Communistes Paris

Lulu dans ma rue : arrêter de financer une entreprise d’insertion qui n’en a que le nom !

Nous faisons aujourd’hui l’examen d’une énième subvention à une Entreprise d’Insertion par le Travail Indépendant. Et pas des moindres : c’est le retour de Lulu dans ma rue. Un cas d’école dirais-je même.

Sur le papier, Lulu dans ma rue vise à réinsérer socialement, professionnellement et économiquement des personnes éloignées de l’emploi en leur permettant de devenir auto-entrepreneurs pour effectuer des prestations telles que ménage ou petits travaux pour des Parisiens.

Cependant, même selon leurs propres données, une grande partie des "Lulus" ne correspond pas au profil de départ. Beaucoup sont des travailleurs précaires utilisant la plateforme en complément de revenus, mais sans la sécurité sociale, le chômage ou les droits à la retraite qu’offre un emploi classique.

Alors de deux choses l’une : soit il faut revoir son modèle pour se recentrer sur le bon public et logiquement offrir plus de 3h d’accompagnement par semaine, soit il faut arrêter de financer une entreprise d’insertion qui n’en a que le nom. .

Car pour une plateforme supposée être un starting block pour l’emploi, quand on regarde les chiffres, on n’y trouve pas notre compte - et je crois que les travailleurs non plus.

Sur les sorties dites “dynamiques et positives” à l’issue de l’accompagnement de quelques mois, statistiquement au moins la moitié de ces sorties n’est en réalité… ni l’une ni l’autre. Car dans ces sorties positives sont comptabilisées les personnes arrivées à échéance de leur accompagnement, mais qui restent professionnellement captifs de l’application Lulu dans ma rue.

Et sur ceux comptés dans ces sorties considérées comme réussies, la plupart n’en dégage même pas un SMIC. Entre la commission de 20% du tarif de leurs prestations ponctionnées par Lulu dans ma rue et toutes les charges telles que l’URSAFF, ils sont nombreux à travailler pour l’équivalent monétaire d’un RSA. Lulu dans ma rue, c’est le rêve des macronistes disruptifs de la première heure : ils ont réussi pour le bien de l’insertion à appliquer la loi Plein Emploi 4 ans avant son installation. Une fois ce constat dressé, je vous le demande : mais que font-ils de la montagne de subventions que l’Etat ET la Ville leur attribuent ? Lorsqu’on regarde leurs comptes, on peut voir que la Ville a subventionné Lulu dans ma rue à hauteur de 3,5 millions d’euros en 5 ans. 3,5 millions d’euros ! On attend encore des justifications convaincantes.

Et cette cavalcade financière a des conséquences encore plus graves. Lulu dans ma rue perçoit 2,7 fois plus d’argent que les autres entreprises d’insertion. Lorsqu’on compare cette EITI et une Association d’Insertion - qui a un modèle très similaire à celui desdites EITI mais qui salarie les travailleurs - on a la surprise de voir qu’elles reçoivent de la Ville environ 1000 euros par équivalent temps plein, contre 2 800 pour Lulu dans ma rue. Et ce, alors même qu’en association d’insertion les gens sont salariés, et bénéficient donc de tous les avantages du statut en matière de protection sociale, de cotisations retraite ou encore de couverture maladie.

Enfin, toutes ces subventions posent un problème plus grave encore. Tout ce qui va à Lulu dans ma rue n’ira pas à toutes les autres. Parmi les autres, citons le dispositif 1ères heures, ou celui du territoire 0 chômeurs et bien d’autres. Il faut donc bien, je le répète, qu’en tant qu’élus de la Ville de Paris nous nous posions une question : arrêtons-nous les frais de donner 3,5 millions à une entreprise d’insertion fantoche ? Si oui, cette manne financière libérée qui pourrait bénéficier à d’autres Structures d’Insertion par l’Activité Economique actuellement en souffrance, et qui génèrent elles, un vrai parcours de retour à l’emploi, un vrai accompagnement des personnes et un vrai salaire, ce serait autrement plus utile.

Lors des conseils précédents, nous avions déjà alerté et émis des doutes, quand à l’utilité de ce dispositif soi-disant innovant. Bilans après bilans, années après années, notre avis négatif est conforté et j’irai même jusqu’à dire que c’est un échec.

Arrêtons-nous de nous acharner, et rappelons-nous que c’est pour les parisiens et les parisiennes en grande difficulté que nous œuvrons.

En toute logique nous voterons donc contre cette délibération car nous ne soutenons pas non plus les deux autres eiti concernées par la délibération car nous maintenons sous perfusion avec de l’argent public une entreprise qui n’est pas économiquement viable, et qui n’a en réalité même pas le début du commencement de l’efficacité d’une structure d’insertion sérieuse comme il y en a tant à Paris.

Mais ne vous inquiétez pas pour Lulu dans ma rue : avec des investisseurs tels que JCDecaux et Carrefour, notre groupe s’inquiète moins pour leur avenir que pour celui des travailleurs, dont elle se moque.

Raphaëlle
PRIMET

Élue du 20e arrondissement au conseil de Paris

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