En France, un agriculteur se suicide tous les deux jours. Cette réalité, c’est celle d’un métier difficile, qui demande un investissement total, et qui paie mal en retour. Il paie mal en reconnaissance, mais il paie aussi mal en salaire.
Notre pays est en danger : dans les dix prochaines années, plus d’un agriculteur sur deux va partir à la retraite. Souvent sans repreneurs, souvent laissant un savoir-faire sombrer dans le néant. Cette mutation se fait alors que notre système agronomique doit totalement être repensé avec la crise climatique qui doit changer certaines pratiques, en faire évoluer d’autres.
Comment recruter de nouveaux agriculteurs ? La réponse est simple : en les payant mieux en salaire, mais aussi en reconnaissant mieux leur travail. Nous nous félicitons de la loi portée et votée par notre camarade André Chassaigne à l’Assemblée Nationale qui a permis de revaloriser toutes les petites retraites des agriculteurs de 10%. C’est un premier pas, durement effectué, qui en appelle de nombreux.
A Paris, on estime à 3000 le nombre d’emplois qu’il est possible de créer dans l’agriculture durable francilienne au cours des dix prochaines années. Nous devons nous en saisir, et c’est l’intention de cette délibération que nous voterons.
Trop longtemps le métier d’agriculteur a été dévoyé. D’un côté les groupes agro-industriels étouffaient les vocations, de l’autre l’Etat a mal orienté les aides de la Politique Agricole Commune laissant les véritables agriculteurs en difficulté.
De plus, une mutation doit être effectuée dans notre région. Aujourd’hui, seuls 5% des terres en Île-de-France sont cultivées en agriculture biologique, et reste à 90% des céréales ou des betteraves sucrières. Nous ne pouvons rester dans ce modèle de quasi monoculture. Il est temps d’accompagner nos agriculteurs et nos agricultrices vers des cultures plus diversifiées qui permettront demain à la France d’être alimentairement suffisante. Nombreux sont déjà ceux qui entament cette mutation.
Cela passe par une refonte des aides au niveau national, mais également par des campagnes au niveau local afin de favoriser ces vocations vers des métiers parfois oubliés ou inconnus, trop souvent fantasmés.
Nous nous félicitons que les aides allouées par cette délibération permettent de transmettre cette vocation à des publics souvent exclus soit de notre système scolaire, soit de notre société. Ainsi, des jeunes en décrochage scolaire, des primo-arrivants en France, des personnes en reconversion professionnelle, des personnes porteuses de handicap, des réfugiés pourront être formés aux métiers en lien avec l’agriculture.
La demande en produits bios, sains, de qualité et accessibles à toutes et tous est en augmentation constante dans notre pays. Toutes les études le montrent : si nous souhaitons sortir du productivisme et effectuer notre transition écologique, nous aurons besoin de davantage d’agriculteurs et d’agricultrices dans notre pays.
Donnons nous les moyens de les former.