Nous pouvons saluer le travail titanesque que représente ce plan, en matière de concertation, de travail avec toutes les institutions mais aussi d’expérimentation. Je pense notamment à l’exercice de crise en conditions réelles « Paris à 50°C » qui a démontré son efficacité.
Cette gestion efficace des crises est principalement rendue possible grâce aux moyens que l’on accorde à la fonction publique. Le premier pôle de résilience à une crise, c’est bien la puissance publique, ses fonctionnaires et les services rendus aux usagers. Le COVID a démontré que leur rôle est essentiel pour affronter la crise et les Jeux Olympiques ont démontré leur capacité à prévenir les potentielles crises.
En ce sens, le statut de la fonction publique est un outil de résilience pour les travailleurs. Je prends l’exemple de la perte d’heure de travail : on l’a vu durant la crise de la covid-19, un fonctionnaire étant titulaire de son statut, peut voir sa fonction arrêtée mais son salaire continue d’être versé. Cela doit nous amener à pleinement défendre ce statut dans la perspective d’une crise environnementale qui provoquera des pertes d’heure de travail, notamment en période de chaleur et peut-être demain, de nouvelles épidémies.
A ce sujet, nous pensons que l’action n° 40 « Renforcer les réponses face à la chaleur au travail » pourrait être renforcée. La Ville est d’ores et déjà prête à aménager les horaires de travail, les décaler et reporter les tâches les plus pénibles mais nous pensons qu’il faut briser un tabou : le travail doit pouvoir être arrêté en cas de situation de vague de chaleur. Car le décalage des horaires est une solution temporaire, mais face à des vagues de chaleur plus longues, plus fréquentes et face à la multiplication des nuits tropicales, ça ne diminue pas le risque pour la santé, car ça prive au corps la possibilité de bénéficier des heures les plus fraîches de la nuit pour se reposer.
Cependant, nous nous félicitons que la Ville porte, comme les communistes le demandaient un plaidoyer national pour que la prévention du risque canicule s’applique à l’ensemble des entreprises et donc des salariés en France.
Naturellement, en matière de crise on pense beaucoup aux aléas climatiques. C’est pourquoi nous adoptons un Plan Climat ambitieux et un PLU bioclimatique, qui vient à la suite de la stratégie logement 2035 présentée par Ian Brossat.
Cette philosophie qui irrigue notre politique du logement et de conception de la Ville, c’est celle d’épouser un urbanisme bioclimatique : ne pas artificialiser davantage les sols, privilégier la rénovation de l’existant, recourir à des matériaux plus durables et en somme produire des opérations bas carbone. Mais c’est aussi aller plus loin en débitumant et en végétalisant, en atteste l’objectif que l’on se fixe de 300 nouveaux hectares d’espaces verts ouvert au public. C’est un sujet qui, dans le contexte des crues et inondations qui ont frappé la France et l’Espagne, ne peut être sous-estimé.
Les crises peuvent être diverses mais il y a une tendance générale pour les dépasser : c’est la solidarité et la coopération. Cela passe par les services publics comme je l’ai dit plus tôt mais aussi par le soutien que ce plan réaffirme en matière de politique de lutte contre l’isolement des jeunes, des personnes âgées et des politiques en faveur de l’accueil des migrants, de soutien aux personnes à la rue. Soutenir et renforcer la solidarité n’aura que des effets bénéfiques pour affronter les crises en tout genre.
Renforcer la solidarité c’est aussi lutter contre la pauvreté. En plus du salaire, il y a des secteurs – ou des postes de dépense – sur lesquels on peut agir. Je pense notamment à l’alimentation où les communistes proposent d’ouvrir de nouvelles cantines et d’ouvrir plus généralement les cantines de la Ville aux parisiennes et parisiens pour favoriser l’accès à l’alimentation durable et lutter contre la précarité.
Je pense à notre politique ambitieuse en matière de logement social puisqu’on fixe un objectif de 40% de logements publics dont 30% sociaux, mais aussi à son corollaire : la rénovation massive de ces logements pour lutter contre la précarité énergétique dont sont victimes les classes populaires et moyennes. L’étude de l’APUR a d’ailleurs démontré que ces rénovations représentaient une économie de 200 à 450 € par an et par ménage.
En matière de réductions des risques et potentielles crises, la Ville doit avoir la main très ferme sur les DSP, concessions et marchés publics. Je fais notamment référence au risque qui pèse sur le réseau de gaz de la Ville et qui est accentué par la politique de sous-traitance et de risque calculé de GRDF, politique qui est le fruit de la privatisation d’Engie dont GRDF est la filiale. La mission d’information en la matière et ses conclusions sont très claires à ce sujet.
Mes chers collègues, personne n’a échappé à ce fait : en cas de blocage, Paris n’aurait que 5 à 7 jours d’autonomie alimentaire selon une étude de l’APUR. Car Paris ne produit que peu d’alimentation et son potentiel de stockage est aujourd’hui limité et se doit d’être renforcé. Dans cette étude, l’APUR rappelle que Paris est approvisionnée à 95% par camion. Elle suggère donc de développer le fluvial et le rail. C’est pourquoi nous vous proposons un amendement afin que la Ville envisage de réutiliser les tronçons pénétrants sur le territoire parisien de la Petite Ceinture qui permettront demain d’approvisionner Paris par le rail, donc de diversifier et réduire les potentielles crises d’approvisionnement mais aussi de décarboner nos flux logistiques ;
Enfin, si la stratégie est ambitieuse et fait aussi une bonne synthèse des différents plans que nous adoptons, mais chère Pénélope, je m’interroge tout de même sur l’historique des crises présenté dans le rapport. Cet historique où la grève des transports de novembre 2019 à janvier 2020 est citée au même titre que la seconde guerre mondiale, les attentats de 2015, les crues de la Seine ou la pandémie… Nous espérons que cette conception de la grève comme crise n’infusera pas dans le cycle d’événements sur l’histoire et la mémoire des crises à Paris qui est prévu dans ce plan.
Mes chers collègues, pour conclure mon propos, je crois que la meilleure façon d’être résilient c’est de sortir du capitalisme. Comme vous l’avez remarqué, les crises se multiplient et s’intensifient : c’est le fruit de ce système qui ne perdure qu’en créant les conditions des crises et qui prospère sur celles-ci, ce système qui épuise les travailleurs et les ressources naturelles et qui en somme affaiblit nos conditions de vie. Je vous remercie.