Le réchauffement climatique est déjà là, et ses conséquences, palpables. Les épisodes caniculaires vont devenir plus fréquents. Des températures de 50°C sont annoncées pour Paris. Et vont frapper durement, notamment les populations les plus fragiles et pauvres.
Elles toucheront toute l’organisation de la ville, du travail aux transports et réseaux d’approvisionnement (notamment d’électricité et d’eau), jusqu’à l’habitabilité des logements.
Nous devons nous y préparer, autant qu’agir pour limiter le réchauffement et ses conséquences.
En transformant et isolant massivement le bâti ; En végétalisant ; En développant des réseaux de climatisation ; En garantissant l’accès à l’eau et à des lieux frais ; En augmentant l’albédo grâce à des revêtements clairs des rues et des toits ; En déployant des solutions passives, comme les volets etc.
Premier sujet d’importance, le travail. Le risque caniculaire doit être pleinement intégré dans le code du travail. D’autant que les organisations patronales ont démontré leur manque flagrant d’anticipation et de prévoyance. Mais est-ce étonnant ? Mon camarade Jean-Philippe Gillet y reviendra dans un vœu. Le sujet est central. Et nous proposons de mettre en place un droit de retrait, et permettre l’adaptation de l’organisation du travail aux vagues de chaleur. Cela pourrait notamment passer par un code de couleur vert/orange/rouge, une météo du travail, permettant d’arrêter les fonctions non vitales quand la chaleur devient insupportable. Cela passe aussi par le rétablissement des CHSCT afin de permettre aux salariés de peser sur les conditions de travail et sur la sécurité au travail.
Deuxième levier d’action important, la végétalisation doit se développer dans une vision d’écologie populaire. La nécessaire végétalisation doit se déployer en priorité dans les Quartiers politiques de la Ville et plus généralement dans l’Est parisien, afin d’atténuer les inégalités environnementales. Car historiquement, la bourgeoisie a façonné Paris de sorte à ce que les nantis bénéficient d’un environnement de meilleure qualité, notamment végétalisé.
Évoquons un autre formidable outil, celui-ci industriel, qu’est le réseau Fraîcheur de Paris, vertueux tant socialement qu’écologiquement. Il ne s’est développé jusqu’ici qu’au profit des grands comptes essentiellement à l’Ouest parisien, dans les ghettos du gotha. Nous prônons une extension de ce réseau à l’Est de Paris afin (i) d’assurer un meilleur maillage du territoire et (ii) d’y raccorder des bâtiments publics tels que les crèches, les écoles et les EHPAD mais aussi du logement social.
Comme mes filles, j’ai gardé le meilleur pour la fin, avec la rénovation du bâti. Si la Ville investit massivement dans la rénovation du logement social, force est de constater que l’État est aux abonnés (presque) absents sur la rénovation du parc privé, qui est de sa responsabilité. Pour respecter la stratégie de la Cop 21, il faudrait rénover 40.000 logements par an à Paris, pour a minima 800 millions d’euros annuels. Nous en sommes à peine à 2.000 à cause de l’insuffisance des aides de l’État. L’inaction de la droite (macroniste ou non) est d’autant plus insupportable que cette rénovation créerait des emplois, diminuerait notre emprunte carbone et les factures d’énergie, en améliorant le confort tant d’été que d’hiver. En refusant de la financer, le gouvernement macroniste est coupable, et ce sont les générations futures qui sont condamnées.
Enfin, permettez-moi d’en venir au financement. Si le réchauffement climatique est largement dû aux logiques du capitalisme (son court-termisme et obsession de la rentabilité), ce n’est pas aux peuples à en faire les frais. Nous voulons des financements nouveaux dans la transition écologique, et mon camarade Nicolas Bonnet y reviendra. Nous déplorons que certains/la droite ait refusé un réel débat sur le sujet, mais nous nous apprécions que la mission ait retenu a minima notre proposition d’appel aux fonds européens fléché sur des critères écologiques et sociaux.
Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour, dit le poète. C’est la même chose pour l’ambition écologique. En parler sans poser les moyens de la réaliser est inconséquent. Nous le redisons donc : être responsable aujourd’hui suppose d’être radical.