Nous avons décidé de soulever un problème d’ampleur qui concerne la France, et donc Paris : la statistique ethnique. Le recensement de l’INSEE comprend maintenant une question sur le lieu de naissance de la mère et du père.
Cette donnée servirait notamment à mesurer et agir contre les inégalités qui nous divisent en tant que citoyens. Or, notre groupe et moi sommes loin d’être les seuls inquiets. Dans une tribune, la Ligue des Droits de l’Homme, la CGT ou encore la Fédération Syndicale Unitaire, l’union syndicale Solidaires et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples considèrent, au contraire qu’elle “est un pas vers une possible inégalité de traitement par l’État sur cette base”, notamment dans le cadre de politiques possiblement mises en œuvre par l’extrême droite. Et au vu des dernières élections européennes et législatives, prévenir ne serait pas insulter l’avenir. Pour preuve : le Journal du dimanche du 16 janvier dernier a exposé que 74 % des électeurs du Rassemblement National se prononcent en faveur de la collecte et de l’utilisation des statistiques ethniques. Bruno Retailleau, s’est aussi déclaré très intéressé par cette perspective de décompte, un rappel que le RN n’est jamais seul dans ses batailles.
Les enfants de migrants ne représentent qu’une infime partie de la population, on compte majoritairement des descendants d’immigrés, qui sont eux bien Français. Dans ce contexte, cette question est au mieux inutile, au pire les prémisses d’une forme de fichage. Le vrai aveuglement, c’est d’estimer qu’il faut voir les couleurs pour pouvoir agir. Ce que nous ne voyons pas en revanche et qui est pourtant le seul vrai sujet, ce sont les financements de l’Etat nécessaires pour durablement remédier aux discriminations qui gangrènent notre pays. Nous devrions plutôt pouvoir agir pour pérenniser ce que d’autres, un jour au pouvoir, auraient tôt fait de détricoter.
Paris, ville de gauche qui accueille chez elle plus de 110 nationalités, doit se dresser contre le fichage ethnique, et refuser l’application de cette mesure dans les formulaires soumis à tous ses habitants, sans exception.