Je ne vais pas répéter toutes les situations qu’a énuméré madame Sagaspe et qui ne cessent de nous rappeler, s’il en était besoin, l’urgence d’une action publique d’envergure pour agir pour le changement climatique. Il s’agit d’agir à la racine du mal et de revoir complètement le mode de production et de consommation. Car c’est bien le capitalisme et sa recherche du profit à court terme qui nous entrainent dans cette spirale infernale qui épuise la Terre, qui épuise l’humain.
Les aménagements à la marge et petits arrangements seront insuffisants. Nous avons besoin d’investissements massifs, correspondant à une planification écologique de long terme.
Avec cette communication vous abordez la question énergétique sur le territoire parisien.
Nous voyons d’un bon œil tout ce qui permettra d’amplifier le travail sur les réseaux de chaleur et de froid urbains. Le réseau de la CPCU doit être étendu, et aller au-delà de Paris pour un développement métropolitain.
Nous devons également développer le réseau de froid urbain, qui permet d’avoir une politique ambitieuse sur la question - o combien importante - du confort d’été. Il faut développer ce réseau dans une réelle logique de service public, pour le penser non comme un service commercial desservant seulement les acteurs privés qui en auraient les moyens mais comme un outil au service de l’intérêt général. Le réseau de froid doit s’étendre dans les services publics, à commencer par les EPHAD, et les établissements scolaires.
Pour une parfaite efficacité, le développement de ces réseaux devra s’accompagner d’un investissement massif pour permettre la rénovation thermique des bâtiments et des logements.
Cette révolution énergétique ne pourra voir le jour qu’à condition d’y maintenir de hautes exigences sur les emplois et la formation.
A ce titre, la création d’Énergie de Paris pose de nombreuses questions. Cette nouvelle structure vise à territorialiser la politique énergétique. Ce qui peut éventuellement s’entendre sur les réseaux de froids ou de chaleur, là où le service public peut être étendu localement, n’est pas valable pour l’électricité.
Le service public de l’électricité existe déjà au plan national et il est inopportun de chercher à le concurrencer par des régies locales qui auront par définition besoin du service public national. Multiplier les opérateurs et les modes de production revient à détricoter le service public national et à se priver d’un outil industriel lourd avec un pilotage et des investissements de long terme nécessaires à la planification écologique. Les pistes avec Energie Paris pour territorialiser la production d’électricité sont pour nous de fausses bonne idées.
Nous récusons tout ce qui conduit à mettre en concurrence l’électricité, comme l’a fait le gouvernement Macron en ouvrant aux opérateurs privés les concessions des barrages hydrauliques, ou avec le projet de démantèlement de l’opérateur national par le projet Hercule. Cela va complètement à rebours des objectifs environnementaux de notre temps. L’énergie est un bien commun qui doit être produit, géré, distribué et administré par un service public national avec des personnels qualifiés et sous statut afin de garantir l’intérêt général .
La création d’Energie Paris doit bien se garder de territorialiser la production d’électricité, au risque d’être contre-productive et de travailler à l’encontre des objectifs qu’elle se fixe.
Notre crainte est grande sur ce point, d’autant qu’on ne connait pas les statuts de cette entité dont la forme juridique n’est pas définie. Société d’économie mixte ? établissement public local ? régie ? Autant de questions sans réponses qui nous empêchent d’appréhender son rôle réel à terme et ne sont pas de nature à nous rassurer.
J’ajoute que vouloir isoler Paris énergétiquement c’est risquer d’acter la fin de la péréquation tarifaire et de l’égalité territoriale qui sont pourtant l’essence du service public, et la condition d’une action aussi vertueuse socialement qu’écologiquement, en garantissant la conjugaison des objectifs sociaux et environnementaux chère à notre majorité.
Je termine avec la Coopérative Carbone qui est à mon sens encore une fois une fausse solution. Le rôle de la coopérative serait de favoriser l’émergence et le financement de projets à haute valeur environnementale, c’est intéressant, mais vous prenez exemple sur le modèle de la Rochelle et lorsque l’on regarde les projets soutenus, on se rend compte qu’ils produiront une goutte d’eau dans l’océan des besoins énergétique des parisiens.
Ce que vous décrivez comme des incitations au changement de comportement pour les opérateurs économiques n’est rien d’autre qu’une porte de sortie à ceux qui veulent continuer de polluer en inscrivant le carbone dans un marché. De plus, cette compensation se fait souvent à très bas coût, 3 dollars la tonne de CO2. Vous en conviendrez dans ce cas-là, il ne coûte pas cher de se racheter une conscience. Or la réelle question qui se pose désormais est le coût social du carbone. Et celui-ci je vous assure est faramineux.