Communistes Paris

Rentrée 2024 des enfants, des familles, des étudiants

L’éducation est le creuset de la société de demain, la source de l’émancipation des individus. Dans un monde marqué par les replis identitaires, les haines religieuses, les guerres et colonisations, le réchauffement climatique, les inégalités croissantes et les menaces sur la démocratie, il ne nous reste que le savoir, sa progression et sa diffusion comme espoir pour construire plus beau le monde de demain.

Quel contraste entre les enjeux, et la médiocrité voire la nocivité des politiques des différents gouvernements d’E. Macron. Aux besoins colossaux, sont opposés l’austérité, les suppressions de postes, le gel des salaires, le manque d’AESH pour une école vraiment inclusive, les réformes pédagogiques absurdes, la sélection généralisée, la progression du privé de la maternelle au supérieur, l’apprentissage comme aubaine financière pour les entreprises.

En cette rentrée, ce sont au final 56% des collèges où il manque des professeurs, et des milliers de postes d’enseignants ou d’AESH non pourvus, faute d’attractivité du métier. Et au mépris des politiques publiques s’ajoute le mépris du personnel politique. En un an, le ministère de l’éducation nationale aura vu défiler 4 ministres à sa tête. 4 !

Un mépris qui continue avec la nomination d’une ministre qui ne connait rien à l’Éducation nationale. Déjà surnommée la ministre des « bourdes », elle commence en proposant le recours aux retraités, ou entend recevoir les influenceurs Tiktok avant les syndicats. Un profil parfaitement dans la lignée d’Amélie Oudéa-Castéra, partie trop vite, qui aura parfaitement mis la lumière sur un combat qu’au groupe communiste nous menons depuis longtemps, le financement public de l’enseignement privé.

Les dysfonctionnements mis à jour lors du scandale Stanislas doivent nous alerter. Le rapport de l’inspection générale était accablant quant au non-respect du Code de l’éducation en imposant, par exemple, le catéchisme obligatoire pourtant explicitement interdit ; accablant sur le non-respect des programmes scolaires ; accablant quant aux harcèlements homophobes et sexistes. Plus d’un an après, en l’absence de changements, nous demandons la suspension du contrat liant Stanislas à l’État. Et je demande que la Ville en fasse désormais la demande comme il est en son pouvoir. Mais ce scandale a ouvert la boite de Pandore, et nous savons que d’autres établissements ont des pratiques similaires. Nous demandons donc une inspection générale des établissements privés parisiens.

Au-delà de ces pratiques délictuelles, l’enseignement privé pose un autre problème quant au séparatisme social qu’il entretient. Paris est en effet l’académie la plus ségrégée de France à cause des établissements privés sous contrat, qui sont tous, tous, des mauvais élèves de la ségrégation. Le privé sape la mixité sociale et si rien n’est fait, il risque de peser pour plus de 50 % des collégien.es d’ici à 2034 dont 95 % des CSP+.

La tendance est structurelle et accentuée par les suppressions massives de postes. Car E. Macron n’a pas oublié de faire du favoritisme, fermant 250 postes dans le public en 2024 mais seulement 50 dans le privé, alors qu’il représente un tiers des publics scolarisé à Paris. Je le redis, nous devons exiger la baisse des postes dans le privé pour les transférer dans le public. Au niveau national, c’est le chemin inverse qui se dessine avec la casse annoncée des services publics, faite de suppressions de postes, fermetures de classes, fermetures d’école, mais aussi de groupes de niveau.

Avec le soutien explicite du RN, la droite dans sa diversité, de Macron à Barnier, entend faire la peau aux fonctionnaires. Mais derrière ces postes de fonctionnaires, où qu’ils soient, que vous voulez supprimer, c’est le bon fonctionnement des services publics que vous détruisez.

