L’école publique n’est pas un simple poste de dépense. Elle est le cœur de notre République. Cette évidence mérite d’être rappelée à la suite du rapport de la CRC.
Alors rappelons-le, l’école publique façonne l’avenir de nos enfants, elle forge l’émancipation. L’école publique est un ferment d’égalité, et un facteur essentiel de la justice sociale. Un facteur essentiel pour lutter contre les déterminismes sociaux.
Chaque décision qui fragilise nos écoles, chaque coupe budgétaire contre l’école, est un pas de plus vers l’injustice.
Le rapport met en lumière une hausse du coût moyen par élève de 23% en cinq ans, à rapporter au 15% d’inflation sur la même période. Et la CRC propose de réduire le réseau d’écoles pour « l’adapter à la démographie » dit en langage jésuitique, pour fermer des écoles pour maximiser le nombre d’élèves par classe, en langage clair. Mais réduire l’école à un simple calcul budgétaire, est trahir sa mission.
À Paris, la densité des écoles n’est pas une erreur, c’est un choix politique clair. Maintenir un maillage dense permet un service de proximité, des classes moins surchargées et un suivi attentif de chaque élève. Mais rappelons la réalité des choix pris par le ministère. Rappelons les débats des derniers CDEN. En supprimant chaque année des postes par centaines, nous en arrivons à plusieurs dizaines d’écoles à Paris où la moyenne est à plus de 25 élèves par classe. Au-delà de l’objectif affiché nationalement. Et bien au-delà de la moyenne européenne à 19 élèves par classe. Voilà la réalité dont nous parlons. Certes, certaines écoles ont une moyenne plus faible. Celles des réseaux REP ou REP+. Mais elles concernent des populations fragiles qui en ont précisément besoin. Près de 15% des écoles parisiennes sont dans un réseau REP/REP+. Nous n’imaginons pas que la CRC veuille viser ces écoles et les faire fermer.
Je veux également parler des animateurs. Le rapport dénonce des personnels souvent précaires et sous-payés. Sur ce point, nous sommes d’accord, il faut augmenter les salaires. Les avancées ponctuelles ne suffisent pas (certaines primes, des créations de postes avec le protocole de 2025). Il faut aller plus loin, et trouver les moyens pour le faire. Car la précarité, le manque de moyens pour les enfants à besoins particuliers, la valorisation des métiers sont toujours là.
Nous devons agir rapidement en instaurant un statut clair pour tous les professionnels de l’animation ; en contractualisant les vacataires, en augmentant les primes et l’IFSE, en professionnalisant le métier. Il est donc essentiel d’avancer vers la déprécarisation de l’animation, le recrutement d’agents titulaires et, à plus long terme, la création d’un service public de l’animation centré sur la formation et la professionnalisation. C’est essentiel pour garantir un service périscolaire de qualité, dans l’intérêt tant des enfants que des personnels. Le rapport rappelle également des dépenses élevées de fonctionnement, liées à l’enveloppe dédiée aux PVP, qui sont une richesse pour nos écoles. Certes, ce modèle crée une inégalité territoriale, mais il devrait être reproduit et étendu par l’État sur toute la France, plutôt que d’être supprimé à Paris. Les PVP jouent un rôle essentiel dans le développement de l’EPS, des arts plastiques et de l’éducation musicale. Ils participent de la qualité de l’éducation nationale. La CRC voudrait-elle un alignement vers le bas sur la qualité du service public d’éducation ?
Enfin, parlons des directrices et directeurs d’école. Leurs charges sont immenses : suivi éducatif et social des enfants, relations avec les familles, encadrement des personnels, sécurité des locaux, réunions, formations… Tout cela dans des conditions de plus en plus difficiles, avec des salaires gelés, des postes supprimés et une reconnaissance trop faible.
À Paris, 95 % des directeurs bénéficient d’un régime de décharge total. La Cour des comptes propose de réduire ce régime au niveau national, ce qui ferait passer ce taux à 17 %. C’est inacceptable. Ce n’est pas un privilège, c’est une juste reconnaissance du rôle central des directrices et directeurs d’école, qui permet d’assurer un encadrement de qualité.
Là encore, nous pouvons entendre que Paris a un régime mieux disant par rapport au reste de la France, un régime financé par la Ville. Mais précisément, si la CRC y voit un problème, il y a toujours la même solution. Faisons profiter des bonnes idées. Alignons par le haut. Dans l’intérêt du service public. Vous l’aurez compris. Nous prenons le problème par un autre bout que la CRC.
La CRC regarde la dépense, et cherche à adapter la qualité du service public à la baisse de la dépense. Nous prenons le problème en sens inverse. Nous regardons les besoins. Le long terme. Et nous cherchons les moyens pour répondre à la demande. Il nous semble qu’être responsable, c’est précisément prendre le problème dans cet ordre. D’autant que l’investissement dans l’humain aujourd’hui, est l’avenir de nos sociétés de demain.

