nous sommes effectivement appelés à voter le schéma départemental parisien d’accueil et d’habitat des gens du voyage pour 2024-2030. Je voulais souligner la qualité du travail et la qualité de ce schéma, tant sur le fond que sur la forme, sur un sujet qui, nous pouvons le dire, est un angle mort des politiques publiques et qui, partout en France, ne se matérialise bien souvent que par des grosses pierres et des dispositifs de matériels urbains qui visent à empêcher l’installation des personnes plutôt qu’à favoriser le développement d’aires d’accueil ou d’aires de passage, ou encore de terrains locatifs familiaux.
Je ne suis pas sûre qu’il y ait un Département de France qui respecte son schéma et qui soit en accord avec le nombre de places qu’il devait créer. Cela doit nous alerter, chers collègues qui êtes parlementaires. Je pense que nous avons aussi besoin que ces politiques bénéficient d’un coup de pouce ou d’un "focus" national, et que nous ne laissions pas chaque Département se "dépatouiller", certains, comme Paris, avec des volontés politiques de faire bien, de faire mieux, de faire autrement, et d’autres avec des volontés de cacher cela plus loin, à côté d’une usine, en zone inondable, sur un terrain pas forcément très adapté, calé entre la voie ferrée et la déchetterie. Je vous invite donc, chers collègues parlementaires, à vous saisir du sujet pour en faire une cause nationale.
Pour revenir à notre schéma parisien, c’est un bon travail sur la forme. Il faut le souligner, il y a eu un vrai travail d’analyse du schéma précédent, mais aussi de concertation avec les premiers et les premières concernées, à savoir celles et ceux qui habitent dans ces aires aujourd’hui et les associations qui les représentent. En tant qu’élus membres de cette commission, nous avons aussi été conviés à quelques réunions, et les services de la Ville, que je voudrais saluer, qui effectuent un gros travail, étaient présents aussi.
C’est un bon travail que nous saluons sur le fond, puisque ce plan permettra de répondre, nous l’espérons, à un double enjeu qui n’est pas aisé. Tout d’abord, un enjeu de sédentarisation et d’aspiration à la scolarisation des enfants, par exemple. Là aussi, la Ville de Paris a fait un énorme travail et tous les enfants qui résident sur les aires d’accueil vont à l’école, dans le 12e arrondissement ou dans le 16e arrondissement. C’est extrêmement important.
Cette scolarisation des enfants a pu faire naître des aspirations à poursuivre des scolarités au-delà du collège et à une volonté de rester à Paris. Je ne dirais pas de "s’ancrer" à Paris, parce qu’en réalité, quand on discute avec eux, on découvre qu’ils sont souvent à Paris et en Ile-de-France depuis extrêmement longtemps, voire depuis plusieurs générations. Il y a une aspiration en même temps à préserver la spécificité de leur mode de vie, de leur culture de voyageurs, parce que ce sont des gens du voyage, auxquels nous avons donc besoin d’apporter des réponses adaptées à leurs aspirations.
Je pense que la proposition de dissocier le mode de fonctionnement des deux aires est extrêmement pertinente, en ayant une aire qui reste une aire d’accueil avec du passage, et une autre aire plutôt de sédentarité.
J’entends vos inquiétudes, Madame BALDINI, sur la bétonisation qui pourrait résulter de cette possibilité de se sédentariser. Je pense que la construction de quelques blocs sanitaires sera très éloignée de la bétonisation qu’a pu engendrer la fondation Louis-Vuitton dans le bois de Boulogne. Nous sommes largement à l’abri de milliers de mètres carrés perdus pour le bois, au contraire.
Nous avons eu la chance de visiter l’aire, et je remercie Léa FILOCHE de nous avoir invités à nous rendre sur place et à échanger avec celles et ceux qui y habitent parce que nous avons pu voir à quel point ces aménagements étaient importants. Je vous invite toutes et tous à voter ce plan.