Il y a 40 ans commençait un combat. Un combat non pas d’une armée contre une autre, où deux adversaires se font face, visibles et identifiés. Mais un combat beaucoup plus pernicieux.
C’est le tout début des années 1980. Les premiers cas sont documentés depuis quelque temps, mais la méconnaissance est grande. Et c’est de cette méconnaissance que naît la peur, la haine, la violence.
Oui, il a fallu combattre. Combattre l’ignorance d’abord, en luttant contre l’opacité de l’industrie pharmaceutique et des grands laboratoires industriels. En luttant contre des personnalités politiques de tout bord qui refusaient d’ouvrir les yeux. Combattre simplement pour que cette maladie soit étudiée, renseignée, reconnue. Combattre pour mieux éduquer, mieux sensibiliser, mieux protéger.
Il a fallu combattre parce qu’à la méconnaissance s’est ajoutée la violence. L’homophobie crasse et indigne. Dès le début des années 1980, nombreux sont ceux qui iront présenter l’épidémie comme celle d’un “cancer gay”, avant de se rendre compte que femmes, enfants, hétérosexuels comme homosexuels pouvaient être porteur de la maladie.
Ces combattantes et combattants, ce sont d’abord les malades qui luttent pour survivre. Celles et ceux qui se sont battus sans aucune aide, puis avec des traitements expérimentaux sans connaître leur efficacité. Dans l’incertitude concernant leur destin, leur avenir.
Ces combattants, ce sont aussi ces militants qui se forment en association pour mieux lutter contre lobbys pharmaceutiques et gouvernants aveuglés. En France, c’est l’association AIDES créée par Daniel Defert en 1984. C’est Act Up-Paris créée en 1989 créée par Didier Lestrade, Pascal Loubet et Luc Cavoulin. Ce sont leurs actions coup de point, radicale, toujours utiles, qui ont pu faire avancer la recherche et faire évoluer le regard porté par la société sur cette maladie.
Ce sont enfin ces artistes, acteurs, chanteurs, cinéastes, écrivains qui ont écrit, filmé, raconté leur histoire et celle des autres. Ce sont Hervé Guibert, Mark Ashton, Arthur Ashe mais aussi tous ces anonymes, ces centaines de milliers d’anonymes, ces générations brisées par la perte d’un proche, d’un ami, d’un amour.
Depuis les premiers cas de sida, la pandémie a fait près de 35 millions de morts. Aujourd’hui, le combat continue. Il continue pour les 37,6 millions de personnes qui portent le virus. Il continue pour les 1,7 millions d’enfants qui portent le virus. Il continue pour qu’il n’y ait plus 690 000 personnes qui en meurent chaque année.
Oui, cette épidémie tue encore en 2021. En Afrique, elle est la principale cause des décès chez les femmes de 15 à 49 ans. Dans la région, 6 infections sur 7 chez les adolescents concernent les filles. Cela alors que le monde est en capacité de mettre fin à la pandémie.
Oui, les moyens existent. Nous regrettons que des traitements préventifs tels que la PrEP, ne fassent pas l’objet de campagnes nationales de santé publique en France, et dans le monde. Selon l’organisation ONUSIDA, seuls 29 milliards investis chaque année dans le monde suffiraient pour mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030. C’est l’équivalent de 0,03% du PIB mondial : une goutte d’eau dans la marée des profits des plus riches. Nous regrettons aussi que l’Etat ait reculé sur les campagnes de sensibilisations et de prévention pour limiter la circulation du virus, mais aussi pour continuer d’en parler. De parler du SIDA, de permettre la libération de la parole, de faciliter l’accès au dépistage.
Pour rendre hommage aux combattantes et combattants du SIDA et rappeler que le combat continue, les élu·e·s du groupe Communiste et Citoyen voteront à l’unanimité en faveur de cette délibération.
Je vous remercie.