Communistes Paris

Plan Climat de Paris : nous devons allier solidarité et écologie

Nous discutons de ce plan climat dans le contexte d’une COP 28 qui a péniblement accouché d’une timide « transition hors des énergies fossiles ». Le refus des états pétroliers de viser la sortie des énergies fossiles nous éloigne de la limitation à 1.5°C. La planète va se dégrader. Et les plus pauvres vont en payer le prix. Car les canicules, les inondations, les famines les touchent en premier. Les groupes pétroliers et leurs actionnaires vont continuer à polluer et à engranger leurs profits. Les eaux froides du calcul égoïste capitaliste nous entrainent vers le fond.

Il faut donc le redire. Le réchauffement climatique est déjà là.

Et nous devons penser autant l’atténuation, que l’adaptation aux effets du changement climatique. Qui ne se limitent pas au réchauffement mais portent aussi sur les évènements extrêmes : dôme de chaleur, pollution à l’ozone, crues du bassin de la Seine, sécheresse...

Dans ce contexte, on ne peut que saluer le travail des majorités de gauche, comme ma collègue Raphaëlle Primet l’a rappelé. Le bilan est là : entre 2004 et 2018, l’emprunte carbone de Paris a baissé de 20%, les émissions de particules fines, de 30%. C’est la réalité Mr Berthault quand on ne fait dans la fake news. Mais il reste beaucoup à faire.

Ce nouveau plan vise donc à approfondir et à amplifier la transition écologique. En intégrant les enjeux sociaux. Nous n’avons cessé de le plaider au fil des ans, parfois à contre-courant. Nous nous félicitons de cette nouvelle direction. Permettez-moi d’y revenir.

Un levier important concerne l’isolation des bâtiments. Tout d’abord le parc social.

Atteindre 40% de logements publics d’ici 2035, c’est permettre à toutes les classes sociales de vivre à Paris, mais aussi maitriser publiquement la transition écologique. La Ville, via ses bailleurs sociaux, va ainsi continuer à rénover 5.000 logements sociaux par an. Paris est la seule collectivité à respecter la stratégie nationale bas carbone. Il faut lire les faits Mr Bournazel. Et on ne peut pas dire qu’elle soit aidée par l’État qui ne propose que des miettes aux bailleurs sociaux.

Il en va de même sur le parc privé. Les 2.4 milliards engagés par l’État dans MaPrimeRenov’ ne seront finalement pas totalement consommés. Pendant ce temps, Paris se fixe l’objectif de 40.000 logements rénovés par an à partir de 2030 et observe une hausse des rénovations grâce aux aides de la Ville.

Par ailleurs, notre collectivité possède aussi près de 6000 équipements municipaux qui vont tous être rénovés. En particulier les écoles et crèches, à un rythme de 30 écoles et 10 crèches par an. Les budgets votés hier (200 millions d’euros pour 2024) montrent que nous mettons réellement les moyens en face des besoins.

Permettez-moi un bémol sur les écoles. Nous sommes en désaccord sur la baisse des consignes de chauffage des écoles. Les baisser à 18° comme vous le voulez n’est pas raisonnable, mais plus dogmatique. Nous le redisons, cette température est insuffisante pour des élèves statiques pendant les cours. La responsabilité d’une Ville est de procurer des conditions de travail dignes. Nous avons déjà de nombreux retours de classes insuffisamment chauffées. La semaine dernière, des professeurs ont fait cours dans la cantine. Dans d’autres classes, la température était de 13°C, avec des élèves en doudoune. Voilà où nous en sommes. Bien sûr, ce sont des dysfonctionnements. Mais pourquoi refuser la pose de capteurs permettant de les éviter ? Alors que plus de 10% de parisien.ne.s subissent la précarité énergétique à la maison, cela ne vous dérange pas de leur imposer à l’école ? Nous qui travaillons de façon statique dans cet hémicycle, je propose que nous mettions notre assemblée à 18° pour le prochain conseil, afin que nous parlions sur la base de l’expérience réelle, et non de façon dogmatique. Pour réchauffer notre assemblée, je voudrais désormais parler déplacements. Ils représentent plus de 20% de l’emprunte carbone, et les pollutions atmosphérique et sonore qu’ils engendrent touchent singulièrement les plus pauvres. Il est impératif d’accompagner la réduction du tout routier. Bien sûr, et en premier lieu, par la production de nouvelles lignes de transports en commun, et de pistes cyclables. Mais cette action se doit d’être juste socialement en accompagnant toutes les classes sociales à basculer vers d’autres modes de déplacement ou d’autres motorisations.

Je souhaite évoquer la mise en place de la ZFE. Sur ce sujet, nous demandons des aides financières pour les ménages voulant acquérir un véhicule CritAir 1. Cette proposition est importante afin que toutes les classes sociales puissent s’adapter à la ZFE. Elle a été votée à l’unanimité à la Métropole. Par l’ensemble des groupes politiques de cette assemblée, écologistes et socialistes. Mais vous revenez aujourd’hui sur votre vote, et refusez ces aides sociales. C’est incompréhensible et va alimenter la critique d’une écologie dogmatique, qui expulse. Nous voulons corriger le tir par un amendement qui reprend les termes du vœu de la Métropole.

