Paris évolue, notre ville se transforme et avec elle, les mobilités. Cette évolution nous prend parfois de court : ce fut le cas des trottinettes. Profitant d’un vide juridique, des opérateurs en quête de profit ont lancé leurs trottinettes en libre service en 2018.
Voilà le résultat d’un libéralisme non régulé, occupant l’espace public sans aucune considération pour les Parisiens dans leur globalité.
Au cours des mois qui ont suivi et jusqu’à présent, la Ville de Paris s’est battue pour leur régulation. De nombreuses mesures ont été prises : restriction des zones de parking, réduction de la vitesse, limitation du nombre d’opérateurs.
Cette régulation était bien sûr nécessaire. Elle a permis d’améliorer leur disposition dans l’espace public et la sécurité des usagers. Les statistiques le prouvent : la trottinette est aujourd’hui aussi accidentogène que le vélo, et les principaux accidents sont en lien avec des voitures et non avec des piétons.
La régulation a donc en partie fonctionné, mais elle n’a pas réglé le, ou plutôt “les” cœurs du problème.
Le premier est d’abord d’ordre écologique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Aujourd’hui, la durée de vie d’une trottinette électrique est de 18 mois, soit environ 3 750 km. Et elle pollue, environ 130 grammes de CO2 par personne et par kilomètre parcouru. Si elle pollue trois fois moins qu’une voiture, elle émet sur l’ensemble de sa durée de vie six fois plus de CO2 par kilomètre que le métro.
Selon différentes modélisations, en prenant en compte l’impact de la manufacture et la gestion de la flotte, les trottinettes partagées à Paris auraient généré environ 13 000 tonnes de gaz à effet de serre supplémentaires à Paris en un an, soit l’équivalent des émissions annuelles d’une ville française de 16 000 habitants.
Nous touchons là un des cœurs du problème.
Car, si les transports représentent 14% de nos émissions de gaz à effet de serre et sont donc un levier dans la transition écologique, les trottinettes ne semblent pas y contribuer positivement. Pourquoi ? Parce que seule une petite partie des transports effectués aujourd’hui en trottinette étaient hier effectués en voiture ou en moyen de transport polluant.
Aujourd’hui, deux tiers des utilisateurs proviennent du métro et du RER, un quart du vélo et de la marche. Quant à ceux qui proviennent de la voiture, ils ne représentent que 7% des kilomètres parcourus en trottinettes.
Cela doit nous poser une question : pourquoi un certain nombre de parisiens ont-ils déserté les transports en commun pour leur préférer les trottinettes ?
La réponse est simple : l’amplification du phénomène de ces trottinettes en libre service correspond à une période de dégradation massive et accélérée de nos transports en commun.
Depuis des mois, nous le faisons remarquer à chaque conseil. Une fois de plus, nous voulons signifier notre opposition à la privatisation qui ne va qu’amplifier cette dégradation. Nous saluons la tribune signée très largement appelant à un report de cette mise en concurrence. Le deuxième problème est celui de la santé de nos concitoyens.
Aujourd’hui, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), 95% de la population française adulte est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique ou un temps trop long passé assis.
L’Anses estime même que 38% des adultes se trouvent en position de "sédentarité" assise ou couchée passive plus de huit heures par jour. Pour les Français les moins actifs, cela augmente le risque de mortalité de 40%
Les recommandations sont simples : pratiquer 30 minutes, 5 fois par semaine, une activité cardio-respiratoire comme monter les escaliers ou faire du vélo, courir, marcher à bonne allure.
Troisième problème concernant les trottinettes : le modèle économique.
Nous sommes ici face à des opérateurs porte-paroles de l’ubérisation. Derrière ces nouveaux modes de consommation, c’est un véritable capitalisme de plateforme qui a pris place avec des plateformes numériques de travail qui façonnent non seulement beaucoup de nos activités au quotidien, le monde du travail mais aussi notre modèle de société.
En 2019, un scandale avait éclaté concernant les conditions de travail des “juicers”, des travailleurs ubérisés qui rechargent les trottinettes. A l’époque, la plateforme fournissait six chargeurs, mais c’était à ces auto-entrepreneurs d’acheter les autres, jusqu’à 30. Un système de concurrence s’installait entre “juicers” afin d’avoir un maximum de trottinettes à recharger et donc d’optimiser les bénéfices.
Nous sommes ici à mille lieu du modèle communiste que nous portons pour la société, celui de l’humain et de la planète d’abord.
Nous préférerions la reprise en régie de ce système, l’utilisation multi-usage de la carte navigo pour l’ensemble des mobilités à Paris, ainsi que la déprécarisation des salariés ubérisés. C’est pourquoi nous voterons contre ce modèle lors de la votation du 2 avril.
Par ailleurs, la majorité présidentielle semble avoir des problèmes avec les votations citoyennes et la démocratie en général. Dans une interview au Parisien en date du 5 février, Sylvain Maillard, le patron de Renaissance Paris, s’est opposé à cette votation.
Nous profitons de notre intervention pour rappeler que nous, à la mairie de Paris, n’avons pas peur de consulter directement nos concitoyens lorsque celà est nécessaire. Pour dire également que le gouvernement devrait prendre exemple sur la mairie de Paris et proposer un référendum aux Français sur la question des retraites. Cessez d’avoir peur des Français, cessez d’avoir peur de la démocratie, et vive les référendums !