Paris compte parmi les villes qui rassemblent le plus de librairies au monde : environ 400, dont près de 240 indépendantes. Nous restons profondément convaincus que la lecture demeure un vecteur majeur d’émancipation, d’ouverture et de connaissance pour chacune et chacun.
Dans la continuité de la politique engagée depuis 2014 en faveur des commerces culturels, la Ville, en partenariat avec Paris Librairies, réaffirme aujourd’hui son ambition de renforcer son soutien à ces espaces essentiels. La délibération que nous examinons en est l’illustration : elle facilite l’implantation de librairies indépendantes dans le tissu économique parisien et prolonge l’appel à projets « Soutien aux librairies parisiennes : Accessibilité, transition énergétique et attractivité », lancé à l’été 2025. Ce dispositif a pour objectif d’aider les libraires à réaliser des travaux améliorant l’accessibilité, l’attractivité de leurs espaces et leur transition environnementale, réduisant ainsi leurs charges comme leur impact écologique.
Si notre Ville se mobilise autant, c’est parce que les librairies indépendantes subissent de plein fouet la pression immobilière, la flambée des loyers et la concurrence du commerce en ligne. Déjà fragilisées et touchées par la crise sanitaire, elles restent pourtant des repères culturels essentiels. La Ville poursuit donc un travail constant, notamment avec le GIE Paris Commerces, pour en maintenir et en installer dans tous les quartiers.
Au-delà de la dimension économique, ces lieux jouent un rôle fondamental de tisseurs de lien et de mise en commun. C’est aussi pourquoi il est nécessaire d’alerter, une fois encore, sur les attaques dont plusieurs librairies parisiennes ont été victimes ces derniers mois. Violette & Co, librairie féministe et LGBT, La Tête ailleurs, et plus récemment La Petite Égypte dans le 2ᵉ arrondissement, ont été vandalisées. Cette dernière devait accueillir Francesca Albanese, rapporteuse spéciale sur les droits humains dans les territoires palestiniens occupés, venue présenter son ouvrage « Quand le monde dort ». Quand le débat s’anime, certains ne répondent que par la haine et s’en prennent aux vitrines de nos librairies.
Le Syndicat de la librairie française l’a rappelé dans une tribune en octobre 2025 : harcèlement, menaces et dégradations se multiplient, motivés par une idéologie extrémiste. Le SLF appelle à défendre les librairies comme des lieux-refuges du débat, de la création et de la liberté d’expression, et à refuser toute forme d’autocensure.
Cette violence dit beaucoup de la pauvreté du modèle de société que l’extrême droite cherche à imposer. Elle ne parviendra pas à faire taire les espaces de liberté culturelle, ni à briser les élans de solidarité qui s’y expriment. Notre soutien, face à ces attaques, doit être ferme et déterminé.
Car vous l’aurez compris : les librairies indépendantes ne sont pas de simples commerces. Elles sont des lieux de culture, de rencontre et d’émancipation, indispensables à la construction de citoyens libres, à la pluralité des récits et à la liberté d’expression qui font de Paris une ville monde.

