Communistes Paris

Rentrée scolaire 2022

De l’aveu de plusieurs enseignants, la rentrée 2022 aura été un mauvais cru. Pas à cause d’un choc externe comme une mauvaise météo ou un virus.

Non, un mauvais cru dû à la politique Macron infligée depuis plus de cinq ans. Elle commence à porter ses fruits, sitôt sortis, sitôt pourris, à l’éducation nationale comme ailleurs. Le chaos a été particulièrement visible sur la question des postes. Quelques jours avant la rentrée plusieurs milliers n’étaient pas pourvus. Obligeant les rectorats, à Paris comme ailleurs, à recourir à des job-dating. A des salariés précaires. A des salariés sans formation. A des salariés qui démissionnent parfois au bout de quelques jours.

Quand ce ne sont pas les professeurs titulaires qui démissionnent au bout de quelques années. Au final, un mois après la rentrée, plus d’un collège sur 3 a *au moins* un poste non pourvu.

Cette crise des vocations a de multiples causes : gel du point d’indice depuis plus de 15 ans, conditions de travail dégradées, mépris de l’institution et de certains politiques... Le dernier rapport de l’OCDE le confirme : les enseignants français travaillent beaucoup, tout en étant parmi les moins bien rémunérés. Et la suppression de 7500 postes sous le dernier quinquennat, plus d’une centaine sur Paris, auront parachevé le tableau.

Bref, Mesdames et Messieurs les macronistes, cette situation dans les écoles est votre « œuvre ». Les enfants, les professeurs, les parents ne vous disent pas merci. Certes Emmanuel Macron aura tenté avec Pap Ndiaye de tourner la page du mépris du disparu Blanquer. Mais, au final pour conforter la formule « Il faut que tout change pour que rien ne change ». Nous sommes attachés sur Paris à favoriser les conditions d’étude les plus émancipatrices, et n’entendons pas passer cette mauvaise politique sous silence.

Nous demandons la vérité des chiffres. Car le rectorat peine à communiquer sur les postes précaires et les absences de postes. Il nous paraît essentiel que le rectorat vienne s’en expliquer afin que nous comprenions ce qu’il se passe réellement à Paris dans l’éducation nationale. Mais aussi dans les universités, cinq ans après la mise en place de la sélection généralisée de Parcoursup, qui a laissé plus de 22% de néobacheliers sans place cette année.

Au-delà de la question des postes, vous savez que l’éducation est aussi confrontée à la question structurelle de la mixité sociale. Structurelle car de cette mixité dépend la qualité du service public pour tou·tes, et pas seulement pour les privilégiés. Structurelle car de cette mixité dépend le vivre-ensemble de la société de demain. Vous le savez, la situation est mauvaise à Paris, l’académie la plus ségrégée de France. A cause particulièrement de l’enseignement privé qui est le mauvais élève de la mixité sociale. Mais plus alarmant, la tendance empire comme l’ont montré les chiffres de cette rentrée.

Je ne poserai pas la question du Que faire. Mais plutôt celle du Que faisons-nous ? Quand les quartiers favorisés mettent en place une sécession à bas bruit, quelle action entreprenons-nous ? J’avais porté en cette assemblée au nom du groupe communiste, le principe d’un bonus-malus visant à défavoriser les collèges ségrégés. Ce dispositif n’est qu’une étape, insuffisante à elle seule. Et compensée en partie par la revalorisation du forfait élève au privé. Il y avait eu bien sûr, bien avant, les collèges multi-secteurs. Mais désormais, quelles sont les pistes pour l’avenir ?

Nous faisons à nouveau des propositions.

Nous proposons d’étendre le dispositif de bonus-malus mixité des collèges aux écoles. Car la ségrégation commence de plus en plus tôt, et les outils statistiques sont à portée de main.

Et il est une autre ségrégation sur laquelle nous souhaiterions revenir, celle de genre. Car au détour de nos entretiens, nous avons découvert que plusieurs établissements parisiens privés sous contrat, séparent les filles et les garçons. Car pour eux, on n’enseigne pas pareil à des filles ou à des garçons. Cette aberration vient de loin, d’un cavalier législatif porté sous Nicolas Sarkozy par la frange la plus réactionnaire de certains soi-disant Républicains. Le résultat, c’est par exemple le collège Stanislas qui prône la « pudeur » féminine pour face aux « pulsions » des garçons. Ou qui prône la contraception naturelle sans évoquer les alternatives comme les programmes nationaux l’y obligent... Nous n’acceptons pas cette ségrégation de genre. Et même si vous le refusez, nous redemandons à nouveau de sabrer les dotations des collèges qui pratiquent la ségrégation de genre. Non pour discrimination. Mais pour cette ségrégation.

J’ai plusieurs autres sujets d’inquiétudes bien sûr. Par manque de temps, je ne vais que les évoquer.

Le premier concerne les consignes de chauffage dans les écoles et collèges à 18° cet hiver. Plus froid que la consigne nationale des 19° qui est déjà difficile à tenir. Nous y reviendrons. Mais cette consigne ne nous paraît pas adaptée à un public jeune et statique. Celles et ceux qui ont déjà fait cours dans des locaux froids, savent que la concentration du public n’est pas au rendez-vous. Quel message voulons-nous envoyer ? Que les 19° sont trop chauds ? Peut-être mais cela mérite débat, mais s’il-vous-plait, pas dans les écoles.

Mon second sujet d’inquiétude concerne les classes découvertes. J’entends d’un côté les enseignants et leurs syndicats nous dire tout l’intérêt qu’ils y portent. Et me signaler les nombreux séjours refusés. Et de l’autre côté, j’entends dire en Conseil que les demandes baissent. J’aimerais donc des données concrètes. Et point qui n’est pas un détail, nous demandons aussi le rétablissement du transport des bagages pour ces classes découvertes.

Nous voulons aussi garantir la délivrance de tickets de métro pour les sorties scolaires. La gabegie et le fiasco de la politique de Mme Pécresse en matière de transports en commun est désormais largement évident. C’est aussi vrai avec les sorties scolaires pour lesquelles la suppression des tickets n’a visiblement pas été anticipée par une Région bien loin des réalités.

Sans transition, nous sommes surpris de constater que la Ville a recours pour les enfants de ses agents à des cours privés comme Acadomia pour assurer du soutien scolaire. Alors même que le vivier d’agents compétents de la Ville est conséquent, pourquoi passer par de telles entreprises à but lucratif ?

Enfin, dernier sujet d’inquiétude, nous constatons que des collèges publics voient leurs dotations baisser. Alors même que leur démographie ne baisse pas. Nous avions demandé des éléments en 6e commission qui nous avait été promis. Nous n’avons rien vu venir. Et en l’absence d’éléments, nous nous abstiendrons sur les délibérations de subventions aux collèges.

L’éducation n’est définitivement pas un coût mais un investissement sur notre jeunesse et l’avenir. Lui donner des moyens à hauteur des besoins est bien le minimum que nous puissions faire.

Jean-Noël
AQUA

Élu du 13e arrondissement au conseil de Paris

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