Comme l’a dit mon collègue Nicolas Bonnet-Oulaldj, nous saluons cette planification engagée sur les cinq prochaines années. Tous les chiffres le montrent : la pratique du vélo est en augmentation chaque année dans notre ville. Entre 2018 et 2019, Paris a vu augmenter son nombre de cyclistes de 54%. C’était plus 47% entre 2019 et 2020, et plus 20% entre 2020 et 2021. Sur certains axes, la fréquentation dépasse même celle des voitures aux heures de pointe.
Avec ces chiffres, il est clair que nous avons répondu à une demande, à un besoin de la population. C’est une vraie réussite et une réponse, aussi, à une partie de l’hémicycle qui, si on l’avait écoutée, aurait laissé Paris et ses quais de la Seine être des autoroutes à ciel ouvert.
Et c’est sans parler de notre Président Emmanuel Macron. Son bilan en matière de vélo est équivalent à son bilan en matière d’écologie, càd, en un mot : le néant. Le plan vélo mis en place en 2018 prévoit d’investir 350 millions d’euros sur 7 ans, et vous savez ce que ça fait, 350 millions sur 7 ans ? Ca fait 74 centimes par Français par an. Vous parlez d’une aumône !
Notre réussite à Paris est le résultat d’une logique simple : lorsque des infrastructures sécurisées sont mises à disposition des Parisiennes et des Parisiens, hé bien ils les utilisent.
Seulement aujourd’hui, c’est vrai, certaines pistes cyclables sont victimes de leur succès. C’est le cas par exemple du double-sens boulevard Sébastopol, de la piste cyclable boulevard Magenta, mais il y en a bien d’autres. Cette saturation nuit à la sécurité des cyclistes, mais aussi, à la sécurité des piétons. Elle est la source de nombreux accidents, qui suivent la même courbe d’augmentation que celle de la fréquentation des pistes cyclables.
La plupart de ces accidents ont d’ailleurs lieu aux intersections, sur les grands carrefours de notre ville. C’est le cas des différentes portes de Paris, où l’on ne compte plus les accidents, parfois mortels, depuis la fin du premier déconfinement. Ce sont aussi les lieux d’habitation des Parisiennes et des Parisiens les moins aisés. Celles et ceux qui sont encore trop souvent à l’écart des consultations, loin des associations les plus influentes sur la construction du plan vélo.
Donc en plus de l’écologie, veillons à ce que le vélo soit aussi pensé dans sa dimension populaire. Il s’agit de permettre aux habitants des quartiers populaires d’avoir accès à des infrastructures cyclables de qualité, à des places de stationnement sécurisées, et à des vélos à moindre coût. C’est le sens des différents vœux que nous déposons sur ce plan vélo.
C’est aussi la raison pour laquelle nous pensons nécessaire qu’il y ait un investissement important sur les pistes cyclables déjà existantes pour les agrandir, les sécuriser, les adapter. Nous constatons que le plan ne prévoit que de nouvelles créations pour les cinq prochaines années. Or nous souhaitons qu’il y soit également intégré ces adaptations d’aménagements déjà vieillissants.
Nous faisons alors un constat : celui que nous ne pourrons pas rénover les anciens aménagements et en créer de nouveaux avec le budget proposé ici. A Paris, 250 millions d’euros seront consacrés pour les cinq prochaines années. Cela représente 23 euros par an et par habitant. Et c’est vrai, c’est un investissement important quand on se souvient des 73 centimes de Macron. Mais au regard de nos besoins et de nos ambitions, je crains que cela reste tout de même insuffisant pour faire de notre ville une vitrine mondiale du vélo.
Pour s’en rendre compte, regardons nos métropoles voisines : à Lyon, ce sont 38 euros par an et par habitant, à Strasbourg, 40 euros par an et par habitant, à Utrecht aux Pays-Bas, la somme atteint même 122 euros par an et par habitant.
Pour Paris, nous demandons à ce que le budget de ce plan vélo soit rehaussé de 50 millions d’euros pour atteindre la somme de 300 millions d’euros. Nous formulerons alors cet amendement au budget voté en décembre prochain. Cette somme serait ainsi attribuée au réaménagement et à la rénovation des anciennes pistes cyclables. Elle permettrait de sécuriser les points de discontinuité sources d’accidents.
Je vous remercie.