- Intervention 1 - Les manques de moyens dans l’éducation nationale
Vous le savez, nous dénonçons le manque de moyens globaux alloués à l’éducation nationale. Il s’agit de le rappeler. Le quoi qu’il en coûte s’est arrêté aux portes de l’éducation nationale. Suppression de postes, baisses des budgets (sauf pour le privé) ... : le service public de l’éducation nationale est progressivement étranglé par la politique d’austérité menée par Macron et Blanquer. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 7900 postes d’enseignants ont été supprimés sous la mandature Macron. 75 millions d’€ ont été rendu par le ministère de l’EN en 2021. Les capteurs de CO2 ne sont toujours pas déployés, les masques FFP2 absents, mais le ministère rend de l’argent à Bercy. On voudrait progressivement dégrader le service public que l’on ne s’y prendrait pas autrement. A Paris, nous le dénonçons depuis de nombreuses années, l’académie fait face à un manque de postes d’enseignantEs. Et notamment de remplaçants. Il nous est répondu - que la baisse de la démographie scolaire permettrait de nouvelles fermetures de classes. Et nous voyons bien que les changements de périmètres scolaires vont permettre quelques fermetures pour libérer quelques postes de remplaçants, à effectifs enseignants constants sur Paris. Dans le cadre de la pénurie organisée par Macron et Blanquer. Mais nous pensons que c’est une double erreur de raisonner dans ce cadre d’austérité. Première erreur, nous manquons l’occasion de faire que la baisse de la démographie (légère et uniquement dans le primaire), que cette baisse permette de baisser le nombre d’élèves par classe. C’est nécessaire en termes pédagogiques. Cela l’est d’autant plus avec les conséquences de l’enseignement dégradé de la période covid. Nous continuons de demander des classes moins chargées. Limitées à 20 élèves en primaire. TouTes les enseignantEs le disent : de petits effectifs, c’est une meilleure attention aux spécificités de chacun des élèves. Car tous et toutes n’apprennent pas à la même vitesse, n’assimilent pas les différentes notions exactement en même temps. Il faut faire du sur-mesure, de la dentelle. Et seuls des effectifs limités le permettent réellement. Nous plaidons donc depuis des décennies pour cette baisse des effectifs par classe. C’est d’ailleurs la revendication tant des syndicats que des fédérations de parents d’élèves. La baisse de la démographie peut être le prétexte à ce mouvement de fond. Par ailleurs, beaucoup d’enseignantEs et de parents le constatent. Et pas seulement à Paris. Et pas seulement en France : le covid et les conditions d’enseignement dégradées ont fait des ravages dans les apprentissages scolaires. Beaucoup d’élèves ont accumulé les lacunes, les difficultés. Et on peut le comprendre. Les classes fermées, les enseignements à distance, ne permettent pas un enseignement de qualité. Pour corriger la trajectoire, pour aider les nombreux élèves en difficulté, il est plus qu’urgent de mettre les moyens dans l’éducation. Et c’est la deuxième erreur du cadre dans lequel nous sommes contraints : nous manquons l’occasion de revendiquer des moyens supplémentaires pour l’éducation. Le quoi qu’il en coûte ne peut concerner que les entreprises privées. Les services publics qui œuvrent pour le bien commun, ce patrimoine de ceux qui n’en ont pas, ont besoin de moyens exceptionnels à la hauteur de la crise. Mon camarade Nicolas Bonnet va le détailler sur le cas précis de l’école Netter. Mais l’exemple ne doit pas cacher la forêt. La concertation a été mal menée et Nicolas le détaillera. Mais cet exemple met en lumière le manque d’ambition dont je parlais. Le manque d’ambition que les choix d’austérité de Macron et Blanquer nous plongent. Bref, vous l’aurez compris, sur la carte scolaire comme sur tous les sujets, nous continuerons à militer pour une augmentation massive des moyens pour l’école. « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. » disait Nelson Mandela. Alors, armons l’école avec des moyens à la hauteur des besoins.
