Chaque année, notre groupe alerte sur la fragilisation du service public postal. Et pour cause : le désengagement de l’État prive la Poste de 108 millions d’euros, ce qui l’entraîne entre autres à conclure des partenariats commerciaux tels que celui avec la plateforme Temu. Or, cette “plateformisation” du modèle économique mondial, centrée sur la maximisation des profits au détriment des normes sociales et écologiques menace nos services publics, et la Poste est en tête de liste.
À Paris, 62 bureaux ont déjà été fermés depuis 2014, fragilisant les publics vulnérables, notamment les personnes âgées ou celles confrontées à l’illectronisme. Les conséquences de ce type d’accord sont multiples : détournement des ressources logistiques vers un e-commerce à faible utilité sociale, saturation des centres de tri et hausse des coûts pour les usagers, avec par exemple l’augmentation de 7,4 % des prix des courriers et colis prévue au 1er janvier.
Pourtant, la Poste dégage un bénéfice net de 1,4 milliard d’euros, tandis que les agents subissent suppressions de postes, précarité accrue, cadences intenses et dégradations de leurs conditions de travail et de santé. Ce partenariat avec Temu reste choisi davantage que subi. Il s’inscrit dans la continuité d’une politique d’optimisation maximale prévue par la direction et qui accentue la perte de sens du service public, menace la cohésion territoriale et les commerces locaux, et contribue à la dégradation de l’environnement.
La Ville de Paris doit dénoncer l’accord entre la Poste et Temu, et solliciter l’État pour créer une taxe sur les plateformes afin de compenser l’usage de l’espace public. L’État doit réexaminer cet accord au regard de ses impacts sur les usagers, les travailleurs, l’environnement et les commerces de proximité, et surtout encadrer strictement tous les partenariats avec les plateformes de commerce international.

