Deux mois après la dissolution rocambolesque de l’Assemblée nationale, nous avons appris que le déficit de l’État atteindrait plus de 6 %, bien au-delà des prévisions pourtant validées par les Lemaire et autres Attal. Avant même les législatives, les ministres préparaient l’austérité. Ils savaient mais se sont bien gardés de communiquer la situation aux électeurs amenés à se présenter aux urnes.
C’est un déni de démocratie. Désormais, le gouvernement et certains à la droite de cet hémicycle refusent de mobiliser la fiscalité pour faire baisser le déficit public.
Le cœur de cible des macronistes, en bons élèves de la droite dure à laquelle ils se sont ralliés depuis, c’est la baisse de la dépense publique !!
L’option du levier fiscal a été abandonnée quand de plus en plus d’économistes démontrent que l’impact négatif des hausses d’impôt est bien moins fort que celui d’une baisse des dépenses publiques. L’impôt est devenu tabou, alors qu’il est un pilier de notre contrat social : décider qui contribue et comment est au cœur de notre démocratie. Or, cette notion s’effrite et la démocratie avec.
Les discours ambiants dégradent d’ailleurs de plus en plus le service public. Je pense à la sortie lunaire de Sarkozy sur les professeurs, je pense à monsieur Bournazel, ici présent, qui jette l’opprobre sur les agents de la Ville pour appuyer les économies de bout de chandelle du ministre Kasbarian.
C’est l’avènement des médiocres qui chaque jour nous rappellent l’ampleur du mépris pour ceux qui servent l’intérêt général… Alors même qu’ils sont, quand ça les arrange, les premiers à en demander pour leur crèche, leurs écoles, leur sécurité…
Madame Carrère Gée nous a encore parle ce matin de nos soi-disant « désorientations budgétaires » : mais regardez-vous ! Regardez la dégradation de la situation financière dont nous héritons au niveau national après près de 10 ans d’actions politiques au service de vos amis !
C’est ceux-là mêmes qui nous ont mène droit dans le mur qui continuent d’utiliser les mêmes vieilles recettes et nous imposent une économie de plus de 65 milliards d’€ dont 5 à 9.5 milliards sur le dos des seules collectivités territoriales.
Or, les collectivités, représentant 70 % de la commande publique, sont des acteurs clés de l’économie locale. Cette baisse de ressources aura un impact direct sur les TPE et PME qui font vivre les territoires.
Les défaillances d’entreprises se multiplient. Il y a eu 66 000 défauts d’entreprises en douze mois en France… Les grands amis de l’entreprise et autres Mozart de la finance proposent donc d’en saigner davantage en saignant les collectivités locales. Pour Paris, concrètement, cette cure d’austérité représentera au pire un manque de 300 à 350 millions et Même si certaines mesures vont être atténuer le choc budgétaire restera lourd à absorber.
Alors, que faire pour répondre à cette situation ? En augmentant les tarifs des services proposés au parisiennes et aux parisiens. Certainement pas ! Madame Dati, l’année dernière, à la même époque, vous disiez refuser « d’être les complices des "braquages" des Parisiens ». Aujourd’hui vous proposez de faire passer chaque parisien à la caisse en leur ponctionnant 350€ en 2025. Alors, que faire pour répondre à cette situation ?
- Arrêter d’ouvrir des bibliothèques pour toutes et tous, d’accueillir tous les publics aux conservatoires… ? évidemment non !
- Supprimer des postes de d’agents de la ville de Paris alors qu’ils ont été une des clés de notre sortie de crise du Covid, ont permis aux JOP de se dérouler dans les meilleures conditions et sont acteurs de tous les grands pans de la vie quotidienne des parisiennes et parisiens ? Bien sûr que non.
- En finir avec l’accueil et la prise en charge des gens vivant à la rue alors que leur nombre explose et que l’État regarde ailleurs ? Certainement pas !
- Cesser de financer l’accès aux cantines scolaires en fonction du quotient familial des parents ? toujours pas !.
- Fermer des centres municipaux de santé ? évidemment non !
- En faisant tout ceci à la fois ? Vous l’aurez bien compris, Tout ceci est hors de question.
Ces actions sont toutes parties prenantes de politiques publiques fondamentales pour notre groupe et pour la majorité : elles permettent de lutter activement contre les inégalités sociales qu’organisent, sciemment, les gouvernements successifs depuis 10 ans. Nous devons nous donner les moyens de les financer en activant tous les leviers et c’est le sens de notre amendement sur les recettes que mon camarade sénateur a présenté tout à l’heure.
C’était d’ailleurs l’objet de la mission sur les finances locales de Nicolas Bonnet et Paul Simondon, il y a deux ans. Leurs propositions que je vous invite à relire restent toutes d’actualité. Oui d’autres politiques budgétaires sont possibles. Les récents débats à l’assemblée nous l’ont prouvé. Nous devons garder un haut niveau de financement public tant en investissement qu’en fonctionnement. Et nous le faisons toujours en 2025 avec 1,7 milliard d€ pour financer le logement social, l’accessibilité et l’adaptation de Paris au changement climatique.
Et poursuivre le travail sur l’égalité femmes et hommes comme le rappelle le rapport présenté par ma collègue Hélène Bidard. Ces questions sont un pilier de nos politiques publiques mais doivent redevenir une priorité budgétaire. Nous en avions fait un engagement, l’actualité nous rappelle à nos obligations. Nous devons refuser le racket de l’état et continuer d’investir à tous les niveaux de l’action publique.
Aujourd’hui, ces orientations nous permettent de continuer de construire des logements sociaux, de créer des pistes cyclables et protéger les cyclistes, d’aménager nos portes et nos quartiers, de répondre à l’urgence de de construire des centres municipaux de santé alors que le COVID nous avait prouvé la pertinence du modèle, de développer la ceinture verte et sportive le plus rapidement possible…
Ces orientations nous offrent les clés d’un budget en suspens mais néanmoins en phase avec les attentes des Parisiens. Il n’est nullement question de mise sous tutelle chère à Madame Dati ou d’autres aberrations juridiques et financières, mais bien d’une gestion cohérente et respectueuse des règles comptables.
Désormais, que mesdames Dati et Carrère Gée et que monsieur Bournazel aillent expliquer aux élus de leurs partis respectifs qui, partout à travers la France, contestent l’austérité budgétaire qu’on leur impose. Leur expliquer qu’ils braquent leur population, qu’ils sont mauvais gestionnaires et qu’ils doivent être tous mis sous tutelle.
De notre côté il y a beaucoup à faire, et nous devrons unir nos forces avec les parlementaires de tous horizons pour que les collectivités puissent sortir de cette situation par le haut.