Cette année encore, la rentrée s’est faite sous le signe de la saignée des postes à Paris, avec des classes bondées au maximum, des remplaçant absents, des options qui ferment... Ce choix est catastrophique. La baisse démographique, réelle mais qui ralentit, aurait dû servir à rattraper le retard de la France sur les taux d’encadrement. Pratiquement dernière en Europe, la France aurait pu combler son retard. Mais non, elle choisit de surcharger toujours et encore les classes. Et nous savons que la droite a prévu de continuer la saignée. Nous dénonçons ce choix irresponsable. Vous nous parler d’excellence pour l’école dans cet hémicycle. Mais vous cultivez la médiocrité.

La résistance s’organise pourtant. Sur les postes, les parents et syndicats sont massivement opposés à vos choix austéritaires. Sur les groupes de niveaux aussi, on ne compte plus les collèges qui, des professeurs aux directions en passant par les parents, ont choisi de ne pas les mettre en place. Par manque de moyens mais aussi parce qu’ils sont nocifs pour les apprentissages de tous les élèves.

Cette dégradation ne semble pas affecter nos collègues du groupe Demain Paris ! de Francis Spizner. Leur priorité des priorités pour l’école ? L’uniforme scolaire. On imagine avec jupe bleu marine pour les filles, pas trop courtes, mais pas trop longues. Et mocassins à glands pour les garçons. L’urgence absolue. Le nœud gordien de l’éducation. Un sens des priorités tout ... de droite. L’éducation est décidément un sujet sérieux.

Plus sérieusement, j’en viens aux professeurs de la ville de Paris qui développent de façon remarquable l’EPS, les arts plastiques et l’éducation musicale dans nos écoles. Nous connaissons les contraintes qui pèsent sur les professionnels, le manque de postes, notamment de remplaçants, mais aussi les contraintes horaires. C’est pourquoi nous posons un vœu visant à renflouer le corps des PVP et à effacer des suppressions de postes.

Un deuxième point entre nous concerne les appels à projets pour les dotations aux collèges. Comme l’an dernier, nous voterons contre son principe. Ces appels à projet mettent en concurrence les collégiens et les établissements. Les voyages scolaires, la mobilité pédagogique qu’ils financent contribuent à l’émancipation des élèves. Ils doivent être financés sur les fonds récurrents, sans concurrence. Sans oublier que cet appel est financé en prenant sur les dotations pédagogiques de certains collèges pour verser à d’autres. Nous pensons qu’en ces temps d’inflation et de besoins criants des collèges, leurs dotations devraient à l’inverse augmenter.

Au-delà de l’éducation nationale, cette rentrée 2024 est aussi marquée par le scandale des crèches privées à but lucratif. Depuis plusieurs années, les études officielles de Matignon, de la CAF, de l’IGAS, les enquêtes journalistiques ou dernièrement le livre Les Ogres de Victor Castanet mettent en lumière la mise en danger des enfants et les abus des prédateurs financiers de la petite enfance.

Heureusement, nous contractualisons peu à Paris avec ces établissements, une vingtaine de crèches privées sur 450. Nous proposons néanmoins par notre vœu qu’à chaque échéance de marché, de fin de DSP, la ville cherche la reprise en régie directe. Tout en garantissant un dispositif passerelle pour les salarié·es souhaitant intégrer la fonction publique. Nous voulons aussi interpeller le gouvernement pour changer ce modèle absurde qui permet à des entreprises privées de faire des bénéfices juteux avec l’argent public. Les collectivités territoriales doivent être au cœur de la petite enfance avec un soutien financier à la hauteur des besoins, permettant des revalorisations salariales indispensables.

Sans transition et sans surprise, vous nous savez opposés par principe aux crèches confessionnelles. Des crèches dont l’existence est garantie par le principe de laïcité, mais dont le financement ne peut pas dépendre de fonds publics, principe de laïcité encore. Vous nous savez attachés à une vision de la laïcité qui ne soit pas à géométrie variable, et nous voterons donc contre la DFPE 135.