Intervention 2 - Mixité sociale
Nous sommes attachés à une vision de l’école qui soit la racine de l’émancipation de tous les individus. Une école de la République, qui permet à tous les élèves, quelles que soient leurs classes (sociales), de choisir leur trajectoire de vie. Et nous savons qu’une telle école est une école de la mixité. Une école exigeante et bienveillante. Une école qui se fixe des objectifs ambitieux de réussite de toutes et tous, et à qui on donne les moyens concrets de les atteindre. Bien sûr, la recette de cette école de l’émancipation est complexe. Les ingrédients sont nombreux. Bien sûr, la question des moyens humains est centrale. Comment faire réussir tous les élèves avec moins d’enseignants ? Moins d’AESH ? C’est toute l’hypocrisie de la politique de droite menée depuis 5 ans par Macron et Blanquer. Qui suppriment 7900 postes d’enseignants. Et en même temps, ils prétendent construire une école de la réussite. Les parents d’élèves tout comme les enseignants ne sont pas dupes. La forte mobilisation du 13 janvier allait bien au-delà de la gestion calamiteuse du Covid. Elle a montré que la communauté éducative n’en peut plus de l’austérité. Mais au-delà des moyens, il y a un aspect qui lui aussi est important dans les trajectoires scolaires : celui de la mixité sociale et de la mixité scolaire. Vous savez que nous y sommes particulièrement attachés. Car la ségrégation à l’école porte en germe la division de nos sociétés. Comment construire le commun, l’échange, la fraternité à l’âge adulte, quand dès le plus jeune âge, les enfants sont séparés, triés, orientés, selon leur classe sociale ? Voilà pourquoi nous sommes viscéralement attachés à cette mixité. Et nous avons joint l’acte à la parole en proposant notamment la modulation des dotations aux collèges en fonction de leur composition sociale. Car il y a urgence à agir. Je le répète, l’académie de Paris est l’académie la plus ségrégée de France. Les mesures de la ségrégation dans les collèges sont sans appel : l’indice entropique des compositions sociales place l’académie de Paris comme le dernier élève en matière de mixité. Les causes du problème sont clairement identifiées par les mesures statistiques : à près de 50%, l’origine est la ségrégation du logement, à 45%, la fréquentation des établissements privés, et pour 5% les diverses filières. Symbole de ce problème, l’académie de Paris est donc aussi la plus mauvaise élève en matière de fréquentation du privé. Nous avons donc un travail colossal à abattre pour promouvoir cette mixité. Cela tombe bien, notre boite à outils est pleine d’idées. Nous avions déjà fait voter la modulation des dotations des collèges en fonction de leur mixité. Dont acte. Nous proposons chaque année des moyens supplémentaires pour les écoles publiques pour améliorer les conditions d’étude. Dont acte. Nous pouvons aussi agir dans le cadre des périmètres scolaires que nous définissons chaque année. C’est l’objet d’un vœu rattaché à cette délibération. Nous proposons que les modifications de ces périmètres soient motivées aussi par des critères de mixité. Ces modifications ne seraient être basées sur les seules considérations géographiques. La prise en compte de la promotion de la mixité doit être un élément d’analyse. Et qui dit élément, dit indicateur.. Nous proposons donc que les services de la DASCO puissent étayer leurs analyses de changement de périmètre scolaire sur des objectifs de mixité, et fournissent à la communauté éducative des indicateurs chiffrés permettant de les justifier. Vous l’aurez compris, ce nouvel outil est pour nous un outil supplémentaire pour tendre à cette mixité. Un outil supplémentaire, qui en appelle d’autres, et vous pouvez nous faire confiance sur ce point.
