Réduire la circulation de véhicules thermiques dans Paris est un objectif crucial dans la lutte contre les pollutions, que ce soit la pollution de l’air ou la pollution sonore. De nombreux Parisiens sont concernés et la plupart du temps, ce sont ceux qui vivent dans les quartiers les plus populaires.
L’écologie et la maîtrise du territoire sont des demandes fortes qui appellent les pouvoirs publics à planifier et à organiser leur mise en œuvre. Nous pouvons toutes et tous ici nous accorder sur un consensus à ce sujet et nous inscrivons ces objectifs dans les priorités du groupe Communiste et Citoyen. En revanche, ce qui compte lorsque l’on se fixe un objectif, c’est, certes, le résultat, mais aussi la façon d’y parvenir.
Cette délibération participe à un changement fondamental de notre ville : celui de la mobilité. Or changer notre ville, c’est penser à toutes celles et ceux qui la composent. C’est pensez à ceux qui peuvent se déplacer en transports en commun comme à ceux qui ne le peuvent pas. A ceux qui ont besoin d’un véhicule pour travailler comme à ceux qui ont tout à disposition à 15 minutes à pied.
L’usage des véhicules motorisés n’est pas le même selon la catégorie sociale à laquelle on appartient, ou à laquelle on est assigné plus précisément. Il ne l’est ni dans sa raison d’être, ni dans sa fréquence, ni s’agissant du choix ou non d’y recourir.
Les 1% les plus riches polluent par exemple tout autant que la moitiée la plus pauvre de la planète. Pourquoi ? Car certains prennent l’avion plusieurs dizaines de fois par an tandis que d’autres n’ont jamais dépassé les limites de leur département.
C’est pourquoi, si nous voulons être compris dans les choix que nous prenons, nous devons être en capacité de défendre une vision juste et adaptée aux réalités que nous prétendons transformer. Et plus particulièrement aux réalités sociales.
S’agissant de la réduction de la place des véhicules motorisés, si notre objectif est d’acter un nouveau pas vers la transition écologique, alors celui-ci doit prendre en compte la diversité des situations et comprendre au minimum un volet de justice sociale.
Certes, les deux roues motorisées sont utilisées à 30% par des cadres et 26% de professions intermédiaires. Mais nous ne pouvons pas effacer ces livreurs et ces classes populaires qui l’utilisent également.
Aujourd’hui, le tarif qui nous est proposé dans cette délibération est beaucoup trop élevé. Car en plus de ce tarif doivent être ajoutés les prix de l’essence qui ont explosé, et les matériaux de réparation qui sont aussi victimes des prix de l’inflation.
Nous proposons donc un amendement afin de diviser par deux les prix initialement prévus par la délibération. Il s’agit d’aligner le prix du Pass 2 roues moteurs sur celui du pass navigo remboursé de moitié par le forfait mobilité. L’abonnement en secteur 2 serait donc à 35 euros, et en secteur 1 à 45 euros.
Comme pour la ZFE, nous pensons que l’écologie doit être sociale ou ne sera pas. L’imposition d’une limitation de la circulation pour certains véhicules sans alternative viable ne permettra pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre, comme l’imposition d’un pass sans accompagnement vers des mobilités plus douces.
C’est pourquoi nous nous abstiendrons sur cette délibération.