La délibération qui nous est soumise aujourd’hui porte, en apparence, sur une convention technique : un groupement entre la Ville de Paris et l’Inrap pour la réalisation de fouilles archéologiques préventives à l’Hôtel-Dieu.
Personne ici, exceptée la Ministre de la Culture, qui de mémoire avait dit à propos de Notre Dame, je cite : l’archéologie préventive c’est juste “creuser un trou pour creuser un trou”. Personne ici ne remet en cause le sérieux du travail des archéologues, ni l’importance de l’archéologie préventive, mission de service public essentielle à la connaissance et à la protection de notre patrimoine commun. Le travail mené par le DHAAP et l’Inrap est reconnu, et il mérite le respect.
Mais nous ne pouvons pas examiner cette délibération hors de son contexte politique réel. Ces fouilles s’inscrivent dans le cadre global du projet de transformation de l’Hôtel-Dieu, projet qui prévoit la privatisation d’une partie majeure de ce site historique, au profit d’un opérateur privé, Novaxia afin d’y accueillir des bureaux pour des start-up ou encore des espaces de restauration. C’est cette orientation que nous contestons fermement. L’Hôtel-Dieu n’est pas un site comme un autre.
C’est le plus ancien hôpital de Paris, un symbole de l’histoire hospitalière, sociale et populaire de la capitale. Il incarne une idée simple à laquelle nous sommes attachés : celle d’un service public de santé accessible à toutes et tous, au cœur de la ville. C’est d’ailleurs pourquoi nous avions collectivement inscrit cet hôpital en zone UGSU dans le dernier PLU pour sanctuariser sa vocation hospitalière. C’est aussi pourquoi nous nous opposons à la modification du PLU et pourquoi nous avons interpellé Mesdames la Maire de Paris et la Ministre de la santé afin qu’elles s’opposent à ce projet, tout comme l’ont fait les habitants, les associations et les syndicats dans le cadre de l’enquête publique.
Voter cette délibération, ce serait donc entériner une étape supplémentaire de ce processus. Ce serait accepter que l’archéologie préventive serve de préalable technique à un projet que nous jugeons socialement injuste et symboliquement dangereux après la Crise COVID et dans un contexte de désertification médicale. Pour notre groupe la question est simple : au service de quel projet urbain et social cette convention s’inscrit-elle ? Nous assumons de répondre clairement : ce projet n’est pas le nôtre.
Nous refusons que l’Hôtel-Dieu devienne un symbole de plus de la marchandisation du patrimoine public. Nous refusons que l’histoire, la santé et la mémoire collective servent de support à des logiques spéculatives, même habillées du vocabulaire de la reconversion ou de l’innovation.
Oui, Paris doit protéger son patrimoine. Mais protéger le patrimoine, ce n’est pas seulement préserver des pierres : c’est aussi préserver la vocation sociale et publique des lieux.
Pour toutes ces raisons, et en cohérence avec nos précédents vœux et nos précédents votes, nous voterons contre cette délibération, je le répète, non par rejet de l’archéologie préventive, mais parce que nous refusons d’accompagner, même indirectement, la privatisation d’une partie de l’Hôtel-Dieu.

