Investir, c’est penser l’avenir. C’est particulièrement vrai quand on parle d’éducation, où l’on parle tant de développement des individus, de leurs capacités à s’émanciper, à grandir par le savoir, mais aussi de formation de la société de demain, des déterminismes sociaux, de la formation des individus, des citoyen.nes et des travailleurs.ses. Sur ce sujet si crucial, nous savons que les générations futures sont sacrifiées sur l’autel de l’austérité par ce gouvernement. Suppressions massives de postes, allègements des programmes de maths puis devant l’échec, groupes de niveaux, gestion autoritaire des personnels, stagnation des salaires et difficultés de recrutement... La liste des mauvais coups de la droite au gouvernement est longue. Et leurs conséquences sur nos enfants se font déjà sentir, comme l’étude Pisa est venue le révéler. Si la gestion nationale de l’éducation est lamentable, la Ville tente de compenser ce sabordage, dans les limites qui sont les siennes. Bien sûr, nous sommes attachés à une éducation nationale et non municipale, et nous ne pouvons d’ailleurs pas compenser les défaillances de l’État. Mais nous le pouvons, sur notre mission d’accompagnement de l’éducation.
C’est le cas notamment sur les classes découvertes, un dispositif auquel nous sommes particulièrement attachés. Ce dispositif de voyages scolaires est particulièrement apprécié par la communauté scolaire pour de multiples raisons. C’est un moment unique d’autonomie et d’émancipation. Quand nous nous rappelons qu’un jeune sur trois ne part pas de Paris pendant les vacances, c’est un moment unique de découverte du monde pour certains, notamment dans les quartiers populaires. Ces classes découvertes sont des moments permettant la construction des individus, de découverte de soi, des autres et du monde. Pas étonnant donc qu’il soit particulièrement apprécié par la communauté éducative. Quelques coups de téléphone aux organisations syndicales et à des collègues professeurs, vous montreront combien la demande est forte, et combien les refus de classes découvertes sont nombreux. Sans compter l’auto-censure, avec des enseignantEs qui calculent leurs chances d’obtenir un séjour en fonction des séjours des années précédentes. Bref, la demande est forte et nous pourrions augmenter le dispositif. Nous militons d’ailleurs pour que chaque enfant scolarisé dans les établissements publics puisse partir une fois dans sa scolarité en classe découverte. C’était un engagement de campagne. Qui participe de ces actions multiples et variées visant à valoriser cette école publique et mixte socialement que nous voulons défendre.
Je ne vous cacherais donc pas notre surprise, notre désagréable surprise devant le budget primitif de cette année qui sabre ce dispositif. 800.000€ de coupes... J’aimerais avoir le dessous des cartes de cette décision. Que va faire notre collectivité dans cette galère de l’austérité pour l’éducation ? Nous avons déposé un amendement visant à compenser cette baisse de 800.000€. Vous remettez 200.000€. C’est insuffisant, même si cela représente le départ de 400 élèves l’an prochain. Mais comptez sur nous pour revenir sur le sujet, et ceci dès le budget de juin.
J’en viens à un deuxième sujet concernant l’éducation, à savoir le secteur de l’animation du péri-scolaire. Les écoles parisiennes ont été récemment touchées par une grève des agents qui revendiquaient de meilleures conditions de travail, de meilleures rémunérations et des postes fixes. Si nous avions fait voter au précédent conseil le principe de revalorisations salariales, nous demandons à ce conseil budgétaire la création d’emplois, visant à déprécariser la profession et à titulariser les agents. Nous demandons donc la création de 300 postes d’agents d’animation, visant à déprécariser les agents actuels. Nous précisons que cet amendement est pratiquement neutre budgétairement puisque ces agents sont aujourd’hui bien payés par la ville mais sous forme de vacations ou de contrats partiels. Au-delà de notre motivation première qui est l’intérêt des salariés, nous savons aussi qu’avec ces titularisations, nous améliorerons la qualité du service public, avec des salariés qui peuvent se former, s’implanter dans un lieu de travail, créer du lien avec leurs collègues et les enseignantEs. Bref, encore une fois, le service public passe par la garantie du statut de ses agents.
Sans transition, permettez-moi de parler transition ... écologique.
Nous allons débattre demain du nouveau plan climat de la ville de Paris. Un plan ambitieux qui marque notre volonté de poursuivre et amplifier la transition de notre territoire. Un aspect majeur et incontournable de ce plan est bien la réduction de notre emprunte carbone et donc, en particulier, de notre consommation énergétique. Et nous voulons donner l’exemple à la Ville en baissant de 40% la consommation de notre patrimoine d’ici 2030 (par rapport à 2004) et 60% d’ici à 2050. L’effort est colossal. Il suppose un investissement massif dans la rénovation thermique des bâtiments municipaux. Et en premier lieu, des écoles, qui représentent le poste de dépense énergétique premier. Pour que cette dynamique puisse être enclenchée au plus vite, nous vous proposons d’abonder ce budget de 100 millions de crédits supplémentaires pour répondre à l’objectif, cette fois beaucoup plus précis, de rénovation de 30 écoles et 10 crèches par an, affirmé dans le projet de Plan Climat 2024-2030. C’est un moment historique que le vote de ce budget pour la rénovation du bâti scolaire. Un moment historique pour Paris. Qui, nous l’espérons, pourra faire tache d’huile et lancera un véritable signal sur la nécessité et la possibilité de réaliser une réelle transition écologique, avec une réelle dimension sociale.
Pierre Reverdy disait « Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». C’est aussi vrai en matière d’engagement. Seuls les actes comptes.
Par ailleurs, et c’est un sujet de divergence entre nous, nous ne sommes pas fan de la sobriété imposée aux écoles, des classes non chauffées pour économiser sur les factures. Nous voulons des conditions d’étude dignes. La rénovation du bâtiment permettra de concilier moindres factures, moindre emprunte carbone et meilleur confort d’hiver et d’été.
Par ces investissements, nous lions bien écologie et social. C’est notre fil rouge et vert que nous continuons de tisser.