Vous connaissez notre combat contre le naming, il ne date pas d’hier. Depuis plus de dix ans nous sommes mobilisés sur la question, afin de lutter contre cette pratique toute droite sortie des cahiers du libéralisme de la droite.
Depuis le premier contrat en France conclu avec la construction de la MMArena au Mans en 2011, les namings se multiplient en pagaille : allianz riviera à nice, kindarena à Rouen, Matmut stadium à Lyon, Matmut Atlantique à Bordeaux, ou encore toutes les compétitions sportives. Même les équipements de proximité ne sont plus épargnés avec par exemple le terrain de basket Nike Air Jordan à Paris.
Dernière nouvelle en date : le stade Pierre Mauroy à Lille portera désormais le nom de Decathlon Arena !
Aujourd’hui, plus aucun bout de terrain ne doit échapper au sceau d’une marque. La prochaine étape, nous la connaissons déjà : les stations de métro et de bus ou les chevaux de course comme c’est déjà le cas dans d’autres pays, les squares, les bibliothèques, les musées ou les écoles ?
S’il n’y a pas assez de place dans les stades pour faire du sponsoring, il n’y a plus qu’à aller dans la tête des fans pour faire entrer les marques. Par ailleurs, ce n’est pas parce que cette pratique est désormais “très courante” comme le mentionne la délibération, qu’elle n’en reste pas moins très préoccupante.
Pourquoi en sommes-nous là ?
Grâce, ou plutôt à cause de Nicolas Sarkozy.
Parce que le naming traduit un processus de désengagement du financement public au profit du privé. Les collectivités locales, principales propriétaires des équipements sportifs et culturels, ont de moins en moins de ressources financières pour financer seules des enceintes dont les contraintes imposées par les instances sportives internationales ne cessent de croître.
Dès le début, l’équipe de Nicolas Sarkozy a inscrit le naming dans comme une "possibilité d’aider les clubs à assumer leur mutation vers l’entreprise de spectacle sportif, que la compétition économique et sportive exige" et "d’en finir avec la gestion publique des grands stades qui est un frein à cette mutation".
Au fond, il s’agit de concevoir les équipements comme une usine à fric.
Depuis plus de quinze ans, ces mêmes politiques libérales visent à réduire les budgets des collectivités et de l’État et ont permis l’appropriation de l’identité des stades par des entreprises privées pour les sortir progressivement du patrimoine public au détriment des populations, alors que les financements restent majoritairement publics.
C’est précisément l’objet du vœu que nous avons déposé au sujet des finances publiques et l’objet du rapport que nous rendrons public au mois de septembre prochain. Depuis des années, on constate une érosion massive des ressources des collectivités qui conduit à une perte totale d’autonomie. Il est urgent de trouver de nouvelles ressources afin de retrouver notre indépendance vis-à-vis de l’Etat, et vis-à-vis des multinationales.
Au-delà de cette privatisation, le naming pose une question d’ordre culturel, celle de la vente de l’espace public. Les stades, les salles de sports et de spectacles sont des marqueurs symboliques de la ville, leurs noms et architectures sont des repères urbains de notre civilisation au même titre que les places ou rues, et les événements qu’ils accueillent participent à la construction culturelle de la ville.
En nommant notre patrimoine vivant par le nom d’une personnalité ayant marqué l’histoire du pays, d’une ville ou du sport et de la culture, nous faisons un travail de transmission culturelle des luttes, des progrès, des conquêtes, des moments de joie qui ont jalonné l’histoire du peuple. Un travail politique, avec une dimension éducative et culturelle, qui participe à l’élaboration de notre patrimoine commun. Cette transmission, c’est celle des valeurs du sport, celle du pacte républicain.
Pour toutes ces raisons, nous avions proposé au conseil de Paris d’étudier la possibilité de donner le nom de Alice Milliat à la nouvelle Arena porte de la Chapelle. Cela aurait permis pour la première fois dans l’histoire de donner le nom d’une femme à un équipement olympique.
Ce choix n’a pas été fait et Adidas, au mépris des valeurs d’affichage portées par la multinationale, n’a pas non plus accepté le co-naming avec Alice Milliat.
Fidèles à notre engagement de longue date sur la question, nous voterons contre cette délibération.