Enfin, j’en viens au supérieur, pas mieux loti que l’éducation nationale. Il subit l’austérité de plein fouet. Après la suppression de 900 millions de crédits par le non-regretté Bruno Lemaire, voici 400 millions de nouvelles coupes par Patrick Hetzel. Cela fait beaucoup alors que la démographie étudiante ne cesse de croitre, de 350 000 pour cette rentrée. Alors que la précarité étudiante ne cesse de progresser. Alors que nous voyons s’allonger les files aux distributions alimentaires. Alors que les étudiants n’arrivent plus à se loger de manière décente et rognent sur leur santé et leurs repas, ce nouveau coup de rabot sur leur avenir tombe parfaitement mal, tout comme la hausse des frais d’inscriptions à l’université. Comme pour l’éducation nationale, au mépris de fond s’ajoute celui des politiques. Le nouveau ministre, adepte de l’homéopathie, de l’hydro-chloroquine et de la lutte contre les libertés académiques, tente grossièrement de maquiller sa page Wikipédia pour cacher son passé qui ne passe pas. Le manque d’ambition et de vision d’avenir n’est pas seulement une erreur, mais une réelle faute politique quand on connaît les enjeux du supérieur pour la jeunesse et notre pays. Et en particulier pour la ville de Paris comme le révèle l’étude de l’APUR. Et qui justifie tout l’action de notre ville en faveur du supérieur, des multiples aides sociales aux étudiants en passant par celles aux laboratoires et universités. Par un vœu, nous demandons donc au gouvernement d’annuler ses coupes budgétaires et l’augmentation des frais d’inscription. Et nous saluons toute l’action de la Ville en la matière.

Pour conclure sur tous ces sujets, je dirais que le savoir, son partage et sa production, est la condition de l’émancipation des individus, et notre seule chance de résoudre les problèmes complexes de nos sociétés. Mettre les moyens en face des besoins éducatifs immenses, est un non seulement un véritable marqueur de gauche, mais aussi la condition du partage des connaissances, des richesses et des pouvoirs.

Jean-Noël
AQUA

Élu du 13e arrondissement au conseil de Paris

En direct

Pour ne rater aucune actualité, inscrivez-vous à notre infolettre :

Notre projet Nos priorités pour Paris

Qualité de l’air, alimentation, pics de chaleur... La question écologique est au cœur des préoccupations des Parisien·nes et parisiens. Les problématiques de l’environnement, du social, de l’industrie et de la production sont liées. Il est nécessaire de conjuguer tous ces enjeux pour construire un projet écologique pour Paris. Ce sont des investissements ambitieux en matière de transport, de rénovation énergétique des bâtiments, d’alimentation, de végétalisation qui permettront de transformer la ville et (...)

Lire la suite

La ville de Paris est pleinement engagée dans la conduite de politiques publiques participatives. Conseils de quartier, budgets participatifs, consultations citoyennes, les habitant·es sont invitées à participer toujours davantage a la mise en place des projets municipaux. Mais nous devons encore renforcer cette co-construction. Communistes, nous avons la conviction que la construction dune politique est aussi importante que la politique elle-même. Si nous prenons conscience de cette nécessité, (...)

Lire la suite

Née de la volonté des collectivités de plus et mieux travailler ensemble, la Métropole aurait pu rester cette communauté de projets comme le souhaitaient la majorité des élu·e·s de la future zone métropolitaine. Pourtant, cette Métropole du Grand Paris, comme toutes les autres métropoles françaises est mal née. Elle a été créée sans que réellement la population ait été associée aux choix et à la logique de sa création. Le groupe communiste à Paris avait demandé que la population soit consultée par référendum (...)

Lire la suite

Paris, la ville-monde, la place financière dont Emmanuel Macron et ses inspirateurs veulent faire une plaque tournante de la circulation des capitaux en rivalité avec Londres, Francfort, Zurich... sera-t-elle un des leviers de la mondialisation capitaliste et des fléaux qui l’accompagnent ? Où sera-t-elle, non pas une protection contre ces fléaux, mais un levier pour une autre perspective, qui permette a toutes celles et a tous ceux qui le souhaitent de bien vivre à Paris ? En proposant d’agir (...)

Lire la suite

Pour être tenu au courant de l’actu de notre projet

S'inscrire