On peut et on doit même être très fiers de notre Maison des coursiers. Alors que les plateformes capitalistes de travail créent et organisent la paupérisation des travailleurs, exploitent des jeunes éloignés de l’emploi, des travailleurs étrangers, parfois de plus en plus même sans papiers, dans des conditions indignes, alors qu’elles murmurent aux oreilles d’un gouvernement qui leur cède tout comme en témoignent les révélations des "Uber Files", la Ville de Paris, elle, a su prendre ses responsabilités.
On connaît la situation de ces travailleurs, on sait que certains d’entre eux travaillent jusqu’à 7 jours sur 7 parfois 15 heures par jour et même pas pour 1 euro la course parfois, on sait combien il y a une dégradation organisée des conditions de travail et de rémunération, qui a pour effet de tellement paupériser ces travailleurs qu’ils n’ont même pas de quoi, par leur travail, payer leur loyer ou se payer à manger.
On se souvient du patron des "Restos du Cœur" qui dénonçait le fait que l’on avait dans les files d’attente des centres de distribution alimentaire, des personnes qui viennent demander à manger avec leur sac de livraison encore sur le dos.
Et donc, à ce phénomène, à cette orchestration par les plateformes de la paupérisation, il a fallu réagir et la Ville l’a fait avec ce dispositif qu’est la Maison des coursiers. A la Maison des coursiers, on peut aller boire un café, on peut boire un thé, chauffer son repas au micro-ondes, manger à l’abri, s’asseoir autour d’une table ou sur un canapé, accéder aux sanitaires, recharger son téléphone, ou encore simplement échanger, discuter, ne plus se sentir seul, isolé.
La Maison des coursiers permet aussi de s’organiser collectivement. Y sont organisées des réunions syndicales, des manifestations, des opérations de sensibilisation, etc. A la Maison des coursiers, on trouve aussi une aide à la rédaction de C.V. et de lettres de motivation. On va aider aussi les travailleurs à identifier des emplois et des formations qui sont pertinents et résultat : la Maison des coursiers a reçu près de 700 personnes depuis son ouverture, il y a moins de deux ans, et a permis la signature de 38 vrais contrats de travail, dont la moitié en CDI.
La Maison des coursiers organise aussi des permanences syndicales pour aider les travailleurs à se saisir de leurs droits. Près de 300 dossiers de demande de requalification devant les conseils de prud’hommes ont été constitués.
Il y a aussi des permanences associatives qui permettent par ailleurs d’aider les travailleurs à avoir accès à leurs droits à la santé, à l’aide sociale, ou encore à la régularisation de leur situation administrative.
La Maison des coursiers, c’est donc un dispositif d’inclusion holistique qui répond aux besoins des livreurs, aux besoins d’urgence sociale, mais qui agit aussi à la source de l’exclusion, la plateforme, en aidant à la contester sinon à la faire vaciller.
Alors, merci à Florentin LETISSIER pour son soutien, merci aux services de la Ville qui nous ont appuyés, cette subvention va permettre d’assurer la pérennité de ce dispositif qui est presque victime de son succès. Merci aussi beaucoup à "CoopCycle" et à Kevin POPERL notamment pour ce sens si aigu de l’intérêt général, de la défense des travailleurs. Merci à Circé LIENART qui coordonne avec brio cette maison, et merci à la CNT-SO, à Sud, à la CGT, au CLAP, à Médecins du monde, au centre d’action sociale Cerise, à l’A.M.I., à toutes ces structures qui aident à faire de la Maison des coursiers un dispositif d’inclusion si novateur, si engagé, si efficace. Je vous remercie.