« La réalité c’est que l’on vit sur une poudrière ». C’est avec ces mots que Philippe Rio, maire communiste de Grigny, ville la plus pauvre de France élu meilleur Maire du Monde, évoquait le 29 juin la situation des quartiers populaires dans notre pays.
La poudrière c’est l’abandon de ces quartiers par l’État, le coup de feu, c’est celui du policier qui a provoqué la mort du jeune Nahel, et le Président Macron en pompier-pyromane vide la colère de toute sa substance et la dépolitise en évoquant au hasard, le rôle des jeux-vidéos et en menaçant de sanctions financières les parents.
Pourtant, contrairement à ce que pourrait laisser penser la grand messe présidentielle d’hier soir, les Maires ne sont pas restés les bras croisés, spectateurs de la violence sociale grandissante subie par les habitants et habitantes de quartiers populaires.
C’est d’ailleurs Philippe Rio, qui avait lancé en 2017, avec une centaine de maires de tous horizons politiques, l’appel de Grigny visant à interpeller l’État sur la situation des quartiers populaires.
Malheureusement, le plan Borloo, issu de l’appel de Grigny, qui préconisait d’agir sur l’éducation, l’emploi et les discriminations a été balayé d’un revers de main par Macron qui concède aujourd’hui qu’il a été « maladroit » sur la question. Il a en réalité fait perdre 5 ans à notre pays.
Mais parce que l’urgence sociale, elle, elle ne se balaye pas d’une bonne phrase, en 2021 de nombreux maires lançaient le Conseil national des solutions, là aussi transpartisan.
Nous, élus locaux, de Paris, ou d’ailleurs, nous sommes confrontés à ces problématiques très concrètes ; les solutions doivent être trouvées sur le terrain, avec les habitants, avec les associations, et enfin avec le concours de l’État, non l’inverse.
Qu’est-ce que le Président conclut de sa rencontre avec les Maires ?
Il ose affirmer que ce n’est pas une question de moyens, mais de méthode ! Comprenez qu’on dépense un « « pognon de dingue », et que l’on peut faire mieux avec moins : c’est justement cette rhétorique qui a mis au plus mal nos services publics et accentué le désarroi et le sentiment d’abandon des classes populaires.
C’est d’ailleurs présomptueux de conclure qu’il ne s’agit pas d’un problème de moyens à l’heure où les dotations des collectivités territoriales ont quasiment disparu. Face aux violences, pour le gouvernement et toutes la droite, le retour au calme passe par la seule réponse sécuritaire et ainsi les quartiers populaires redeviendront un épouvantail qu’on agite sur les plateaux de CNews.
Et à l’heure où nous discutons de l’évolution de la géographie prioritaire et du futur contrat-Ville, la Ville de Paris doit être entendue par l’État.
Alors, madame la Maire, chère Anne-Claire Boux, que prévoie la Ville de Paris afin de promouvoir l’égalité réelle dans les quartiers populaires, et ainsi poser les fondations de l’apaisement ? Chère Anne-Claire Boux, où en est le rapport que vous avez porté avec Jean-Luc Romero ?