Madame la Maire, chers collègues,
Il s’appelait Nahel, il avait 17 ans. Nahel est mort mardi dernier, d’une balle dans le torse, la balle d’un policier. Un geste “inexplicable, inexcusable” : ce sont les mots de notre président de la République.
J’aimerais commencer mon intervention par lui rendre hommage, à lui, à sa mère et sa grand-mère, à ses proches.
17 ans, ce n’est pas un âge pour mourir. Nous le disons haut et fort : non, un refus d’obtempérer ne doit pas entraîner la mort.
En 2022, 13 décès ont été enregistrés suite à des refus d’obtempérer. On ne règle pas les problèmes en tuant les gens. Il est urgent de revoir la loi de 2017, à laquelle les communistes s’étaient opposés, et de retrouver une police de proximité qui noue des liens avec les habitants de ces quartiers.
Concernant Nahel, une enquête est en cours. Après les premières auditions, le policier auteur du tir a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention préventive. Nous appelons à ce que l’enquête établisse dans les meilleurs délais la vérité pour que justice soit rendue.
Depuis 7 jours que Nahel nous a quittés, la France a plongé dans la violence. Une violence aveugle. Nous la condamnons le plus fermement.
Non, la violence n’a pas sa place dans notre république.
La dégradation des mairies et du mobilier urbain de nos communes, des écoles de nos enfants et d’autres services publics, des équipements associatifs, des commissariats de nos quartiers, des voitures personnelles de salarié, pénalisent en premier lieu les familles directement touchées.
Ces violences ne servent en rien la vérité et la justice, mais elles sont utilisées par les forces réactionnaires à droite et à l’extrême droite, pour stigmatiser des quartiers entiers qualifiés par certains « d’enclaves étrangères » alors qu’ils sont, comme tous les territoires, une part de la France, de ses richesses, de sa force.
C’est pourquoi il est intolérable de lire dans un communiqué signé par Alliance et UNSA police qu’une partie de la population française serait des “nuisibles”. Les fonctionnaires de police ont pour mission de protéger les citoyens et de défendre la paix civile, pas de semer les germes d’une guerre civile.
Nous demandons à Gérald Darmanin d’être intraitable avec ces séditieux qui ont abandonné les principes de la République.
Nous condamnons aussi celles et ceux qui considèrent comme délinquants l’ensemble des jeunes quand seuls quelques-uns dégradent, saccagent, pillent au détriment de tous. Non, la vie de ces quartiers ne se résume pas à la seule manifestation de la violence.
Car oui, ce sont les habitants de ces quartiers qui sont les premiers pénalisés. Nous apportons notre soutien à l’ensemble des habitants touchés par les violences, aux familles pénalisées par la destruction des services, aux secours, aux fonctionnaires de police et à tous les bénévoles des associations, les agents publics et élus locaux mobilisés pour protéger et répondre aux demandes de la population.
Je tiens à avoir une pensée particulière pour Vincent Jeanbrun, pour sa femme et ses enfants, dont le domicile a été prix pour cible dans la nuit de samedi à dimanche.
Je tiens également à saluer ces mères de familles qui, à Aulnay-Sous-Bois, ont fait le tour des quartiers ce dimanche soir pour demander la fin des violences. Mesdames, nous serons toujours à vos côtés.
Je tiens enfin à saluer ces fonctionnaires présents au quotidien pour nettoyer, réparer, et faire que nos services publics restent debout. Elles et eux aussi sont la France.
Oui, il est temps de revenir au calme. Le calme pour envisager un avenir meilleur.
Depuis trop longtemps, des millions d’habitantes et d’habitants, de jeunes, de salariés, sont abandonnés par la République et n’ont pas droit au respect, à la dignité, à la justice, à un logement décent, à une éducation, à la culture et aux loisirs, et un emploi de qualité.
Cette situation n’est plus supportable ! Elle est le résultat de décennies de politiques néolibérales, au service du capital et au détriment des travailleuses et travailleurs du pays, et de discriminations.
Nous appelons à un Grenelle pour l’égalité des territoires et contre toutes les discriminations, rassemblant tous les acteurs et actrices des communes et quartiers concernés, pour qu’enfin une politique à la hauteur des enjeux soit décidée et mise en œuvre avec eux.
Notre objectif doit être simple, partagé, universel : la République partout, tout le temps, pour tous.
Je vous remercie.