Intervention 3 - Hausse de frais d’inscription à l’université
Le président des riches a encore frappé. En clôture du Congrès de la Conférence des présidents d’universités, il a déclaré je cite « On ne pourra pas rester durablement dans un système où, l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme boursiers et où pourtant nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle qui est beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde ». À droite, rien de nouveau donc. Faire payer toujours les mêmes : les pauvres. Pas les riches dont l’ISF a été supprimé. Pas les écoles privées grassement servies par Macron. Par les grandes fortunes qui s’envoient dans l’espace. Non, pour Macron comme pour la droite, c’est toujours sur le dos des pauvres qu’il faut tondre la laine. Il rêve probablement d’un système à l’américaine. Où les enfants de pauvres sont bien souvent exclus du supérieur ; où énormément d’étudiantEs s’endettent à vie ; et où la bulle spéculative sur les prêts étudiants inquiète tous les économistes. Sur les universités, la hausse des frais d’inscription serait une catastrophe. Elle participerait de la dé-démocratisation de l’enseignement supérieur à l’œuvre depuis quelques années. Après Parcoursup, et son tri social généralisé, la hausse des frais d’inscription viendrait encore un peu plus exclure les jeunes du supérieur. Et en particulier des jeunes des classes populaires, qui suivent les bac pro et technique, massivement exclus des études supérieures. Cette hausse serait la cerise sur le gâteau de la ségrégation. En Macronie, c’est ségrégation à tous les étages, de l’école à l’université. Nous le répétons, l’accès au supérieur est une pièce essentielle de l’émancipation des individus. Nous plaidons pour un accès universel au supérieur. Avec des moyens pour le réaliser dans de bonnes conditions, en investissant massivement dans nos universités. En embauchant des enseignants-chercheurs. Et en garantissant un enseignement supérieur gratuit pour toutes et tous. Pour que la liberté ne soit pas formelle mais bien réelle.
Intervention 4 - Ne diminuons pas le nombre de postes d’enseignants à Paris
Cette année encore, les collèges parisiens perdront plus de 200 heures d’enseignement dans la révision de la dotation horaire globale. L’équivalent de 20 postes d’enseignantEs supprimés, qui alourdissent le sinistre bilan des années précédentes : -26 postes l’année dernière, -36 l’année d’avant. Les besoins, eux, n’en finissent pas d’augmenter. 2 ans de pandémie, c’est 2 ans d’un fonctionnement discontinu, de décrochage, de retard scolaire accumulé. 2 ans durant lesquels le Ministère a refusé de répondre à l’urgence en poursuivant sa politique de réduction des moyens. 7900 postes d’enseignant supprimés dans l’éducation nationale par Macron et Blanquer. Les manques sont désormais flagrants. Par exemple le manque manifeste de remplaçantEs. Nous l’avions prévu et dénoncé. Mais le ministre a d’autres priorités. Ces absences massives de remplaçantEs, ce sont les élèves qui en payent le prix. Et leurs professeurEs : cette année, Blanquer leur dit à nouveau : faites plus, mais avec moins. Argument suprême : l’Académie de Paris serait moins mal-dotée que les autres. Traduction : c’est mieux que si c’était pire. Peut-être est-ce le décalage horaire entre Ibiza et Paris, mais la déconnexion avec le terrain est totale. Dans cette académie dite sur-dotée, ce sont plus de 2000 heures de classe qui ont été perdues dans le premier degré depuis la rentrée de janvier. Autant d’heures qui manquent cruellement pour nos élèves, en particulier, des quartiers populaires. Face à cette politique de l’autruche, nous souhaitons redire notre opposition à cette nouvelle diminution de la DHG à Paris. Nous demandons la création de postes de professeurs titulaires en vue de la rentrée 2022-2023. Et en ces temps d’enseignement dégradé par la crise sanitaire, nous pensons qu’il faut profiter de la baisse de la démographie scolaire pour réduire les effectifs par classe. Et non s’en servir pour fermer de nouvelles classes. Car en mégotant sur les moyens pour les écoles, c’est l’avenir des jeunes que ce gouvernement des riches sacrifie.