Par ailleurs, nous nous félicitons de la volonté de la Ville de réduire la place de la voiture avec notamment l’objectif de rendre 100 hectares aux piétons d’ici 2030.

Et comme les symboles ont leur importance, permettez-moi aussi de plaider pour l’interdiction des jets privés, et contre pour la mal-adaptation comme les taxis volants promus par les macronistes et Valérie Pécresse. Les plus riches ne peuvent faire sécession aussi sur le sujet de la réduction de leur emprunte carbone.

J’en viens à la production d’énergie. La sortie des énergies fossiles est un défi technologique difficile. Les hydrocarbures permettent en effet le transport facile d’une énergie concentrée. Ce qui explique la difficulté à s’en sevrer, au-delà du lobbying de l’or noir. Dans ce contexte, nous ne pouvons nous passer d’aucune énergie décarbonnée, dont le nucléaire. Comme le planifie le GIEC dans ses 4 scénarios de respect des accords de Paris, car nous n’avons pas la lecture du GIEC à géométrie variable.

Nous sommes donc en désaccord avec l’objectif du « 100 % renouvelables ». Nous préférons « 100 % décarbonées », laissant ouverte la question de la place du nucléaire dans le mix électrique. Vous savez qu’avec d’autres associations écologistes en France et en Europe, nous sommes partisans des énergies renouvelables *et* d’une composante importante d’électronucléaire, 100% public, en raison de son impact environnemental très favorable, et des enjeux socio-économiques de réindustrialisation nationale et européenne. Pour sortir des énergies fossiles, encore à plus de 60 % du mix énergétique, l’électrification des usages est une donnée incontournable et appelle des moyens de production suffisants en base comme en pointe, *en complément* des mesures d’efficacité énergétique et de sobriété.

Dans tous les cas, il nous faut un cadre : le service public de l’énergie, qui permet autant des factures d’énergie moins fortes, un statut protecteur pour les agents, la lutte contre la précarité énergétique et au final ... la construction d’une énergie définie comme bien commun. Basée sur un monopole bien sûr, car nous ne cédons pas aux sirènes européennes, aux recettes libérales de privatisation, d’Ursula Von der Leyen et de sa majorité conservatrice, voulant détricoter le modèle français.

Le recours à EDF et aux tarifs réglementés de l’électricité doit être la ligne de conduite de nos collectivités locales, des services publics locaux et bailleurs sociaux. Les formules de recours aux acteurs du « marché électrique », même en PPA, favorisent la concurrence au détriment d’EDF. Nous plaidons à l’inverse pour le recours systématique au service public.

Le cadre public doit aussi être promu au niveau local. Avec ce plan, nous faisons le choix d’étendre le réseau de chaleur urbaine, tout en augmentant la part des énergies renouvelables qui l’alimentent. C’est important. Mais nous devons impérativement mieux coopérer avec les communes de la métropole. Notamment pour définir les 4 à 8 nouvelles installations CPCU et SYCTOM d’énergie renouvelable visées par le plan. Comme pour la gestion des déchets avec le SYCTOM, ou d’assainissement avec le SIAP, Paris ne trouvera pas seule son autonomie énergétique en chaleur. Nous devons penser un réseau à l’échelle métropolitaine. A ce sujet le besoin de vapeur produite par l’incinération des déchets des unités du SYCTOM, qui permet à ce jour à CPCU d’avoir une courte majorité d’ENR et une TVA réduite, ne doit pas être perdu de vue lorsque certains parlent du « zéro incinération ».

Un réseau pouvant en cacher un autre, nous voulons aussi souligner l’importance du réseau de climatisation urbaine. C’est un outil performant et vertueux et nous proposons de l’étendre en direction des EPHAD, hôpitaux et écoles.

Enfin, nous apprécions que la question du travail s’invite dans ce plan climat. Travailler lors des pics de chaleur risque d’être pénible, voire impossible. Nous l’avons développé lors de la MIE Paris à 50°C : il va falloir adapter le travail en période de canicule. Avec un amendement, nous plaidons pour que le code du travail intègre enfin cette dimension, en inscrivant notamment le risque « canicule, malaise mortel » dans la définition des risques en entreprise. Et nous proposons de préparer le possible arrêt de l’activité, ou plus simplement, sa modulation, pour les agents de la Ville, mais aussi les salariés des prestataires.

Ce plan climat intègre de nombreuses autres dimensions essentielles : alimentation, déchets, eau, urbanisme, santé, commerce, solidarité. Des désaccords subsistent. J’en ai cité certains. Ils feront l’objet d’amendements. Mais l’important est là. La Ville de Paris se dote d’un plan ambitieux à même de poursuivre et d’amplifier sa transition écologique, en lien avec les enjeux sociaux et professionnels. « L’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage. » disait Chico Mendes. L’écologie tissée de social peut, elle, servir toutes les classes, et la planète.

Jean-Noël
AQUA

Élu du 13e arrondissement au conseil de Paris

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