Le Pakistan subit des records de température, dépassant les 51°C. La France se prépare à un été caniculaire. Le réchauffement climatique frappe de plein fouet l’humanité.
Et les États sont embourbés dans leur inaction. La condamnation de l’État par le tribunal administratif pour inaction climatique suite à la plainte de l’Affaire du siècle n’aura rien changé. Les cinq années de politique Macron, mais aussi celles de Hollande et Sarkozy, n’auront pratiquement rien changé : nos émissions de gaz à effet de serre continuent à menacer la planète et l’humanité.
Quel contraste donc entre cette inaction de l’État et le volontarisme de Paris. Un volontarisme qui vient de la première mandature de la gauche parisienne. Et qui s’est traduit en actions concrètes, aux effets déjà mesurables. Un volontarisme qui n’est pas exempt d’erreurs ou insuffisances, j’y reviendrai. Mais qui contraste avec l’inertie ambiante.
La cour des comptes le constate objectivement. Paris a intégré très tôt la volonté de lutter contre le réchauffement climatique avec son premier plan climat dès 2007, cinq ans avant la loi. Avec l’objectif ambitieux de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 25% entre 2004 et 2020. De réduire de 25% les consommations d’énergie. Et d’intégrer une part de 25 % d’énergies renouvelables.
Les actions ont été multiples. Dans le logement tout d’abord, premier secteur d’émission. Le plan volontariste de rénovation thermique du logement social (près de 5000 logements rénovés chaque année), la rénovation des écoles et des administrations de la Ville, ont fait baisser nos émissions. L’autre poste important est le transport des personnes et marchandises. Nos investissements pour les transports en commun (tram, métros ...), mais aussi pour le vélo ont eux aussi fait baisser nos émissions. On pourra regretter que le transport aérien ne puisse pas être plus limité. Mais le bilan est là : les émissions du territoire parisien ont baissé de près de 20% entre 2004 et 2018. C’est la preuve que l’on peut agir en faveur du climat, grâce à l’investissement public.
Alors bien sûr, nous avons des réserves sur certaines mesures ponctuelles. Nous nous opposons aux opérations de finance verte. Que dire de notre partenariat avec Paris Europlace ? Avec, je cite Total Energies, ENGIE, ADP, Airbus, Suez, les champions des hydrocarbures ; Avec LVMH le groupe de Bernard Arnault, BNP Paribas, BlackRock, Wendel, UBS, HSBC, les délinquants financiers, champions de l’évasion fiscale ? Ils se rachètent une image pour mieux continuer leurs pratiques.
Vous le savez, nous avons aussi des inquiétudes pour les consommateurs et salairéEs. A l’heure où le pouvoir d’achat est une préoccupation majeure, nous le redisons : nos objectifs climatiques doivent être socialement acceptables. Nous ne saurions par exemple accepter la flambée des prix de la CPCU pour financer son passage à 75% d’ENR. Nous ne saurions non plus accepter la mise en concurrence des salariéEs avec l’abandon du statut par des entreprises dites vertes. Car la libéralisation du secteur de l’énergie est nocif tant pour les salariéEs mis en concurrence, que pour les consommateurs, et le climat. Nous plaidons ainsi inlassablement pour un pôle public de l’énergie, qui permette un pilotage et un cadrage national, seul à même d’être à la hauteur des enjeux.
Et j’en viens justement à la critique du rapport de la cour de comptes que nous partageons « Cet empilement d’acteurs, dotés de périmètres géographiques et de champs de compétence différents, ne permet pas de savoir qui pilote le développement coordonné des réseaux de distribution d’électricité, de gaz et de chaleur dans un souci d’efficacité énergétique. En particulier, il est permis de s’interroger sur la pertinence de confier au niveau local à des entités différentes agissant sur des périmètres distincts les compétences de planification stratégique de la transition énergétique, d’une part, et les compétences de mise en œuvre de ladite stratégie, d’autre part. »
Enfin, nous partageons les critiques de la CRC sur le mix énergétique. Nous plaidons pour un mix énergétique incluant le nucléaire, une énergie non carbonée et stable, non sans risque bien sûr, mais qui peut être sécurisée, et incluse dans les scenario du GIEC. Au-delà de ce débat, la remarque de la cour est juste : Paris ne peut fixer des objectifs basés sur des assertions fausses, et indépendamment du mix national. On peut bien sûr avoir des objectifs ambitieux. Mais pas irréalistes. Par exemple, notre objectif de 100% de gaz dit vert en 2050 semble très largement hors de portée. Il est pourtant à la base de notre communication du 100% ENR ; et déjà invalidé par la trajectoire de production de gaz. Nous continuons donc de plaider pour un mix qui soit 100% renouvelable ET sans carbone.
Je conclurai donc en saluant tous ces investissements que notre majorité de gauche a fait dans le domaine de nos compétences. On pourra regretter bien sûr que l’austérité infligée à nos collectivités par la droite nous empêche d’investir plus massivement encore. Mais ceci est un débat pour les prochaines élections législatives où nous aurons l’occasion de tourner la page à cette austérité climaticide et antisociale.