Notre majorité est résolument engagée pour la préservation de la biodiversité. Ce nouveau plan en est une preuve de plus.
Cependant, toute notre bonne volonté et notre ambition doit faire face à un contexte terrible. En octobre 2024, la 16e COP sur la Biodiversité en Colombie n’a pas aboutie et a été prolongée à Rome en février 2025. La COP a été un échec car elle n’a pas su trouver un compromis entre pays riches et pauvres sur le financement des mesures de protection de la biodiversité.
En février, un compromis a finalement été trouvé concernant le financement : 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 pour financer la protection de la biodiversité dont 30 milliards fournis par les nations riches aux nations pauvres. C’est encore trop peu.
De plus les pays du Sud réclament la création d’un nouveau fonds tandis que ceux du Nord souhaitent conserver le système existant qui nécessite de se fournir auprès du Fonds mondial pour l’environnement dont la gouvernance est essentiellement assurée par les pays riches… C’est là le cœur du problème, le capitalisme et les nations les plus puissantes non seulement dévastent l’environnement des pays pauvres, n’investissent pas assez pour réparer ces dégâts mais dictent également les règles du jeu.
C’est d’autant plus problématique à l’heure où de nombreux pays virent à l’extrême droite et où les droits des travailleurs, les droits des femmes comme la préservation de la biodiversité sont sacrifiés.
Si l’extrême droite n’est pas au pouvoir en France, nous n’échappons pas à cette logique réactionnaire. L’office française de la biodiversité fait l’objet d’attaques de plus en plus récurrentes : la FNSEA, la coordination rurale l’attaquent mais aussi Laurent Wauquiez qui par exemple a signé un courrier le 7 février, destiné aux agriculteurs de sa région ou il qualifie l’OFB de « coalition d’idéologues » qui les « empêche de travailler sereinement » et les accables de « contrôles absurdes » mettant de fait ces agents sous pression. Sans parler de cette rhétorique libérale qui suppose que les normes empêchent de travailler et produire sereinement et qui oppose de manière fallacieuse paysans et préservation de l’environnement.
Cette rhétorique contre la biodiversité elle se traduit concrètement dans la dernière loi d’orientation agricole qui inscrit la logique du « pas d’interdiction de pesticides sans solutions » - alors que la 52% des sols français sont en mauvaise santé - et qui dépénalise les atteintes volontaires à l’environnement et aux espèces protégées.
Fort heureusement cette dernière disposition a été censurée par le Conseil constitutionnel. Mais on voit bien ici le cœur du problème. La logique du profit, propre au capitalisme, impose ses vues tant à l’échelle internationale qu’aux échelles nationales et locales. Si l’environnement menace le taux de profit, alors il devient une variable à éliminer, tout comme les droits des travailleurs.
La préservation de la biodiversité est donc une question de classe. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’en vue de la COP30 au Brésil, des syndicats, dont la FNSCBA-CGT, se sont réunis dans une pré-COP pour affirmer le rôle crucial du travail dans la lutte contre le dérèglement climatique et la déforestation.
Améliorer les conditions de travail des 33 millions de travailleurs qui œuvrent en Amazonie, c’est agir contre l’extractivisme et l’appétit des multinationales. C’est donc préserver la plus grande réserve de biodiversité au monde et préserver les conditions de vie de l’humanité. Comme le disait Chico Mendes, l’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage.
Pourquoi je vous dis ça, parce que j’ai la conviction que nous devons toujours intégrer cette réflexion, y compris sur notre territoire où plus l’on végétalise, plus l’on renature, plus il nous faut des travailleurs formés et protégés par de bonnes conditions de travail pour préserver ce patrimoine qui nous est commun. Et plus l’on fait des plans, plus il est nécessaire d’y associer les organisations syndicales. Enfin, à Paris, il faut étendre le domaine de la biodiversité.
C’est ce pourquoi je souhaite insister sur la proposition effectuée par Ian Brossat, qui prolonge l’un des focus du plan relatif à la végétalisation des berges. Développons des voies sur berges XXL du pont de Garigliano jusqu’au parc de Bercy.
Il faut conquérir de nouveaux espaces le long du fleuve, tant pour que les parisiens puissent y marcher et se rapprocher de leur fleuve que pour y végétaliser des espaces et réaliser une coulée verte. Et là encore, nul doute que Mme Dati et la droite parisienne, plus attentives aux intérêts du capital et des plus aisés, s’y opposeront fermement comme elle se sont opposées à la première séquence de piétonisation des voies sur berges en attaquant la Ville en justice !
D’ailleurs Mme Dati a d’ores a déjà annoncé la couleur et laissé entendre que -si elle était élue - elle pourrait réouvrir les voies à la circulation automobile. Non seulement il ne faut pas les rouvrir à la circulation automobile, mais plus encore, comme le rappelle l’un des focus, il faut réduire la circulation automobile, notamment dans les bois, comme le préconise la précédente mission d’information et d’évaluation à laquelle j’ai moi-même participé. Sur les différents focus du plan, je veux saluer le plan sur les haies, un véritable enjeu dans nos campagnes mais aussi à Paris, et je crois même que nous devons développer les paiements pour services environnementaux et nous assurer que les exploitations qui en bénéficient réimplantent des haies.
Enfin, je me dois de revenir sur le vœu de Pierre-Yves Bournazel sur l’interdiction de la pêche. La Ville a effectué une concertation de deux ans avec les acteurs de la pêche, nous souhaitons la pousser à travailler plus étroitement avec eux et les associations de préservation de l’environnement car ensemble elles sont de précieuses vigies concernant l’amélioration de la qualité de l’eau. Des vigies qui permettent aussi de constater la réapparition d’une trentaine d’espèce de poissons et qui aident à lutter contre le phénomène de braconnage.
C’est pourquoi nous voterons contre ce vœu et nous voterons bien évidemment pour ce nouveau Plan biodiversité.