Ce lundi, la Fédération des acteurs de la solidarité a lancé un cri d’alerte sans équivoque : « La crise des financements publics de l’État et des collectivités locales touche les associations, qui sont contraintes à des plans sociaux, des annulations d’activités, voire des dissolutions », regrette Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif.
Selon une enquête nationale menée auprès de plus de 900 associations, une sur quatre est menacée de disparition, faute de trésorerie suffisante pour assurer son fonctionnement.
Dans ce contexte, le mouvement associatif appelle l’ensemble des acteurs à se mobiliser le 11 octobre, et nous serons à leurs côtés.
Les chiffres sont parlants : sur les subventions attribuées aux associations au premier trimestre 2025, 45 % ont été réduites, de manière plus ou moins importante. Dans les secteurs caritatif, humanitaire, sportif, culturel ou de la santé, les baisses et refus de financement se multiplient, mettant en danger 1,8 million d’emplois associatifs en France.
Face à cette situation, 50 % des associations disent être contraintes de réduire ou de supprimer certaines actions, et certaines envisagent d’augmenter la participation du public, ce qui peut remettre en cause leur accessibilité.
Comme le souligne le Mouvement associatif : « L’État fait d’une pierre deux coups : il se repose sur les associations pour combler ses manquements tout en réalisant des économies à leurs dépens. Mais les bénévoles ne doivent ni ne peuvent compenser le désengagement de l’État. Jamais. »
À Paris, nous choisissons un chemin différent. Forte de 700 000 bénévoles et de quelque 80 000 associations, notre Ville a fait le choix politique de préserver cet écosystème indispensable à nos vies.
Aujourd’hui, je veux exprimer toute la reconnaissance et le respect que nous avons, en tant qu’élus, envers ces femmes et ces hommes, bénévoles ou salariés, qui jouent un rôle crucial dans le tissu social et économique de notre collectivité.
Le Carnet de l’engagement citoyen, fruit du travail du Conseil Parisien des Associations – que je tiens à saluer – illustre parfaitement cet engagement. Il est conçu pour assurer le dialogue entre les associations et la Ville et valoriser les compétences acquises par les bénévoles, qui ne sont pas toujours reconnues.
Ce carnet répond à ce besoin : en objectivant les savoir-faire, il facilite leur transfert vers d’autres engagements citoyens ou professionnels. Il met des mots sur une expérience, tout en restant individuel par nature, mais au service de l’intérêt général. Cette expérimentation est une première étape : grâce aux retours qui seront faits d’ici l’année prochaine, le carnet pourra être amendé et remodelé pour répondre encore mieux aux attentes des bénévoles.
Je voudrais cependant attirer votre attention sur ces points de vigilance : • Le risque d’institutionnalisation : lorsque l’engagement est intégré dans des outils administratifs, il peut être un peu “canalisé”, et perdre l’énergie qui pousse à transformer les choses collectivement. • Et si l’accent est surtout mis sur l’auto-évaluation ou le CV, on risque de perdre de vue le sens collectif et la solidarité qui sont au cœur de l’engagement. • L’action bénévole ne doit pas se substituer à l’emploi : les associations sont trop souvent rendues à agir dans les secteurs essentiels face au désengagement de l’État, qui laisse aux citoyen.nes le soin de combler les manques.
En bref, le Carnet de l’engagement est une initiative précieuse, qui valorise l’action citoyenne tout en renforçant le sens collectif. C’est ce qui fait toute sa force.
L’engagement associatif et citoyen est avant tout mu par la solidarité, le partage et la connexion avec autrui. Les témoignages des bénévoles le rappellent : ils s’engagent pour créer du lien, vivre des rencontres intergénérationnelles partager leurs expériences. Œuvrer dans une association, c’est se mettre au service de certains, voire de tous, mais aussi d’une cause ou d’un art.
La beauté de cet engagement se voit aussi dans les moments conviviaux et le lien humain qu’il permet. Paris contribue à cela,grâce aux forums des associations ou aux fêtes de quartier, en offrant des espaces où ce lien peut se construire. Je tiens à ce titre à saluer le travail du Carrefour des Associations parisiennes, véritable soutien du tissu associatif.
Nous le réaffirmons ici : la reconnaissance de l’action bénévole est primordiale. Et encore une fois, la Ville œuvre là où l’état abandonne. Ce carnet de l’engagement est une des réponses que la Ville apporte aux bénévoles et notre groupe se tient à disposition pour travailler de concert avec le CPA et faire évoluer ce carnet.
S’engager, c’est mettre en pratique ses valeurs de solidarité, d’écoute et de partage. C’est faire vivre le collectif dans une société de plus en plus individualiste. C’est faire battre le cœur de Paris.