’est cela, aussi, l’état de la précarité dans notre pays aujourd’hui. Il y a des personnes qui ont un travail, qui ont un salaire, mais qui n’arrivent même plus à se loger décemment et dignement.
Nous redisons donc tout notre soutien à tous les salariés du SamuSocial dans leurs combats et dans leurs missions au quotidien, et nous insistons pour que le soutien de la Ville de Paris continue, que celui de l’Etat continue, qu’il s’engage toujours plus, et surtout que l’on ait beaucoup plus de solutions d’hébergement. Là aussi, nous le savons, des solutions sont possibles, il y en a plein à Paris et partout en France. Maintenant, il faut de la volonté politique pour les mettre en oeuvre.
Le 115 à Paris, c’est + 100 % d’appels entre 2022 et 2023. Deux fois plus de personnes ont appelé. Or, celles et ceux qui ont participé à la Nuit de la Solidarité savent combien de personnes nous rencontrons, que nous pouvons même rencontrer tous les jours, qui nous disent : "Je n’appelle plus le 115 depuis bien longtemps, parce qu’il n’y a pas de solution".
Pourtant, il y a des endroits, nous le savons. Je pense à mon arrondissement, le 19e, qui est un arrondissement solidaire, mais qui n’est pas exempt de la solidarité. Je pense au lycée Brassens, qui est vide depuis plus d’un an, qui doit être mobilisé. Je pense, nous en avons parlé et nous étions tous d’accord, à l’hôpital du Val-de-Grâce, qui est vide depuis huit ans et que l’Etat refuse de mobiliser. Huit ans que nous laissons un hôpital vacant, pendant que des milliers de personnes dorment dans la rue, des familles, des femmes, des enfants, des hommes seuls.
Personne ne mérite de dormir sur un bout de trottoir. Maintenant, il est urgent de prendre des actions.