« Le mot progrès n’aura aucun sens tant qu’il y aura des enfants malheureux » Cette phrase d’Albert Einstein est toujours pertinente quand nous parlons d’Intelligence Artificielle.
L’IA transforme déjà nos sociétés et est appelée à s’amplifier, notamment avec les IA génératives.
Nous l’utilisons dans nos GPS, dans les algorithmes des réseaux sociaux ou pour la reconnaissance de tumeurs en radiologie ... une utilisation qui se fait déjà donc pour le meilleur et pour le pire.
Mais comme tout progrès, celui-ci n’a que le sens que l’on veut lui donner. Que le sens que l’on veut « collectivement » lui donner.
Car rappelons que cette révolution s’est faite grâce à un travail de recherche de plus de 50 ans dans la recherche publique, en particulier en Europe, financée par la puissance publique. Il serait inadmissible que des grands groupes capitalistes retirent les bénéfices, et imposent leur loi.
L’utilisation de l’IA doit être régulée par la démocratie.
Sur plusieurs enjeux.
Le premier, à la racine de cette révolution, c’est la recherche, la recherche et développement et l’industrie. On ne peut que contester les coupes claires dans la recherche fondamentale qu’avance la droite dans son budget. Ainsi que l’absence de planification industrielle. Notamment sur les semi-conducteurs, où l’État se borne à verser de l’argent sans contrôle. La vision libérale consistant à laisser-faire est inefficace quand on voit l’intervention publique aux États-Unis ou en Chine.
Un autre enjeu est celui de la souveraineté sur les données et sur les communs numériques. L’or gris de l’IA, ce sont les données qui permettent les entrainements des algorithmes. Ce sont nos données, nos questions, nos documents, nos utilisations. Nous devons avoir la main sur l’utilisation qui en est faite.
Par ailleurs, la transformation radicale du monde du travail qu’augure l’IA doit nous interpeller. Pas besoin d’être marxiste pour prédire que cela va bouleverser nos sociétés. Cela pose la question de la formation des salariés sur une évolution aussi rapide. Mais aussi celle de l’emploi, car l’IA doit permettre de meilleures conditions de travail. Elle ne doit pas rimer avec la suppression des emplois comme en rêve visiblement la droite dans ses vœux, qui frisent la technophilie béate, et la casse sociale.
Et en matière de formation, il y a aussi celles des citoyens, pour détecter les fake-news générées, mais aussi pour éviter la fracture numérique. La qualité et le sens du débat démocratique peuvent être profondément impactés par l’IA et suppose là encore une intervention publique.
Enfin, last but not least, l’enjeu environnemental est prégnant. Sur la consommation énergétique d’abord, car si la tendance se poursuit, l’IA pourrait consommer autant que le reste des besoins énergétiques de l’humanité. C’est évidemment impossible, mais questionne notre production d’énergie. Et, bien sûr, l’emprunte carbone, l’empreinte sur l’eau ou les métaux lourds.
Vous l’aurez compris pour tous ces enjeux et bien d’autres, la démocratie doit réguler le développement de l’utilisation de l’IA.
Je voudrais finir en faisant une proposition, une seule, mais qui me paraît centrale pour une ville comme Paris, concernant la souveraineté.
Nous proposons que Paris développe un outil d’IA en circuit fermé. En circuit fermé veut dire que les algorithmes fonctionnent sur des serveurs localisés dans la Ville. Nulle exploitation de nos données, nulle exploitation de documents sensibles, nulle fuite de données, ces IA en circuits fermés garantissent la souveraineté sur les données.
Ce sont d’ailleurs des IA en circuits fermés qui sont utilisées par des entreprises pour protéger leurs données sensibles. Et comme rien n’est trop beau pour la démocratie, nos collectivités doivent aussi disposer d’outils préservant leurs données.
Et cette solution est souhaitable et possible. De nombreux algorithmes en open-source existent déjà pour les faire fonctionner. Déjà entrainés, ce qui est l’enjeu fondamental bien sûr.
Il nous resterait à développer des serveurs en interne pour les faire fonctionner, mais l’investissement matériel reste très très largement à portée de la Ville, nous parlons de quelques millions d’euros, bien justifiés pour garantir la souveraineté sur les données parisiennes.
Nous ne pouvons accepter que la Ville recoure à l’IA de Meta, Pilot, sans pilotage, juste par facilité quand des alternatives existes.
Ma proposition vise donc à promouvoir une technologie souveraine, sécurisée et open-source, afin de garantir la maitrise des données et de l’infrastructure.
Les solutions existent alternatives aux IA des OpenAI-ChatGPT, Microsoft, Google, Amazon, ou l’IA négationniste Grok d’Elon Musk. Des solutions souveraines existent et sont opérationnelles dès maintenant.
Avec ma proposition d’IA fermée, je cherche à opposer à la privatisation de la vie publique, la promotion des communs numériques.
Ma proposition est simple.
Soyons ambitieux.
La révolution de l’IA peut permettre de développer le partage et le commun au service de l’humain.
Ce progrès aura le sens que nous voudrons bien lui donner.

