Le budget présenté par le ministre Lecornu est l’un des plus austéritaires de ces dernières années. Derrière les prétendues économies de 40 milliards, ce sont en réalité 50 milliards de coupes qui frappent les services publics, la protection sociale et les politiques publiques.
Et cette austérité ne vient pas d’une explosion des dépenses, mais bien d’un choix politique : depuis 2017, les allègements fiscaux et subventions aux grandes entreprises et aux plus riches ont atteint 212 milliards, 212 milliards qui pèsent lourdement sur les finances publiques et nourrissent une dette profondément injuste. Au lieu de taxer les grandes fortunes, le gouvernement réduit leurs impôts, puis explique aux classes populaires et moyennes qu’il faut « baisser les dépenses ». Résultat : un cycle récessif qui s’auto-entretient, année après année.
Les mouvements sociaux — gilets jaunes, retraites, mobilisations de septembre — ont montré qu’une grande partie du pays rejette cet ordre social fondé sur les privilèges. Et pendant que l’alliance de droite et d’extrême droite protège les milliardaires, ce sont les collectivités et les services publics qui paient la facture. Cette année, la culture est l’un des secteurs les plus violemment touchés.
Pour la première fois depuis 2017, le budget du ministère baisse de 7 %. Le Sénateur centriste Laurent Lafon parle de « rupture historique ». Et c’est en effet le bilan de Madame Dati. Le budget du patrimoine – qu’elle érige pourtant en vitrine – chute de 18 %. Les crédits pour l’éducation artistique et culturelle, tout comme le Pass Culture, sont divisés par deux. Ces coupes ne sont pas neutres : elles frappent la création émergente, l’accès des jeunes aux arts, les acteurs indépendants et tout l’équilibre du secteur.
Et dans le même temps, Madame Dati accuse les collectivités de se désengager… alors qu’elles assurent déjà 70 % de la dépense culturelle publique.
À Paris, nous faisons le choix inverse : celui d’une culture vivante, ouverte, populaire ; d’un droit commun, pas d’un privilège réservé à quelques-uns. Mais notre capacité d’agir est aujourd’hui directement menacée par les 4 à 10 milliards d’euros d’efforts imposés aux collectivités. Pour Paris, la ponction pourrait atteindre 230 millions d’euros.
Pour préserver nos services publics, nos équipements culturels, nos bibliothèques, nos conservatoires, nos théâtres, nous proposons une fiscalité juste et ciblée. Les baisses d’impôts de production n’ont eu aucun effet sur l’emploi ou l’investissement, tandis que l’État supprimait aux collectivités leurs derniers leviers fiscaux.
Nous demandons donc des mesures efficaces : tripler la taxe sur les logements vacants et les résidences secondaires, créer une surtaxe sur les biens vendus à plus de 10 000 €/m², remettre du logement sur le marché et faire contribuer les propriétaires aisés. De même, la transition écologique exige de renforcer MaPrimeRénov’ et de relancer la production de 250 000 logements sociaux par an.
Mais voilà : celui que l’on appelait le « Mozart de la finance » a creusé 1 200 milliards de dette en huit ans, et demande désormais aux collectivités de payer ses erreurs. À Paris, cela prend même la forme d’une injustice sociale : baisser à 90 % la prise en charge des congés maladie pour nos 55 000 agents.
Pourtant, les usagers ont besoin de plus d’investissements publics, pas moins : dans la santé, les cantines, les écoles, les lieux culturels. S’attaquer aux politiques publiques et à celles et ceux qui les font vivre, c’est fragiliser l’égalité républicaine ; c’est retirer du patrimoine commun à celles et ceux qui n’en ont pas.
Enfin, je rappelle qu’en France, les femmes travaillent gratuitement depuis le 10 novembre. La budgétisation sensible au genre montre qu’1,6 milliard pourrait être mobilisé pour réduire ces inégalités. Nous savons où agir et nous avons les leviers. Le groupe communiste salue ces avancées : l’égalité doit être un critère d’arbitrage politique, pas un simple indicateur. Et chaque euro public doit réduire les injustices — jamais les approfondir.

