Le savoir, c’est l’émancipation. Le savoir, c’est le pouvoir. Le savoir, c’est la base du travail. Le savoir est la pierre angulaire de toute construction individuelle. Et sa transmission est essentielle. Et concerne pour la vie entière.
Certains ont la chance d’acquérir un savoir émancipateur dès leur enfance. Et ils continuent bien souvent à se former toute leur vie. D’autres n’ont pas eu cette chance. Et leur formation dans l’âge adulte est essentielle. D’autres enfin, et ils et elles sont nombreux et nombreuses, parlent mal notre langue, et ont un besoin incontournable d’apprendre notre langue. L’organisation par la Ville de Paris de cours pour adultes est pour tous ces enjeux, une réelle politique de gauche et émancipatrice.
Ce sont aujourd’hui quelques 27 000 auditeurs qui fréquentent chaque année les cours pour adultes de notre ville. Un tiers dans des cours de français. D’autres profitent pour reprendre une scolarité abandonnée trop tôt. D’autres bénéficient de formations professionnelles indispensables, ou profitent de validation de compétence. D’autres enfin se forment sur des enjeux non essentiels, mais si fondamentaux, pour apprendre des langues étrangères ou se former sur l’éco-responsabilité.
Le service aux usagers est louable et de qualité. La fréquentation de ces cours en est d’ailleurs la démonstration dans les faits. Et comme toute activité, des travailleurs et travailleuses assurent ce service. 850 agents avec des profils très variés, qui enseignent tous les soirs dans nos écoles et collèges. Ce sont elles et eux qui font la qualité de nos cours d’adultes.
Jusqu’ici ces professeurs travaillaient sur la base de contrats en homologie avec le GRETA. Mais avec des différences majeures pour s’adapter aux conditions de travail très particulières de ces professeurs : des temps partiels, avec un agenda contraint, le travail le soir, parfois sur plusieurs sites. La pénibilité est réelle et doit être reconnue.
Et voilà la loi de transformation de la fonction publique qui revient dans nos débats.
Cette loi n’a pas d’autre but que de réduire la dépense publique en imposant aux agent-es de la fonction publique territoriale de travailler plus pour gagner autant. Et de fait, c’est une loi qui impose à la Ville de Paris de sortir du fonctionnement en homologie avec le GRETA qu’elle appliquait et qui convenait très bien aux agents et à la Ville.
La présente délibération vise donc la rédaction d’un statut propre à ces agents, en tentant de faire les choses au mieux pour entrer dans le cadre de cette loi que nous rejetons en bloc mais qui s’impose à nous légalement. Parmi les nombreux effets indésirables de cette loi pour les professeurs des cours pour adultes, on trouve l’impossibilité d’exercer à la fois les heures de cours et les heures d’ingéniérie pédagogique les heures d’IP. Ces heures pourtant indispensables à la préparation des cours pour qui a un jour enseigné, doivent être retirées du temps de travail. Ce qui est inadmissible et entraînerait une perte d’heures et donc de salaire.
Nous savons que la Ville cherche des solutions variées pour maintenir les volume horaires et donc les conditions salariales. Et nous savons que la Ville a la volonté d’y parvenir. Mais au vu de la complexité des différents statuts, la présente délibération laisse des zones d’ombres ou présente des maladresses. Nous avons donc proposé quelques amendements à la délibération. Forcément techniques.
Le premier vise à supprimer des possibles fonctions, comme l’animation, dont on ne voit pas bien le rapport avec ces enseignantEs. Le deuxième vise à garantir la reconnaissance du travail de préparation de certaines activités avec le mécanisme d’une heure compte deux. Un mécanisme important tant on connaît la charge que représente la préparation des cours. Le troisième vise à garantir que ce mécanisme de reconnaissance de la préparation concerne l’évaluation des pré-requis des auditeurs, mais aussi l’évaluation et la validation des acquis des auditeurs. Le quatrième visa à limiter le nombre d’heures maximales hebdomadaires. Pour qui a déjà enseigné encore, il est impensable de demander 30 heures d’enseignement par semaine. C’est une charge beaucoup trop lourde, bien au-delà de ce qui se pratique dans les autres corps enseignants. Nous demandons donc une limitation à 25h. Avec la possibilité d’exceptions, mais uniquement lors des semaines d’accueil, sur la base du volontariat, avec l’activité d’évaluation des pré-requis. Enfin le dernier concerne une reconnaissance particulière pour la formation de formateurs.
Bref, vous l’aurez compris, nous comprenons les efforts faits par la ville pour rationaliser les contrats. Nous pensons que la délibération aurait pu et dû être affinée. Et nous sommes reconnaissants pour les échanges que nous avons eus pour améliorer le texte.
Enfin, je voudrais dire à M. Granier qu’un minimum de dignité s’impose dans nos débats. Vous avez le droit de méconnaitre l’héritage du conseil national de la résistance. Je sais que l’heure est au bouguiboulgui intellectuel. C’est bien dommage pour quelqu’un qui est élu. Mais c’est tellement courant aujourd’hui notamment à la droite et la droite extrême, que cela n’en est pas étonnant.
Mais nous faisons des séances de ciné-débat dans le 13e, avec les films de Ken Loach par exemple, de Gilles Perret et autres et je vous y inviterai, car visiblement la formation des adultes est vraiment un travail qui concerne aussi notre assemblée.