L’énergie est à la base de tout mouvement. De sa maitrise peuvent surgir des révolutions. Comme la révolution industrielle qui s’est basée sur les énergies carbonées, à l’origine désormais du réchauffement climatique, tel un boomerang qui reviendrait après un siècle.
Face à cette menace, il y a urgence à agir. En transformant nos sociétés, ses modes de production et de déplacement, pour baisser nos émissions de gaz à effet de serre.
Mais cette action doit toujours viser l’intérêt collectif. Et se coupler à la délibération collective. Les solutions technocratiques ou le capitalisme vert, ne sont que des leurres. La transition écologique sera sociale ou ne sera pas.
A cette tendance de fond s’ajoute la guerre en Ukraine. A l’exigence de baisse tendancielle de l’usage des hydrocarbures, vient percuter la difficulté d’approvisionnement en énergie pour cet hiver. Naviguer entre ces deux contradictions est difficile. C’est une question de curseur. Mais notre fil conducteur reste le même : coupler social et écologie, humain et environnement.
La communication que vous faites détaille ce double mouvement.
Permettez-moi cependant de commencer avec deux points de désaccord, avant de détailler nos nombreux points d’accord.
Le premier point concerne la baisse de consignes de chauffage des bâtiments scolaires. Comment pouvons-nous fixer un objectif dans les écoles et les collèges qui va en deçà de l’objectif national des 19° ? Sachant que ces 19° seront déjà difficiles à tenir. Les 19° seraient-ils trop chauds ? Alors même que les établissements scolaires accueillent un public jeune, et statique ? Avez-vous essayé de faire cours dans des locaux trop froids ? J’ai dû le faire avec mes étudiant·es. Le résultat est mauvais en termes de concentration. Les élèves doivent se concentrer sur les savoirs, pas sur leur doudoune. Des retours d’expérience médicaux existent, notamment de Suisse : à des températures trop fraiches, la concentration faiblit.
Et puis, il y a aussi le Covid. Avec beaucoup de retards, nous avons déployé des capteurs de CO2. Mais leur but est de permettre d’aérer les locaux. Comment le faire si le chauffage est insuffisant ? En négligeant les conditions d’étude dans nos établissements scolaires, l’équilibre entre économie d’énergie et social est rompu.
Alors je vous demande de revenir sur cette consigne. Elle a été prise sans l’accord du groupe communiste.Nous ne l’approuvons pas.
Le deuxième point que je voudrais aborder est un grand absent de cette communication. La crise actuelle de l’énergie n’est pas due qu’à la guerre en Ukraine. Elle est aussi largement causée par les logiques du marché. Car l’électricité en France ne dépend aucunement du gaz russe. Et le pétrole, pas plus.
Redisons-le. La dérégulation de l’énergie et la privatisation du secteur sont largement à l’origine du dérapage actuel des factures.Nous n’avons eu de cesse de combattre cette logique de concurrence. À tous les niveaux, et même en ce Conseil. Nous n’avons eu de cesse de dénoncer le recours à des entreprises qui spéculent sur le marché de l’énergie tout en affaiblissant le service public.Comme E-pango ou Hydroption, qui rompent leurs contrats de fourniture à Paris, laissant les collectivités, les bailleurs sociaux, les consommateurs, face à des cours de marchés faramineux.
Les logiques du marché de et la spéculation creusent les problèmes actuels. Ce sont donc cette logique de fond que nous devons attaquer. Sous peine de lutter avec lance-pierre contre un tsunami.Nous voulons donc une énergie véritable bien commun, géré par un service public, seul à même de concevoir les intérêts de long terme. C’est le sens notamment de l’appel des maires, qui fait l’objet d’un vœu.
Ces deux remarques énoncées, nous saluons bien sûr nombre d’actions rappelées dans cette communication. Beaucoup ont déjà été débattues depuis plusieurs années en ce conseil. Bien sûr, je tiens à saluer l’action de Ian Brossat et Jacques Baudrier. La rénovation des bâtiments publics et du logement social représente le gros de nos investissements en matière de transition écologique, 605 M€ et 537 M€ respectivement depuis 2007. Je salue aussi l’engagement de Dan Lert, et le développement du réseau de chaleur urbaine ou de la géothermie qui sont des énergies renouvelables socialement intéressantes.
Dans le court terme de cet hiver, nous prévoyons des mesures supplémentaires, comme l’extinction des façades extérieures dès 22h, la mise en place d’un réseau de référents de sobriété énergétique, la mobilisation du secteur tertiaire privé qui représente plus de 30% des consommations. Tout cela est positif.
Pour conclure, je rappellerai notre vision qui conjugue le social et l’écologie. Qui conjugue intervention publique et justice sociale. Transformer nos usages et notre système de production de l’énergie, oui. Toucher aux services publics, comme les écoles, non. Bref, nos débats se poursuivront au-delà de cette communication.